La toundra dans les yeux de Joséphine Bacon

22 octobre 2013
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Baie-Comeau – Avec son nouveau recueil Un thé dans la toundra, la poète et parolière de la communauté innue de Pessamit, Joséphine Bacon, retrouve des souvenirs qui la rattachent à la terre de ses ancêtres et à sa culture.

Julie-Andrée Verville

Au cœur de cet ouvrage se trouve le thème central de la toundra. Bien que la collectivité dont elle est issue, Pessamit, ne soit pas en plein milieu de la toundra, ce territoire interpelle l’auteure innue, qui a vécu une expérience unique au nord du Québec, lande de mousse et de lichen, qui laisse place à l’immensité, comme l’exprime Joséphine Bacon dans le recueil : «Assis sur le lichen / L’immensité de la terre des tiens / Tu lèves la tête / Des aurores boréales / Des anges blancs, verts, mauves / Te prennent sous leurs ailes / Puis t’emmènent / Là où tu resteras vivant».

Cette terre, elle l’a découverte pour la première fois lors d’un voyage à Shefferville à l’automne 1995, alors qu’elle allait en excursion avec un grand chasseur de caribou à l’occasion d’un premier rassemblement des aînés de toutes les communautés innues. Quittant la taïga de Schefferville en camionnette, elle a traversé la forêt verte pour rouler longtemps, jusqu’à ce qu’il y ait de moins en moins d’arbres et que le chasseur lui dise qu’ils étaient dans le Mushuau-Assis, la toundra.

Près de vingt ans plus tard, la rencontre d’une femme, dont la beauté était remarquable, lui a rappelé la beauté de la toundra et lui a donné l’inspiration d’un premier poème, qui allait s’intégrer dans ce nouveau recueil. «Alors que j’habite la ville, parfois je me sens étouffée par celle-ci et j’ai besoin de repenser à mes souvenirs, comme la première fois où je suis allée dans la toundra. Dans le recueil, j’entretiens comme un dialogue avec cette terre, comme si je lui parlais», fait remarquer la poète.

Innue dans l’âme

En écrivant son recueil, Joséphine Bacon a abordé des sujets qui font partie de sa culture et qu’elle souhaitait partager avec le lecteur. «Je parle de la façon dont j’imagine la toundra, comment je me sens quand j’y suis. J’écris sur le rapport au territoire, sur ce qui entoure les esprits, la spiritualité, l’amour de la terre, la patrie, le cosmos. Il y aussi la beauté du son, de la musique, de l’espace, la brume, les étoiles et les aurores boréale. Je renoue finalement avec mes racines».

Pour cette auteure, l’écriture de ses poèmes en innu-aimun et en français revêt une importance capitale, tandis que chaque poème de la publication sont écrits dans les deux langues. En plus de lui permettre de toucher un plus vaste lectorat, cela garde sa langue maternelle vivante. «Même si la langue innue est une langue orale à la base, son orthographe est standardisé pour que tous les Innus puissent la lire. Les poèmes en innu, c’est intéressant pour les jeunes qui peuvent avoir un livre à étudier dans leurs cours à l’école. Ça permet de préserver ma langue pour qu’elle ne meurt jamais», mentionne-t-elle.

 

Photo : Le nouveau recueil de la poète et parolière de Pessamit Joséphine Bacon, Un thé dans la toundra, qui vient de paraître aux éditions Mémoire d’encrier, est un hymne à la terre de ses ancêtres, à la beauté de la nature. (Frédérique Liebaut)