Les candidats croisent le fer

2 avril 2014
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Baie-Comeau – Des cinq candidats à la députation du comté de René-Lévesque aux élections générales du 7 avril, trois ont répondu à l’invitation de la Chambre de commerce de Manicouagan (CCM) pour son Souper des candidats. La soirée a donné lieu aux premiers véritables échanges entre ces trois adversaires : Michel Lévesque, du PLQ, Marie-Pierre Clavette, de QS, et Marjolain Dufour, du PQ.

Gabriel Turpin-Crête

La formule était fort simple : en deux minutes, chaque invité devait se présenter et expliquer les raisons de son implication politique, après quoi ils abordaient successivement, en quatre minutes, chacun des trois thèmes prévus par la Chambre, à savoir l’Économie et l’emploi, les Routes et infrastructures et le Développement régional et développement durable; les candidats avaient ensuite deux minutes pour réagir aux déclarations de leurs adversaires. Le souper s’achevait avec une série de questions provenant de l’audience. L’ordre des interventions avait été déterminé aléatoirement pour chacune des sections, avant le début de la soirée.

Premiers chocs PLQ-PQ

Plutôt discret jusqu’ici au cours de cette campagne, le candidat libéral Michel Lévesque a tenté de secouer sa torpeur en apostrophant le député sortant et candidat péquiste, Marjolain Dufour, sur un dossier qui divise les deux hommes : le projet de minicentrale de la chute Bellefeuille. «J’ai travaillé dix ans sur deux projets de minicentrale, puis quand le Parti Québécois est arrivé au pouvoir, mon deuxième projet ils l’ont tassé de la main. Michel a travaillé dix ans de temps pour rien! C’est décevant, très décevant.», a confié M. Lévesque, qui a laissé entendre que son allégeance politique l’a pénalisé dans ses relations avec le député lors de son dernier mandat.

Marjolain Dufour ne s’est pas fait prier pour répondre à ces accusations. «J’ai horreur de me faire dire que c’est sous l’égide du Parti Québécois que vous avez perdu votre rivière. Le seul élément que les gens doivent retenir ce soir, c’est que votre deuxième phase pour la minicentrale a été refusée en juin 2010 par Hydro-Québec Distribution. C’étaient les libéraux qui étaient au pouvoir. Prenez-vous en juste à vous-même et à Hydro-Québec, ce n’est pas de la faute du PQ, mais pas du tout», a-t-il rétorqué pour clore les interventions sur le sujet.

Une mer calme

Outre le dossier des minicentrales, la soirée n’a pas donné lieu à de vigoureux échanges semblables à ceux du deuxième Débat des chefs. Les candidats du Parti Libéra et de Québec Solidaire en étaient à leur première expérience du genre et s’en sont généralement tenus à exposer les programmes respectifs de leur parti.

Mme Clavette a surtout tenté de rassurer la salle, pleine d’entrepreneurs de la région, en reprenant l’expression de sa chef, Françoise David, qui soutenait que QS «n’est pas pour la nationalisation des dépanneurs», même si le parti souhaite une participation «plus musclée» de l’État dans certains secteurs économiques stratégiques. M. Lévesque a plutôt cherché à souligner ses qualités d’honnête homme de terrain, travaillant, s’en remettant au programme de son parti pour la restitution du Plan Nord et la mise en branle de la stratégie maritime; la question de l’abandon de la minicentrale a presque monopolisé son temps d’intervention, au détriment de l’approfondissement de son programme. Quant à lui, M. Dufour a repris les thèmes qu’il avait déjà présentés au cours des semaines précédentes de la campagne et n’aura pas été mis en difficulté par l’un ou l’autre de ses adversaires lors de cette première rencontre tripartite.

Des questions provenant de l’audience ont été posées aux trois candidats, mais la plupart d’entre-elles aient été dirigées vers le député sortant, qui a notamment dû clarifier sa position vis-à-vis du projet de pont sur la rivière Saguenay. «Le projet n’est pas mort», a-t-il assuré, précisant que l’arrivée de nouveaux traversiers ne devait pas être perçue comme l’abandon d’un projet de pont des générations : «Même si on commençait le pont aujourd’hui, il faudrait dix ans pour le terminer et on aurait besoin des traversiers pendant ce temps-là», a-t-il répondu, ajoutant qu’un tel projet exigerait d’importants investissements que le contexte économique actuel du Québec rendait improbables.

 

Photo: Le souper organisé par la Chambre de commerce de Manicouagan a donné lieu aux premiers échanges directs entre trois des cinq candidats aux prochaines élections. Les voici à l’issue de leur prestation, de gauche à droite : Michel Lévesque (PLQ), Marie-Pierre Clavette (QS) et Marjolain Dufour (PQ).

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