De l’usine aux magasins de sports pour des retraités actifs

Par Charlotte Paquet 7 Décembre 2016
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On aperçoit Réjean Lévesque et Raymond Gagné, deux des huit retraits d'usine qui travaillent chez Spin sport & plein air et chez Sports Experts.

On aperçoit Réjean Lévesque et Raymond Gagné, deux des huit retraités d’usine qui travaillent chez Spin sport & plein air et chez Sports Experts.

Baie-Comeau – À Baie-Comeau, les travailleurs d’usine retraités reconnus comme de grands amateurs de sports ont un nouveau débouché depuis quelques années : les magasins de sports et de plein air. Pour ces hommes actifs, pas question de se bercer et d’étirer le temps. Un poste à temps partiel dans un domaine qu’ils connaissent et qui les passionnent, ils ne demandent pas mieux.

Que ce soit chez Spin sport & plein air, Mon Vélo ou Sports Experts, l’arrivée de ces employés âgés dans la cinquantaine et la soixantaine, qui possèdent des années d’expérience de vélo, de ski de fond et autres, apportent une bouffée d’air frais, même si ça peut sembler un peu paradoxal.

Actuellement, huit anciens employés de la papetière de Produits forestiers Résolu et de l’aluminerie Alcoa sont en poste dans les trois commerces. Des gars comme Réjean Lévesque et Raymond Gagné, ainsi que leurs collègues Michel Paquet et Joël Dionne, représentent des valeurs sûres pour Spin et Mon Vélo, qui appartiennent à un même groupe d’hommes d’affaires.

Chez Sports Experts, quatre anciens travailleurs à « boîte à lunch », comme on appelait les employés d’usine à une certaine époque, occupent des postes à temps partiel. Après avoir travaillé toute sa vie comme mécanicien industriel chez Alcoa, Jacques Arseneault est l’homme de confiance à l’atelier. Alain Paquet, Gervais Fournier et Gino Desmeules, d’autres grands sportifs, complètent l’équipe des retraités.

Transmettre sa passion

En décembre 2012, Réjean Lévesque a pris sa retraite de la papetière. Après un premier hiver aux allures de longues vacances, ce grand sportif a fait son entrée chez Spin. Aujourd’hui, il travaille principalement pour son entreprise sœur, Mon vélo. « Le plus grand nombre d’heures que je fais, c’est 20 heures. C’était prévu d’avance à ma retraite que je me trouverais quelque chose », explique-t-il.

Également responsable de l’entretien des sentiers du club de ski de fond Les sentiers de la Rivière Amédée et entraineur de spinning, Réjean Lévesque considère que l’arrivée des retraités fait l’affaire des employeurs. « Il ne faut pas se le cacher, on est fiables, on est à l’heure et on connaît le monde », souligne-t-il.

« Le sport, c’est une passion. Je suis payé pour parler de sport et je m’amuse. Transmettre la passion, c’est valorisant et c’est gratifiant », précise le sexagénaire.

Les prix employés

Raymond Gagné, lui, travaille surtout comme technicien d’atelier pour les vélos et les skis, mais peut aussi répondre à la clientèle sur le plancher à l’occasion. Il fait rarement plus d’une quinzaine d’heures par semaine et c’est parfait pour lui.

« C’est plus un passe-temps. Je ne me ramasse pas tout seul à la maison (sa conjointe est sur le marché du travail). J’ai besoin de voir du monde et, en plus, quelqu’un qui vient acheter un équipement de sport, c’est rare qu’il est de mauvaise humeur », dit-il, le sourire aux lèvres.

Pour ces retraités dont le salaire annuel frisait probablement les 80 000 $ à 100 000 $ auparavant, la paie demeure plutôt secondaire. « C’est bien plus pour les prix employés. Notre salaire, il est là », admet Raymond Gagné.

Ce dernier insiste d’ailleurs pour préciser que les retraités ne viennent pas enlever la job des jeunes. Les deux groupes d’âge sont plutôt complémentaires, car les plus vieux, eux, ne cherchent aucunement à travailler le soir, la fin de semaine ou encore pendant le temps des Fêtes.

Voir des gens

Alain Paquet œuvre dans le département de la chaussure chez Sports Experts depuis bientôt deux ans. En moyenne, ses services sont requis une journée par semaine, parfois deux.

Cet ancien employé d’Alcoa à la retraite depuis 2013 a profité à 100 % de cette nouvelle étape de vie pendant environ un an et demi. Cela lui a permis de réaliser qu’il lui manquait quelque chose : le côté social. « À la retraite, on est souvent tout seul. Je ne suis pas un coureux de centres d’achat, je suis plein air. Mais je faisais mon vélo seul et mon ski de fond seul aussi », dit-il.

Après avoir côtoyé des collègues de travail pendant une trentaine d’années, l’aspect social d’un emploi lui manquait. Chez Sports Experts, il a trouvé ce qu’il cherchait. « Ça me permet de voir des gens, de jaser et de transmettre mes connaissances. Vu qu’on est plus âgés, on a plus d’expérience de vie. J’ai touché à peu près à tous les sports dans ma vie », raconte-t-il.

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