La camerise, le fruit de l’avenir à la Ferme Manicouagan

18 août 2015
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Baie-Comeau – La Ferme Manicouagan voit grand pour la culture de la camerise. Françoise Marquis et Donald Bérubé travaillent fort pour hausser la production du petit fruit bleu aux multiples propriétés et à la grande résistance au climat nordique.

Charlotte Paquet

Avec son verger comptant 17 500 plants, la Ferme Manicouagan de Pointe-Lebel est le plus gros producteur de camerises de la Côte-Nord et ses copropriétaires n’ont pas l’intention de s’arrêter là. Ils se préparent à planter un peu plus de 6 000 nouveaux plants du solide arbuste à l’automne. Ils veulent aussi poursuivre sur cette lancée avec une dizaine de milliers de nouveaux plants chaque année.

Les premiers plants de camerises ont été plantés il y a deux ans seulement. La récolte est déjà intéressante, même si ce fruit atteint sa pleine maturité après six ou sept ans. L’arbuste a une espérance de vie variant de 25 à 30 ans, précise M. Bérubé.

Faut-il rappeler que la météo exécrable de juin et de juillet n’a eu aucun impact sur la récolte estivale, maintenant terminée. L’agriculteur parle d’une bonne récolte.

Pourquoi?

«On cherchait quelque chose qui se distinguait des autres productions dans la région et qui était très bon pour la santé», explique Mme Marquis. Une conférence donnée par un agronome a convaincu les deux agriculteurs d’aller de l’avant avec la camerise, en raison principalement de son haut taux d’antioxydants et de sa résistance au froid pouvant aller jusqu’à – 40 degrés Celsius.

«C’est un petit fruit que les gens ne connaissent pas et c’est un fruit d’avenir», insiste Mme Marquis tout en rappelant que les Japonais fabriquent des vitamines avec la camerise. Certaines études révèlent que la petite baie bleue à la forme allongée possède 60 % plus d’antioxydants que la framboise et 20 % de plus que le bleuet. Son apport en vitamine A et en vitamine C ainsi qu’en bêta-carotène dépasserait aussi celui du bleuet.

Parmi ses propriétés bénéfiques, elle protégerait les gens contre la maladie d’Alzheimer, note Mme Marquis. Au Japon, la camerise est appelée fruit de la longévité.

Bouturages et marché

La Ferme Manicouagan plantera à l’automne les premiers plants provenant de son bouturage. En effet, avec l’aide du Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB), le couple Marquis-Bérubé s’est lancé dans cette opération. «On en avait 10 000, mais on en a récolté 6 000», note Mme Marquis, ajoutant que les connaissances acquises permettront d’améliorer le rendement dans les prochaines années.

La croissance des premières boutures s’est faite dans une serre du Centre de recherche Les Buissons. En 2016, la construction d’une serre est envisagée. Il est également question de faire l’achat d’une récolte pour une cueillette mécanique plutôt que manuelle.

Comme le verger a seulement deux ans et que les plants atteignent leur rendement maximal après six ans, l’autocueillette de la camerise représente une bonne partie du marché de la Ferme Manicouagan pour le moment. Une certaine quantité est aussi exportée vers Montréal.

L’association entre camerise et alimentation est très prometteuse. Les agriculteurs comptent effectuer des tests en ce sens au cours de l’hiver. Ils ont d’ailleurs de pouvoir compter sur l’aide de leur gendre, un chef-pâtissier, et leur fille, une sommelière. Selon M. Bérubé, la camerise est d’ailleurs un fruit tellement goûteux qu’une quantité moindre peut être utilisée dans les recettes sans nuire au goût.

L’histoire

La camerise du Québec provient en bonne partie de la Russie. C’est l’Université de la Saskatchewan qui l’a importée au pays au cours de la dernière décennie. Véritables précurseurs, des producteurs du Saguenay-Lac-Saint-Jean sont allés chercher leurs premiers plants dans la province de l’Ouest canadien. Les premières plantations commerciales remontent à 2007.

L’Association Camerises Québec a vu le jour à l’automne 2014. La Ferme Manicouagan fait partie de son conseil d’administration. «La camerise, vous commencez juste à en entendre parler», conclut Mme Marquis.

 

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