Une virée en Tesla tenant presque de l’exploit

Par Charlotte Paquet 5 août 2016
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Baie-Comeau – Un résident de Québec, Christian Roy, vient d’accomplir toute une virée jusqu’à Manic-5 au volant de sa Tesla. Franchir 1 400 kilomètres avec un véhicule électrique, tout en roulant dans une région aussi pauvre que la Côte-Nord en bornes de recharge, relève pratiquement de l’exploit.

« Le voyage, ce n’est pas tant que ça un exploit. Par contre, l’exploit, c’est que j’aie trouvé une prise de 240 volts d’un particulier qui n’est ni publicisée et ni sur concède le touriste, qui pratique le métier de chauffeur de taxi avec sa Tesla à Québec. En février 2014, il a été le premier en Amérique du Nord à faire du taxi avec ce modèle de véhicule entièrement électrique, dit-il.

Après avoir fait le tour de la Gaspésie à l’été 2015, il voulait visiter la région Côte-Nord et son mythique barrage en 2016. L’installation récente d’une borne de recharge à Manic-5 lui a facilité les choses. Sans cela, il aurait dû mettre son projet sur la glace.

Selon M. Roy, parmi les véhicules 100 % électriques, seuls les Tesla ont actuellement la capacité de se rendre à Manic-5, situé à quelque 214 km de Baie-Comeau, en se fiant uniquement sur le réseau de bornes de recharge publiques puisque leur autonomie peut atteindre 400 km.

Avec son chien comme unique compagnon de voyage, le voyageur a réalisé son périple du 24 au 27 juillet. Il a évidemment pris bien soin de placer dans ses bagages son adaptateur pour les prises de 240 volts, un équipement que tout bon propriétaire de véhicule électrique possède et qui permet une recharge au domicile d’un particulier qui est équipé d’une telle prise.

À Manic-2, il a branché sa voiture à la prise installée au domicile de la mère d’un conducteur de Tesla. Les arrangements avaient été faits avant son départ de Québec. Il considère avoir été chanceux puisque cette option ne se trouve par dans l’application , qui répertorie toutes les installations publiques de recharge. Sans cela, il lui aurait fallu recharger son véhicule au restaurant St-Hubert de Baie-Comeau.

Du temps, et puis?

Quatre heures ici, huit heures là-bas, ou même seize parfois, la recharge d’un véhicule électrique exige du temps. C’est que les bornes de recharge rapide sont encore très peu nombreuses encore sur le territoire québécois, quoique la situation s’améliore.

Christian Roy ne nie pas que voyager en Tesla, ou avec tout autre véhicule électrique, modifie quelque peu les habitudes, mais il compose très bien avec ça. « En voyage, les gens ont souvent hâte d’arriver à destination. En véhicule électrique, tu prends le temps », raconte-t-il.

D’ailleurs, pendant que leurs voitures reprennent vie à une borne, les propriétaires en profitent pour visiter les alentours, se restaurer ou faire quelques achats. « C’est ça que le monde, il faut qu’il comprenne. Mettez-vous des bornes, ça attire du monde », martèle le visiteur. Quand un hôtel ou un restaurant offrent une borne de recharge, c’est un plus pour leurs affaires, insiste-t-il.

Sur la Côte-Nord, il n’y a que trois bornes publiques, l’une à la Maison du tourisme à Tadoussac, l’une au St-Hubert Express à Baie-Comeau et l’autre à Manic-5. Pour y recharger complètement une Tesla, il faut compter 16 heures puisqu’il s’agit de bornes d’à peine 30 ampères.

La région est carrément le parent pauvre du Québec. M. Roy verrait très bien une borne de recharge installée près de l’hôtel de ville à Baie-Comeau, à deux pas de Place La Salle, du parc des Pionniers et du quartier patrimonial.

De l’autre côté du fleuve, en Gaspésie, le nombre de stations de recharge est beaucoup plus élevé. On y trouve même des bornes de 70 et de 80 ampères tout près de restaurants ou d’hôtels. « Il y en a qui ont compris », laisse tomber le visiteur.

PlugShare Tesla

Cet capture d’écran de l’application PlugShare montre bien que la Côte-Nord fait figure de parent pauvre au chapitre du déploiement du réseau de bornes de recharge publique.

Le cout

La facture liée aux 1 400 km parcourus par M. Roy à bord de sa Tesla pour son aller-retour entre Québec et Manic-5 s’est élevée à… 2,50 $, soit le montant facturé pour la recharge à Manic-5. Et même là, un ami lui avait prêté sa carte de membre du Circuit électrique au Québec.

À Manic-5, souligne-t-il, le cout est de 2,50 $ par session, peu importe le nombre d’heures de recharge. Dans d’autres endroits, il peut en couter 1 $ de l’heure ou plus. Parfois, il y a un temps maximal de recharge alloué. Dans les restaurants St-Hubert au Québec, le délai est fixé à 2,5 heures.

Au cours de son périple, le touriste a utilisé à l’aller comme au retour la borne Tesla (une borne de 80 ampères commercialisée par le fabricant) installée à l’Auberge des Falaises, à La Malbaie. L’établissement offre également une deuxième borne pour tous les véhicules électriques.

M. Roy a aussi fait deux arrêts à Manic-2 pour se recharger à la prise de 240 volts mise à sa disponibilité. Finalement, la seule autre recharge nécessaire aura été à Manic-5.

Fait à noter, à son arrivée à Manic-2 après sa recharge à La Malbaie, soit une distance de quelque 300 km, sa batterie indiquait un niveau d’autonomie de 30 %.

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