Fermeture de L’Antipasto : Place La Salle perd une petite géante

22 avril 2014
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Baie-Comeau – Après avoir servi les fines bouches de Baie-Comeau pendant sept ans et demi, la propriétaire de L’Antipasto épicerie fine, Lise Thibault, a dû fermer boutique, le 16 avril, semant l’émoi chez sa fidèle clientèle.

Gabriel Turpin-Crête

«Nul n’est prophète en son pays», a philosophé Mme Thibault lors de la dernière journée d’activité de son commerce. La propriétaire de l’établissement s’était fait offrir de s’installer ailleurs, dans de plus gros marchés, notamment dans le centre-ville de Québec, mais elle avait choisi Baie-Comeau et rien n’aurait pu l’en déloger. Rien, sinon les difficultés économiques des dernières années. Néanmoins, Mme Thibault s’est dite sereine vis-à-vis de la décision qu’elle a prise : «Je suis très sereine, parce que j’ai créé de beaux liens ici, des liens de cœur. Mais peut-être que j’ai oublié les liens commerciaux, c’est ce qui est triste. On a voulu recréer une vie de quartier, mais peut-être qu’on a échoué, peut-être qu’on n’avait pas les bons produits. On ne le sait pas, on ne le saura jamais», a-t-elle confié, laissant sous-entendre le contraire en soulignant l’affluence de clients qui allaient et venaient dans l’épicerie, profitant de cette journée de vente finale à 50 % de rabais pour faire le plein de produits qu’il est impossible à retrouver ailleurs dans la ville, notamment des fromages fins, huiles, gâteries et charcuteries exclusives.

Dur coup

Après la fermeture de la boutique Foubrac, il y a quelques mois, Place La Salle perd un autre de ses commerçants, ce qui n’a rien pour raviver le centre-ville. La propriétaire du Foubrac, Suzan Arsenault, était d’ailleurs employée de L’Antipasto, en ce 16 avril, revivant, par un vil enchaînement d’événements, les émotions qui l’affectaient lors de la fermeture de son propre commerce. «Quand tu as investi, quand tu as mis tout ce que tu as, tout ce que tu es, et que tu as du monde toute la journée pendant ta journée de fermeture, c’est crève-cœur», a soutenu Mme Arsenault, en compagnie de Mme Thibault.

Ces deux entrepreneures de la région tentaient d’expliquer les déboires des petits commerces du centre-ville. «Ce n’est pas juste une problématique du centre-ville. Il faut que les gens soient fiers, tant que les gens ne seront pas fiers des efforts qui sont mis pour leur collectivité, les magasins ne marcheront pas. On ne fait pas ça pour être millionnaire, on le fait pour vivre notre passion, pour la partager, pour créer, pour être avec le monde», exposait l’ex-propriétaire de Foubrac. «Je n’ai jamais copié les grandes surfaces, je n’ai jamais senti une compétition. Si on travaillait tous ensemble, on pourrait faire grandir notre région en se respectant. J’ai toujours pensé qu’on pourrait créer une forme de concurrence honnête, qui permette de se rencontrer, mais ça ne marche pas comme ça. Il y a même des espions», analysait Mme Thibault, quelques heures avant de devoir mettre la clé sous la porte. Dans un message affiché sur la page Facebook de L’Antipasto, elle a tenu à remercier tous ses clients, ainsi que ceux qui l’ont appuyée dans son entreprise au fil des années.

 

Photo : L’équipe de l’Antipasto qui ne manquait pas de remercier chaleureusement ses clients en cette ultime journée d’opérations: Suzan Arsenault, Lise Thibault, Suzanne Duchesne et Line Garneau.

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