Franquelin cache un trésor unique en région

Par Charlotte Paquet 29 décembre 2016
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On aperçoit Moine Joseph Vaillancourt dans la chapelle de son ermitage.

Baie-Comeau – Franquelin recèle un trésor unique sur la Côte-Nord dont la réputation commence à dépasser les limites de la région : l’ermitage sainte Kateri Tekakwitha.

Sous l’inspiration et la confiance en la providence de moine Joseph (Joscelyn) Vaillancourt, l’ermitage a vu le jour au début de 2015. C’était quelques mois à peine après que son propriétaire ait prononcé ses vœux monastiques, mais tout en demeurant curé de la paroisse La-Nativité-deJésus (et de toutes les paroisses à l’est jusqu’aux Îlets-Caribou).
En septembre dernier, l’évêque du  diocèse de Baie-Comeau, Mgr JeanPierre Blais, a procédé à la bénédiction du lieu de solitude, de recueillement et de prières, et ce, à l’occasion d’un événement qui se sera étendu sur trois jours. « C’est une reconnaissance  officielle de l’évêque pour ma vie de moine et l’œuvre de l’ermitage »,  mentionne moine Joseph.
À la fin de novembre, l’ermitage était d’ailleurs reconnu comme une œuvre de miséricorde dans le cadre de  la remise d’une reconnaissance  diocésaine à 38 organismes de la Côte-Nord à l’occasion de la clôture de l’Année de la miséricorde.
Le religieux explique avoir choisi d’honorer la mémoire de sainte Kateri Tekakwitha pour trois raisons : elle a été la première autochtone  canonisée en Amérique (en 2012), la présence autochtone est importante sur la Côte-Nord et la sainte a été un témoin fort de la foi dans une culture résistante.

De l’eau sous les ponts

Il en a coulé de l’eau sous les ponts depuis la fin de décembre 2014 alors que le moine Joseph avait cassé la
glace sur son cheminement personnel dans les pages d’un quotidien de Québec. Il confiait alors son rêve d’acquérir une maison pour y établir un ermitage en disant faire confiance en la providence. Aujourd’hui, son  projet est devenu réalité.
« En deux ans, il s’est passé que le Bon Dieu m’a donné un lieu et ce  lieu-là me dépasse, car il est devenu un lieu d’accueil, d’intercession et  de prières pour le monde », insiste l’ecclésiastique.
Sans tambour ni trompette, moine Joseph a acquis une petite maison située à l’entrée ouest du village de Franquelin. Il l’a eue à très très bon prix. « Le monsieur a été formidable, car on lui avait fait des offres plus généreuses. Quand il a su pour mon projet d’ermitage, il me l’a vendue bien au-dessous du prix de l’évaluation », raconte-t-il.
L’ermitage sainte Kateri Tekakwitha a pris tranquillement forme au rythme de travaux de rénovation qui se sont étendus sur six mois. La chambre et le salon situés au rez-de-chaussée ont été convertis en une magnifique petite chapelle. Inutilisé jusqu’alors,  le grenier a été retapé afin d’y  aménager la chambre du propriétaire.
Le bois est omniprésent à l’intérieur, tant sur les murs que sur les planchers. L’effet est saisissant. « Un p’tit gars m’a déjà dit : « J’aime ça ta maison, ça l’air d’une cabane ». C’est vrai que ç’a l’air rustique », raconte moine Joseph en riant.

Visiteurs et prières

L’existence de l’ermitage de Franquelin commence à être connue. Le boucheà-oreille et Internet font leur œuvre.  « À tous les jours, il y en a qui  arrêtent quand je suis là. Il y a des jours où il peut passer jusqu’à  12 personnes. Ici au presbytère (lieu de l’entrevue avec Le Manic), il n’en passe jamais. C’est un centre administratif. Là-bas, on vient pour raconter ses joies et ses peines, pour se confesser et pour prier », souligne le moine et curé à la fois.
La petite chapelle a son entrée indépendante, mais il reste encore à installer un escalier à l’extérieur. Pour le moment, les gens y accèdent par l’intérieur.
Plusieurs des visiteurs proviennent de la Côte-Nord, mais aussi d’ailleurs. Certains souhaiteraient pouvoir y vivre une retraite de quelques jours, mais c’est impossible en raison de la  présence d’une seule chambre, celle du maître de céans. Ce dernier  souhaiterait faire construire une petite unité d’hébergement sur le terrain de l’ermitage. La municipalité le lui  permettrait, mais les couts oscillant entre 25 000 $ et 30 000 $ le bloquent. « Et je n’ai pas le droit de solliciter, c’est relié à mon vœu de pauvreté », précise-t-il.
Mixité Joscelyn Vaillancourt a beau être devenu moine Joseph, il ne rejette pas pour autant son nom de baptême. Tout en précisant que son nouveau nom marque en quelque sorte la coupure entre sa vie d’avant et sa vie depuis, il souligne ne reprendre personne qui l’appelle Joscelyn.
« J’ai eu 30 ans de ministère de  prêtrise, mais là, j’ajoute une  dimension de vie de moine, donc  centrée sur Dieu à travers tous ses temps de prières et entre les temps de prières, il travaille. C’est comme
une mixité des deux : je suis demeuré curé et je suis devenu moine. Je vis seul, mais je suis en communion avec le monde », conclut-il en insistant sur le « comme union ».