La Ville prévoit gaspiller 100 millions de litres d’eau potable

10 Décembre 2013
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Baie-Comeau – Pour parvenir à alimenter en eau potable les quatre maisons construites dans le nouveau développement résidentiel Amédée, la Ville a laissé s’écouler près de quatre millions de litres d’eau potable dans les égouts depuis un mois. Comme cette façon de faire doit être effective jusqu’en mars 2016, elle prévoit ainsi en gaspiller plus de 100 millions de litres.

Marlène Joseph-Blais

Cet important rejet d’eau potable est lié à une combinaison de plusieurs facteurs. D’abord, ces nouvelles résidences sont directement approvisionnées par le biais d’une conduite maîtresse. Il s’agit d’un tuyau de grande dimension qui, une fois la construction de la nouvelle usine de traitement de l’eau complétée, permettra de desservir l’ensemble de la population du Secteur-Ouest de Baie-Comeau. Cependant, comme la quantité d’eau que cette conduite renferme actuellement est beaucoup plus grande que ce dont les quatre propriétaires ont besoin, l’eau devenait stagnante et, ainsi, impropre à la consommation.

Pour remédier à la situation, il y a environ un mois, la Ville a décidé de procéder à une purge continuelle de l’eau contenue dans la conduite, de façon à créer une fausse consommation. À un débit d’environ 1,4 litre à la seconde, ce sont actuellement 118 000 litres d’eau potable qui sont déversés quotidiennement dans un égout situé au bout de l’avenue des Hémérocalles. «Juste avec la consommation de trois ou quatre maisons, ce n’est vraiment pas suffisant pour que l’eau demeure potable. On s’assure de créer un débit, une demande d’eau qui est ensuite rejetée dans le réseau fluvial», explique Christine Reis, chef de division au développement durable et traitement des eaux à la Ville de Baie-Comeau.

Gaspillage conscient

À la Municipalité, on défend cette décision en affirmant que le plus important est de fournir une eau potable à ces résidents, au même titre qu’à tous les autres habitants de Baie-Comeau. «On va primer sur la qualité de l’eau avant d’y aller pour la quantité», mentionne Mme Reis. Le directeur général de la Ville, François Corriveau, rappelle le contexte ayant mené à la prise de cette décision. «Quand on a décidé de faire l’usage d’un tuyau surdimensionné, on s’attendait à ce que la construction de l’usine soit faite. On profitait du momentum, avec le Plan Nord et le projet d’hôtel. CREECO nous poussait dans le derrière de façon assez importante en disant : on veut ces installations-là», indique-t-il.

Selon le directeur adjoint des services techniques, Dave Therrien, qui est en charge du projet d’usine de filtration d’eau, d’autres alternatives ont été évaluées, comme la construction d’une conduite rejoignant le CLSC Lionel-Charest dans le cadre de l’aménagement de la future usine de traitement de l’eau. Celle-ci devait être financée par un règlement d’emprunt de 6 millions $, qui a finalement été annulé après que plus de 500 citoyens aient signé un registre visant à s’y opposer, au mois de mars. «Dans le passé, on avait aussi pensé faire un raccordement vers la rue de Bretagne, mais ça aurait coûté 1,5 million $ supplémentaires. Actuellement, avec l’option qu’on a favorisée, on est allés chercher 2,9 millions $ en subventions auxquelles on avait droit», soutient-t-il.

Aux dires de M. Therrien, il est tout à fait commun de devoir procéder à une telle purge lorsqu’il est question de prolonger un réseau d’eau potable ou d’aménager un quartier dans un secteur isolé. «Dans n’importe quel développement, si on est obligé de fournir de l’eau potable, on est toujours pris avec une situation semblable quand ce n’est pas situé directement à l’intérieur d’un quartier existant», illustre-t-il.

Les coûts de traitement de l’eau seraient évalués à 12 000 $ pour la période pendant laquelle on a prévu utiliser cette méthode, soit 29 mois, selon Christine Reis, qui indique que l’installation d’un poste de filtration alternatif a aussi été considérée, mais que les frais auraient été trop élevés. «C’est illogique d’aller mettre 30 000 $ par année pour donner de l’eau à quatre maisons», affirme-t-elle. Notons que la Ville estime à 1 500 litres la consommation moyenne d’eau potable quotidienne d’une demeure, à raison de 600 litres par résident et de 2,5 personnes par maison.

 

Photo : Le Manic

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