Baie-Comeau – Le nombre d’interventions a grimpé en flèche cet automne chez Homme aide Manicouagan. Les travailleurs des grandes entreprises, tout comme les nouveaux retraités, comptent parmi ceux qui frappent à la porte de l’organisme, qui effectue quelque 500 interventions à chaque mois depuis septembre auprès d’hommes venus chercher de l’aide.
Marlène Joseph-Blais
En 2012, les interventions avaient commencé à augmenter en septembre, alors que l’équipe en effectuait environ 250 mensuellement, pour culminer en février, mois au cours duquel 425 rencontres avaient eu lieu entre un intervenant et un homme qui vivait une situation difficile. Ce sommet a déjà été dépassé en septembre 2013 et le bilan mensuel devrait encore gonfler jusqu’en février 2014. Il s’agit d’une situation jamais rencontrée pour l’organisme, qui peine à trouver du temps et des ressources pour répondre à toutes ces demandes.
Selon le coordonnateur d’Homme aide Manicouagan, Patrick Desbiens, il est toutefois primordial qu’une personne soit disponible pour établir un premier contact avec un homme qui appelle ou qui se présente sur place pour demander de l’aide, puisqu’il s’agit d’une étape cruciale dans le processus d’intervention. «Si un homme se présente par lui-même, c’est que la situation est assez critique et qu’il a besoin d’aide tout de suite. Les hommes de notre coin de pays ont tendance à attendre, à ne pas venir chercher de l’aide avant qu’ils soient au bout du rouleau», indique celui qui agit aussi à titre d’intervenant au sein de l’organisme.
Pour assurer une meilleure réponse aux besoins grandissants de la population, un nouveau préposé à l’accueil est en poste depuis la semaine dernière, pour permettre d’établir un premier contact avec les hommes en recherche de soutien, et ce, même si toute l’équipe s’affaire déjà à intervenir auprès d’autres bénéficiaires. M. Desbiens fait aussi valoir que, tandis que ces personnes souffrent, de nombreux proches partagent également leurs inquiétudes. «Ce ne sont pas juste les hommes qui sont touchés par ça, c’est leur famille aussi. C’est souvent la conjointe ou la mère qui nous appelle quand elle a épuisé toutes ses ressources», dit-il.
Forte anxiété
«Le niveau d’anxiété est très élevé chez les hommes qui consultent. Même pour ceux qui sont encore à l’emploi des grandes entreprises, il y a beaucoup d’anxiété en lien avec l’anticipation négative de ce qui s’en vient», mentionne le coordonnateur, en faisant référence à divers facteurs qui peuvent être stressants, tels que la réorganisation en cours à l’aluminerie de Baie-Comeau. À cela s’ajoute la constante peur d’une nouvelle vague de coupures de postes, que ce soit chez Alcoa, chez Résolu ou dans toute autre entreprise de la région susceptible de recevoir les contrecoups des difficultés économiques des géants industriels.
L’équipe d’Homme aide Manicouagan a également rencontré bon nombre de retraités ou de gens étant sur le point de se retirer de leur milieu de travail. Pour eux, la situation n’est pas complètement rose, alors que certains n’étaient pas psychologiquement prêts à quitter le marché du travail et que d’autres craignent pour leur situation financière. «Chez Alcoa, pour ceux qui ont pris leur retraite, ce n’est pas évident. Certains se disent : si l’usine ferme, est-ce que je vais perdre mon fonds de pension?», relate M. Desbiens.
Si la tendance se maintient, les demandes d’aide devraient continuer d’augmenter jusqu’au mois de février. Comme l’organisme fait déjà face à une quantité anormalement élevée d’interventions à mener, l’équipe se demande comment elle pourra affronter une situation encore pire, surtout si son financement n’est pas rehaussé. «Notre crainte, c’est que ce soit juste la pointe de l’iceberg. Si ça continue comme ça, ce sera quoi au cours des prochains mois?», s’inquiète M. Desbiens.
Photo : Archives Le Manic
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