Escale Baie-Comeau : Peu de retombées pour les commerçants

15 octobre 2013
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Baie-Comeau – Si les commerçants de place La Salle apprécient voir le centre-ville du Secteur-Est de Baie-Comeau bondé lorsqu’un navire de croisière est accosté dans le port, la majorité d’entre eux ne peuvent pas dire qu’ils bénéficient de retombées économiques significatives liées à cette industrie.

Marlène Joseph-Blais

Depuis le passage du tout premier navire de croisières à Baie-Comeau, en 2006, la plupart des propriétaires de commerces situés sur Place La Salle se sont faits à l’idée : leur chiffre d’affaires n’augmentera pas significativement grâce à la venue des croisiéristes. Lors des premières escales, nombreux sont ceux qui se préparaient à l’arrivée des passagers. Aujourd’hui, presque tous les commerçants n’apportent aucune modification à leur nombre d’employés ou à leur inventaire. C’est le cas des propriétaires du Marché La Salle. «Les gens circulent un peu, mais on ne peut pas dire qu’il y a un achalandage incroyable. Ces gens-là ont tout ce qu’il sur dans le bateau», indique Michel Dubé, qui ne voit pas d’impact sur ses ventes.

Le son de cloche est le même du côté de Ian Beaulieu, propriétaire de trois commerces situés sur place La Salle, soit la Boutique M mecs/messieurs, Marilyn ainsi que Spin sports & plein air. «Nos espérances se sont arrêtées avec le temps. Ça ne fait pas de différence sur le chiffre d’affaires. Maintenant, on ne modifie pas notre personnel sur le plancher», affirme-t-il, en précisant toutefois qu’il remarque une augmentation de ses ventes à l’occasion, lorsqu’un navire de croisière fait escale à Baie-Comeau.

Chez Trés’arts d’ici, la propriétaire Maude Roussel estime que des événements comme les Championnats du monde de paracyclisme sont beaucoup plus avantageux que la venue des croisiéristes. «Je crée des pièces uniques à prix abordable, mais ils cherchent des choses en série», souligne-t-elle. L’arrivée des croisières avait été considérée dans le plan d’affaires ayant mené à l’ouverture de son commerce, mais ces retombées économiques ne se sont jamais avérées.

Le secteur alimentaire, grand perdant

La propriétaire de l’Antipasto, Lise Thibeault, a ouvert son commerce le jour où un premier navire de croisière a accosté à Baie-Comeau, le 28 septembre 2006. «Ces gens se sont payé une belle croisière, c’est normal qu’ils ne dépensent pas partout. Les retombées, j’aimerais ça savoir elles sont où, parce que je ne vois pas de sac dans les mains des croisiéristes», affirme-t-elle, en ajoutant qu’il lui fait plaisir d’accueillir les passagers, mais que son entreprise ne vit certainement pas en raison des croisières. Le propriétaire du Manoir du Café, Sylvain Carrier, abonde dans le même sens. «Il ont des forfaits tout inclus, donc on ne vend pas vraiment. Si je compare avec ma clientèle régulière, ça ne représente rien. Mais, ça reste un plus, donc un plus, c’est mieux que rien!», dit-il en relativisant.

Au restaurant bar Le Blues, une dizaine de membres d’équipage sont venus prendre quelques bières et utiliser le réseau Internet sans fil, lors du passage du premier navire en 2013. Aux dires du propriétaire de l’endroit, Denis Harel, c’est à peu près l’achalandage maximum auquel il peut s’attendre. À l’inverse, il arrive qu’aucun croisiériste ne passe la porte du Grand Hôtel. «Les seules retombées que je peux imaginer, c’est si c’est gens-là reviennent un jour et passent une semaine dans la région en vacances. Sinon, il n’y a aucune retombée directe, ça c’est certain», affirme-t-il.

Des achats et une précieuse visibilité

Les retombées sont plus tangibles à certains endroits, comme au Magasin Général du Père D’Jos, où la propriétaire, Marie-Claude Jean, peut vendre plusieurs articles aux croisiéristes. «Ça dépend beaucoup des bateaux. S’ils sont passés dans les grandes villes avant ou qu’ils n’ont pas de place dans leurs bagages, ils n’achètent pas», dit-elle, en précisant qu’ils aiment les pierres en argile de Pointe-Lebel et la vaisselle peinte à la main, notamment. «Je ne compte pas ça quand je fais mes achats. J’achète pour le monde de Baie-Comeau, mais c’est un gros plus pour nous. Ça amène du monde sur place La Salle», ajoute-t-elle.

Pour Claude Bonneau, la venue des croisiéristes est un cadeau sans pareil. Lorsqu’un navire fait escale dans la baie, c’est immanquable, la galerie s’emplit plusieurs fois par jour. «C’est une visibilité exceptionnelle. Si un jour on veut avoir une carrière internationale, il faut être vu et c’est avec des choses comme ça qu’on parle de nous ensuite. Ils sont là, à Baie-Comeau. Ils entrent directement dans la galerie, donc c’est très important», indique le peintre, qui a récemment vendu deux tableaux en une seule journée à des passagers.

 

Photo : Archives Le Manic

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