La présence d’une ancre soulève des questionnements

10 juin 2015
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Baie-Comeau ­– La présence d’une ancre et de grandes pièces de fer le long du littoral de Baie-Comeau, observée il y a de cela longtemps, puis d’une chaîne, découverte plus récemment, pourrait s’expliquer par un naufrage, croit Jean Murray, un amateur d’histoire des sites de vieux chantiers. Le géologue François Guindon, lui, considère l’hypothèse comme l’une parmi tant d’autres.

Charlotte Paquet

Début des années 70, Jean Murray, alors adolescent, se rend à la chasse au canard dans un secteur situé à environ un kilomètre à l’est de l’embouchure de la rivière Amédée. C’est à ce moment qu’il observe l’ancre vis-à-vis un site connu sous le nom de l’île du colon. L’ancre avait été hissée sur un cap rocheux là où un bâtiment était érigé à une certaine époque et qui était connu par plusieurs comme la maison des ingénieurs ou encore le chalet du colonel Mc Cormick.

Au cours des dernières années, l’homme a l’occasion de jaser de cette découverte avec le regretté Napoléon Martin, historien amateur. C’est alors qu’il apprend que ce dernier connaît aussi l’existence de l’ancre. Les deux hommes caressent même le projet de l’extirper de l’endroit où elle se trouve pour l’exposer au parc des Pionniers, où sont déjà installées d’autres pièces du genre.

Si Jean Murray a commencé à songer à un naufrage dans les années 70 en apercevant l’ancre et les grandes pièces de métal, la découverte d’une chaîne par un père et son fils, il y a environ trois ans, a été une pièce de plus au puzzle, tout comme la présence nouvelle de débris  de métal observés dans le même secteur grâce à un détecteur de métal en 2014.

 «Mon but, c’est de savoir et expliquer l’histoire de l’ancre. Dans mon idée, il y a eu un naufrage. Un, il y a l’ancre. Deux, il y a la chaîne. Trois, il y a les débris de fer», martèle Jean Murray, qui admet que toutes ses suppositions doivent cependant être confirmées par un géologue.

Se perdre en conjectures

Selon François Guindon, géologue à la Conférence régionale des élus de la Côte-Nord, la présence de tous ces objets peut s’expliquer de différentes façons. Tout en soulignant ne pas détenir de données très précises sur l’histoire de l’ancre, il n’élimine aucunement la possibilité qu’il puisse s’agir tout simplement d’un bateau qui l’ait perdue. «On pourrait se perdre en conjectures, mais en archéologie, l’hypothèse la plus simple est souvent la plus probable», affirme-t-il.

Le géologue insiste sur l’important trafic maritime dans le secteur à compter de la fin du 19e siècle, principalement pour l’exploration forestière sur la Côte-Nord. Il y a aussi eu les travailleurs forestiers de l’ancienne bourgade de Saint-Eugène-de-Manicouagan, sur le site connu aujourd’hui comme le Vieux-Poste, à Baie-Comeau.

Quant à la fameuse habitation dont il ne reste plus aujourd’hui que quelques morceaux de ses fondations, François Guindon explique qu’elle est reliée au projet Manicouagan du colonel Robert R. Mc Cormick. De 1923 à 1935, elle a servi de quartier général aux travailleurs qui préparaient la construction d’une usine de papier journal dans l’anse Comeau et la fondation d’une ville.

On se souviendra qu’à la fin de l’été 2014, un promeneur a découvert sur la plage Champlain à Baie-Comeau une vieille pièce d’architecture navale provenant d’une épave du 19e siècle. Il s’agit d’un guindeau, soit un treuil qui servait à divers usages, notamment pour rapporter la chaîne d’une ancre. Est-ce que l’ancre observée un peu à l’est de l’embouchure de la rivière Amédée pourrait être reliée à cette pièce d’épave découverte l’an dernier? Rien n’est impossible.

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