« Ma maison en « shackait » tant ça frappait fort »

Par Charlotte Paquet 16 novembre 2016
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Jean-Sébastien Fournier, le porte-parole du comité de mobilisation, se trouve ici sur l’imposant talus qui longe sa propriété, talus qui disparait petit à petit.

Les automobilistes ne se sont pas fait prier pour signer les tracts demandant au ministère de la Sécurité publique de respecter le protocole d’entente de 2010. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Harassés par un dossier qui traine en longueur, des citoyens de Pointe-aux-Outardes font front commun pour faire avancer les choses avant que l’érosion des berges emporte leurs résidences à la mer.

Jean-Sébastien Fournier et les propriétaires des cinq maisons voisines de la rue Labrie viennent de mettre en place un comité de mobilisation. Ils voient disparaitre des parcelles de leurs terrains pratiquement à chaque épisode de pluie forte et de grands vents. Aujourd’hui, ils sont tous à une dizaine de mètres de la bande riveraine où, il y a huit ans, se trouvait une résidence avant d’être déplacée… dans la zone devenue problématique aujourd’hui.

Les citoyens vivent dans l’angoisse de grandes marées qui pourraient être destructrices. « C’est pas rare qu’un bon mètre parte en haut du précipice à chaque marée », assure le porte-parole du groupe de résidants. La nuit, lorsqu’il vente fort, il ne dort pas puisque sa maison tremble. « L’hiver dernier, j’ai passé près d’appeler la Sécurité publique. Ma maison en shackait tant ça frappait fort dans le côté », ajoute-t-il.

Pour prouver encore plus la force destructrice de Dame Nature dans son secteur, Jean-Sébastien Fournier souligne qu’en 13 ans comme propriétaire de sa résidence, c’est la troisième fois qu’il doit remplacer le barillet de ses serrures tellement le sable transporté par le vent est problématique.

Savoir et agir

Les résidents déplorent d’être tenus dans l’ignorance. Premiers concernés, ils veulent savoir ce qui se passe dans le dossier de la protection des berges. Las de la lenteur des démarches, ils se sentent abandonnés par le gouvernement. « S’ils ne veulent pas nous protéger, qu’ils nous disent : « On va attendre d’être rendu à tant de mètres pour vous déplacer », explique le porte-parole.

Aujourd’hui, les gens en sont rendus à un stade où ils se questionnent sur les intentions réelles des autorités de faire quelque chose pour eux. Jean-Sébastien Fournier va jusqu’à réclamer le droit pour les propriétaires de protéger eux-mêmes leur terrain. « C’est en train de partir jour après jour à la mer, puis personne ne fait rien. Le pire, c’est que je ne peux rien faire aussi », précise celui qui craint les grandes marées des prochaines semaines.

Jean-Sébastien Fournier estime la valeur marchande de sa propriété autour de 150 000 $. Il y exploite une entreprise de toilettage pour animaux. Dans l’état actuel des choses, il ne voit pas comment il pourrait trouver preneur pour sa maison s’il devait la vendre.

« Ma maison est zonée à risque. Elle n’est pas vendable, mais moi, je paie mon hypothèque à tous les mois », laisse-t-il tomber en conclusion.

Le Manic a tenté d’obtenir une réaction du maire de Pointe-aux-Outardes, André Lepage, à la mise en place du comité de mobilisation, mais il a préféré ne pas commenter pour le moment.

Le maire s’est contenté de souligner qu’il échangerait avec les représentants du comité. La rencontre devait avoir lieu lundi soir (14 novembre).

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