Ralentissement dans la grande entreprise : Les PME écopent

19 novembre 2013
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Baie-Comeau – Qu’il s’agisse de contrats non obtenus ou d’une clientèle diminuée, les petites et moyennes entreprises (PME) de la Manicouagan reçoivent les contrecoups du ralentissement qui s’opère présentement dans les grandes industries de Baie-Comeau.

Marlène Joseph-Blais

Le président de la Chambre de commerce de Manicouagan, Bernard Filiatrault, est bien conscient que les grands employeurs ne sont pas les seuls à éprouver des difficultés en ce moment. Au cours des derniers mois, de petites et moyennes entreprises de Baie-Comeau ont dû faire des mises à pied, tandis que d’autres ont carrément fermé leurs portes, en raison d’une conjoncture économique qui fait de plus en plus mal à leur chiffre d’affaires. «Il n’y a pas un entrepreneur qui aime faire des coupures dans la main-d’œuvre, sauf qu’en tant que dirigeant, il faut prendre du recul et penser en fonction de l’entreprise», soutient-il.

Contrats diminués

Certaines entreprises s’attendaient à effectuer des travaux liés à la modernisation de l’aluminerie de Baie-Comeau, qui a été reportée à 2016, tandis que d’autres ont vu leurs contrats réguliers avec Alcoa diminuer en fréquence et en importance. C’est le cas d’Applied Industrial Technologies, un distributeur industriel qui comprend notamment l’atelier PV Hydraulique, comme le confirme le directeur des opérations de l’entreprise à Baie-Comeau, Jacques Perron. «Chez Applied, je n’ai pas nécessairement mis du monde à la porte, mais je n’ai engagé personne d’autre. Par contre, chez PV Hydraulique, il y a eu trois postes de coupés. C’est vraiment lié à Alcoa. Juste pour le contrat qu’on avait avec Alcoa, ça a descendu de 85 %», mentionne-t-il, en spécifiant que, chez Applied, la distribution diminue depuis trois mois, mais que l’entreprise évitera les mises à pied tant qu’elle le pourra.

Commerce de détail

Selon les informations provenant de la Chambre, des commerces de détails de la municipalité ressentent déjà une diminution de 10 % de leur chiffre d’affaires, comparativement à l’an dernier. Le président du regroupement de gens d’affaires estime que les centaines de postes supprimés chez Alcoa et Résolu y sont certainement pour quelque chose. «Les travailleurs de ces entreprises-là génèrent beaucoup d’achats dans les commerces. On savait déjà qu’il y aurait un impact», affirme M. Filiatrault,

«C’est certain que des entreprises ont déjà commencé à couper dans leurs emplois, parce qu’elles doivent assurer leur survie», concède le président. Malgré le contexte difficile, il invite les membres de la Chambre de commerce à continuer d’innover en transformant la morosité économique en opportunité d’affaires. «On veut que les gens d’affaires soient visionnaires, comme ils l’ont été dans le passé quand il y a eu des ralentissements. Il faut qu’ils aillent à l’inverse de la rivière et ce sont eux qui seront les premiers à en profiter quand il y aura une reprise.»

Confiance en l’avenir

En plus de poursuivre ses démarches pour favoriser une entente positive entre Alcoa et le gouvernement du Québec et, ainsi, assurer la survie de l’aluminerie de Baie-Comeau, le président ne perd pas espoir qu’un nouveau grand joueur industriel choisisse de s’établir dans la Manicouagan dans un futur assez rapproché. «On est dans une région qui est bourrée de ressources naturelles. C’est un lieu très intéressant pour des investisseurs à grande échelle, mais c’est sûr qu’il faut un contexte politique stable pour qu’elles viennent s’installer ici», indique-t-il.

M. Filiatrault est d’avis que l’avènement d’entreprises œuvrant en deuxième ou troisième transformation permettrait une intéressante diversification économique. «Les ressources naturelles, c’est cyclique. Pour se faire une stabilité, il faut aller vers de la transformation, mais, dans une région comme la nôtre, c’est moins facile que dans les grands centres. Ça prend des entrepreneurs imaginatifs pour développer de nouveaux créneaux», mentionne le président.

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