Sept-Îles – Comme partout au Québec, les chantiers de construction de la Côte-Nord étaient déserts lundi matin. L’Alliance syndicale, qui regroupe les principaux syndicats de l’industrie, a déclenché une grève générale illimitée, dimanche à minuit. Sur la Côte-Nord, c’est quelque 9000 travailleurs, dont 4000 Nord-Côtiers, qui ont été démobilisés, ce qui en fait l’une des régions les plus durement touchées par ce conflit.
Fanny Lévesque et Julie-Andrée Verville
Depuis les dernières semaines, les astres s’alignaient pour que les chantiers du Québec soient paralysés. Les syndicats avaient tous obtenu de leurs membres des mandats de grève alors que les entrepreneurs de l’Association de la construction (ACQ), principal négociateur patronal, s’étaient prononcés en faveur d’un lock-out. Ce week-end, on apprenait que les négociations entre les parties étaient rompues.
Mobilité provinciale
Sur la Côte-Nord, le principal point en litige concerne la mobilité provinciale, une clause qui permet à un entrepreneur de l’extérieur d’exécuter des travaux en faisant appel à sa main-d’œuvre. La mobilité provinciale priverait la région de son pain et son beurre, selon les syndicats. «Nous serons en grève tant que cette question ne sera pas réglée, a fait savoir le porte-parole de l’Alliance syndicale sur la Côte-Nord, Michel Bezeau. La mobilité provinciale est en train de manger notre région!».
La partie syndicale rappelle que dans le secteur industriel, les entrepreneurs de l’extérieur ont l’obligation d’embaucher 80% de travailleurs locaux. «Le problème, c’est dans le génie civil, il n’y a rien qui encadre l’embauche de gens de la région, a déploré M. Bezeau. Presque 70% des heures de la construction sont faites dans le génie civil, c’est majeur pour nous».
Chantiers paralysés
Sur la Côte-Nord, plus d’une cinquantaine de chantiers sont paralysés depuis lundi, dont le plus important au Québec, celui du complexe hydroélectrique de la rivière Romaine. Au moment d’écrire ces lignes, Hydro-Québec ne rapportait aucun incident lié à la grève sur le chantier. «Plusieurs travailleurs ont quitté le chantier durant la fin de semaine, il ne reste que quelques centaines de travailleurs présentement», a indiqué la porte-parole de la Société d’État, Marie-Élaine Deveault. Les impacts économiques entraînés par l’arrêt de travail n’avaient pas non plus été chiffrés.
Appel au calme
Lundi, les représentants syndicaux de la Côte-Nord avaient comme mot d’ordre de faire respecter le calme et la sécurité sur les chantiers. «On veut que ça se passe de manière pacifique», a affirmé l’agent d’affaires de la FTQ-Construction, Bernard Gauthier. Par ailleurs, les syndicats devaient s’assurer que les services essentiels soient maintenus pendant la grève.
Outre la mobilité provinciale, les parties n’arrivent pas à s’entendre à propos des salaires, des frais de déplacement et des horaires de travail. «Ils veulent qu’on fasse du temps et demi le samedi si quelqu’un ne fait pas ses cinq jours dans la semaine. Nous c’est du temps double, pas du temps et demi. On ne refuse pas de négocier, mais il n’y a pas de négociations. C’est de la dictature. C’est pour ça qu’on les a rompues. Ils veulent nous faire reculer 40 ans en arrière», affirme le porte-parole de l’Alliance syndicale, rappelant que les syndicats sont toujours prêts à négocier et que les travailleurs iront revendiquer leurs droits de façon pacifique.
Photo : Lundi matin, les travailleurs de la Côte-Nord dans le secteur de la Manicouagan se sont réunis devant les locaux des Chevaliers de Colomb du secteur Ouest de Baie-Comeau, sous l’invitation de L’Alliance syndicale, afin de préparer les actions liées à la grève générale illimitée, déclenchée dimanche à minuit. (Le Manic)
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