Québékoisie : une réconciliation entre les peuples

3 décembre 2013
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Baie-Comeau – Le long métrage Québékoisie, qui a été tourné sur la Côte-Nord par MÖ films et qui traite de la relation entre les Québécois non-autochtones et les Premières nations, a été lancé, le 20 novembre, à l’occasion des Rencontres internationales du documentaire de Montréal, récoltant d’ailleurs le prix Magnus Isacsson.

Julie-Andrée Verville

Le projet de Mélanie Carrier et Olivier Higgins aura nécessité près de six ans de travail, avant de se transformer en un documentaire de 80 minutes qui aborde les relations complexes entre Autochtones et non-Autochtones. «On tente de renverser ce qu’on nous a enseigné à l’école, comme quoi le Québec aurait été fondé uniquement par les Européens, on veut détrôner le mythe des peuples fondateurs. Le thème de l’éducation et l’importance de fouiller un peu plus ce qu’on nous a inculqué est donc très présent. On parle aussi beaucoup d’identité. Qu’est-ce que c’est que d’être Québécois ou d’être Innu? Il y aussi la question du métissage et de tabous», explique Mélanie Carrier.

Avec les propos de l’anthropologue Serge Bouchard et du sociologue Pierrot Ross-Tremblay, le spectateur est conduit de la route 138 à la Normandie, en passant par Oka et Kanesatake. Pour Francine Lemay, c’est le chemin de la réconciliation, pour les Autochtones et Nord-Côtiers c’est le chemin du mieux-vivre ensemble et pour les réalisateurs, c’est le chemin de la reconstruction de leur identité.

Point de départ

L’idée d’élaborer ce documentaire est née à l’autre bout du monde lors de leur voyage à vélo en Asie, un précédent projet qui a donné naissance au film Asiemut, récompensé de 35 prix. «C’est là que ça nous a frappés. Nous avions des amis aux quatre coins de la planète, mais ne pouvions même pas nommer les peuples qui habitaient depuis toujours notre territoire», relate Olivier Higgins, en introduction du long métrage.

S’est alors amorcé le projet Québékoisie, pendant que tant de questions étaient sans réponse et nécessitaient d’en trouver. Pourquoi les clichés et les préjugés sont-ils toujours aussi tenaces et d’où vient cette ignorance des Autochtones?, se posent notamment les deux instigateurs du projet.  «Notre objectif personnel était de briser cette méconnaissance-là, en espérant donner aux autres envie de faire de même», indique la réalisatrice.

Briser la distance

Le duo installé à Québec a décidé d’enfourcher son vélo en direction de la Côte-Nord pour parcourir les 1 012 kilomètres le séparant de Natashquan, et ainsi s’imprégner du territoire, prendre le temps d’écouter les histoires des gens qui l’habitent, autant les Autochtones que les non-Autochtones, et, enfin, mieux comprendre. Les deux acolytes ont multiplié les rencontres, spontanées et programmées, visitant les diverses communautés amérindiennes et allochtones de la région. «Le vélo nous aidait à démystifier la distance qui nous séparait de ces peuples. Il permettait aussi de vraiment prendre le temps de mieux comprendre ce qui se passait sur le territoire, de créer des liens. On n’est pas si loin les uns des autres finalement», affirme la cinéaste.

«On a eu vraiment des surprises. On a appris que 50 % des Canadiens-français aurait au moins un ancêtre autochtone. Dans le film, on explique pourquoi on ne sait pas ça. Il y a une telle ignorance de notre passé commun. On a constaté à quel point la méconnaissance était immense. Pourtant, ce n’est pas si difficile de créer des ponts. Il suffit de tourner à droite sur la route 138 et d’entrer à Pessamit», constate la réalisatrice.

Le long métrage sera diffusé sur la Côte-Nord prochainement, assure Mélanie Carrier, précisant que le duo attendait de pouvoir le présenter dans le cadre des festivals.

 

Photo : MÖ films