Se loger après la DPJ: les jeunes se butent aux préjugés des propriétaires

19 mai 2015
Temps de lecture :

Baie-Comeau – Le Centre de protection et de réadaptation de la Côte-Nord lance un vibrant appel à l’ouverture pour loger ses jeunes qui, à l’approche de leurs 18 ans, quitteront bientôt leur famille d’accueil ou encore le centre de réadaptation pour prendre leur élan dans la vie. En raison de préjugés, les portes se ferment devant eux.

Charlotte Paquet

Parce qu’ils sont jeunes et qu’ils sont sous l’aile du Centre jeunesse, ils font peur aux propriétaires. «Les gens ne veulent pas faire confiance aux 17 ans et trois quarts et aux 18 ans», déplore Marie Wagner, éducatrice au Programme de qualification des jeunes. Ce programme permet de suivre cette clientèle jusqu’à ses 19 ans afin de mieux les préparer à commencer leur vie d’adulte. 

Le manque cruel de chambres et pensions ou très petits logis est très problématique. «Je me fais répondre au téléphone: "Il a quel âge? Non, je ne loue pas à des jeunes". Moi, je leur dis: "Mais madame, il a un emploi et je vais le suivre jusqu’à ses 19 ans», explique Mme Wagner.

Ses démarches intensives des dernières semaines pour dénicher un logement à l’un de ses jeunes demeurent toujours vaines. Or, elle devra aussi trouver un toit à trois autres adolescents d’ici l’automne. L’éducatrice est dépassée. «Pour eux, jeunes égalent consommation et problème de foire», dit-elle, en ajoutant que le jeune pour qui elle fait des efforts ces temps-ci n’a absolument aucun problème du genre.

Préjugés pour la clientèle

La population a peur des adolescents suivis par le Centre de protection et de réadaptation de la Côte-Nord (CPRCN), même si plusieurs de ceux qui se retrouvent en famille d’accueil ou en centre de réadaptation ont été sortis de leur famille d’origine pour le bien. «Ces jeunes-là ont besoin d’avoir une chance. Ils ont besoin que quelqu’un croit en eux, car souvent leurs parents ne sont pas là pour le faire», renchérit Anna Dionne, adjointe au directeur général et responsable du Service des communications du CPRCN.

«Ils ne sont pas considérés, alors que le fait de juste leur tendre la main pour  leur donner une chance, c’est ça qui va leur éviter de se retrouver dans la rue», insiste encore Mme Wagner qui, en l’espace d’une seule semaine, a reçu à trois reprises une fin de non-recevoir de propriétaires. Elle rappelle aussi que les jeunes qui ne réussissent pas à se loger dans leur communauté vont parfois déménager dans une autre région dans l’espoir d’y parvenir. Leur donner une chance, c’est également freiner l’exode de la jeunesse nord-côtière, conclut-elle.

Partager cet article