Un sérieux coup de pouce pour la réussite des étudiants innus

4 février 2015
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Les étudiants autochtones qui poursuivent des études supérieures ne l’ont pas facile. Quitter leur communauté pour le cégep ou l’université, c’est perdre leurs repères culturels et voir apparaître bien des obstacles à leur succès scolaire. Or, s’il n’en tient qu’au Cégep de Baie-Comeau, les choses changeront.

Par Charlotte Paquet

L’établissement d’enseignement collégial a lancé, mardi, un Guide d’intervention institutionnelle pour favoriser la réussite éducative de ses étudiants autochtones, des Innus surtout. Cette véritable bible est le fruit de trois longues années d’un projet de recherche réalisé avec la collaboration du Centre des Premières Nations Nikanite et de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Il a été financé pour un montant de 421 875 $ par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.

«Quand les jeunes arrivent au cégep et à l’université, ils ont un choc brutal, car ils n’ont plus de repères culturels. C’est énorme le travail qu’ils ont à faire. Le guide, c’est le premier pas pour les cégeps du Québec pour un  rapprochement avec les étudiants autochtones. Ils ont besoin de ça», affirme Roberto Gauthier, responsable scientifique du projet à l’UQAC. Le Cégep de Baie-Comeau a d’ailleurs l’intention d’exporter son guide d’intervention vers les établissements qui accueillent une clientèle autochtone. Même que déjà son expertise a été requise pour des trucs et conseils.

Les travaux de recherche ont mené l’équipe à prends le pouls de différents membres de la communauté de Pessamit, dont bien évidemment des cégépiens. Leurs commentaires ont permis d’étayer la démarche. De nombreuses embûches ont été identifiées. Parmi elles, les exposés oraux, car ils ont peu l’occasion de de peaufiner leur style au primaire et au secondaire. Les argumentations constituent aussi leur bête noire. «De manière générale, l’argumentation est inhabituelle dans la culture innue», peut-on lire dans le guide.

Parmi les autres obstacles auxquels ils sont confrontés, il y a la difficile maîtrise de la langue française pour plusieurs étudiants. Il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit pour eux d’une langue seconde. Enfin, le travail en équipe n’est également pas leur tasse de thé, eux qui favorisent de beaucoup le contact de personne à personne.

Les espoirs permis

Déjà sensible depuis plusieurs années à la réalité innue dans son établissement, le Cégep de Baie-Comeau en est venu à réaliser que les gestes posés s’articulaient toujours autour de mesures d’encadrement pour permettre une meilleure adaptation des étudiants et non vers un processus de sensibilisation culturelle du personnel et d’adaptation des pratiques pédagogiques. Le nouveau guide corrige le tir en outillant les enseignants et autres intervenants.

Comme le précise la directrice des études, Linda Côté, en connaissant mieux la réalité des étudiants autochtones, le cégep peut «proposer des méthodes pédagogiques ainsi que des stratégies d’apprentissage et d’encadrement qui rejoignent davantage la culture, les valeurs et les préoccupations des étudiants innus et qui seraient tout autant pertinentes pour soutenir la réussite de l’ensemble de nos étudiants.»

Chargée de projet et enseignante en soins infirmiers, Nathalie Santerre lève son chapeau à la communauté de Pessamit pour sa précieuse collaboration. Grâce au guide, dit-elle, le cégep dispose désormais des outils nécessaires pour favoriser une bonne transition secondaire-cégep pour les jeunes Innus.

Photo: Plusieurs partenaires ont uni leurs efforts pour réaliser le tout premier guide d’intervention favorisant la réussite éducative des étudiants autochtones au Cégep de Baie-Comeau.

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