Résolu : les travailleurs se résignent et acceptent les clauses

22 octobre 2013
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Baie-Comeau – Les employés de l’usine de Produits forestiers Résolu à Baie-Comeau ont décidé d’accepter les demandes de leur employeur, afin de limiter à environ 90 postes les coupures, qui avaient été annoncées par la direction, le 27 septembre, en vue de conserver la compétitivité de l’entreprise.

Julie-Andrée Verville

Réunis en assemblée vendredi, les membres du syndicat Unifor de Baie-Comeau ont voté à 86 % en faveur des 14 clauses soumises par la direction de Résolu et à respecter dans le cadre de cette rationalisation. Ces points, qui modifient la convention collective plusieurs mois avant sa date d’échéance prévue en mai 2014, concernent notamment un horaire de 12 heures et plus de sous-traitance dans l’usine.

D’après le représentant national du syndicat, Joël Perreault, les travailleurs ont pris cette décision pour maintenir le plus d’emplois possibles à Baie-Comeau, dans une attitude de renoncement. «On appelle ça un vote de résignation, une imposition de demandes. Les travailleurs ont voulu minimiser les pertes d’emplois locales, réduire l’impact sur l’usine, les emplois, la collectivité», constate-t-il.

Du côté de l’employeur, on est satisfait de ce dénouement. Le directeur affaires publiques chez Produits forestiers Résolu, Karl Blackburn, rappelle que c’est la nécessité de diminuer les coûts de production pour demeurer compétitif qui a motivé la décision de couper des postes à Baie-Comeau. «On est très satisfaits que les travailleurs se soient prononcés de façon importante en faveur de ces points. On a eu un appui fort de leur part. Là, on peut continuer à fonctionner à trois machines avec une diminution minimum des emplois […] Nous, on souhaite continuer de faire des opérations à Baie-Comeau et d’offrir le plus d’emplois possibles», explique-t-il.

Remise en marche

Dès que la décision des employés a été transmise à la direction, tard dans la soirée de vendredi, la troisième machine, dont les opérations avaient été suspendues depuis l’annonce du 27 septembre, a été remise en marche. «C’est une méthode déloyale, un lock-out déguisé. On nous dit qu’il y a un surplus de papier sur le marché et on ferme la machine, mais aussitôt qu’il y a une entente, on la redécolle. C’est mettre des pressions sur les travailleurs. Quand on signe une convention collective, on s’engage à ne pas faire des pressions, mais c’est pas mal ce que [les dirigeants] ont fait», soutient M. Perreault.

L’employeur tient à préciser que la fermeture temporaire d’une machine était nécessaire en attendant que la rationalisation s’amorce. «La compétition est mondiale et le marché du journal est en décroissance. La fermeture de la troisième machine était directement liée aux coûts, qui devenaient dispendieux sur le marché. Il y avait de nombreux contrats sur lesquels on ne pouvait pas penser soumissionner. Ça aurait été à perte. On devait faire une réorganisation», soutient M. Blackburn. D’après Résolu, 150 postes auraient pu être coupés, mais l’entreprise souhaitait maintenir trois machines en marche pour faire face aux opportunités futures et minimiser l’impact sur les emplois.

En ce moment, l’horaire de 12 heures serait déjà implanté. L’exercice en vue de faire les 93 mises à pied prévues suivra son cours dans les prochains mois. Le syndicat parle d’environ 270 emplois maintenus sur 360 visés par l’exercice, et, selon lui, les coupures de postes s’amorceraient en janvier. Une soixantaine d’employés de l’usine seraient admissibles à la retraite.

Photo : (Archives Le Manic)