Le maire Martel ne l’a pas trouvée drôle

Par Steeve Paradis 12 avril 2017
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Baie-Comeau – Le maire Claude Martel n’a vraiment pas prisé la sortie de Richard Garneau, venu à Baie-Comeau la semaine dernière pour semoncer ses troupes sur le manque de productivité de la papetière de la municipalité. Le maire indique qu’il aurait, de loin, préféré un autre ton de la part du président et chef de la direction de Résolu.

« Baie-Comeau a déjà donné beaucoup pour sauver cette usine. J’ai trouvé ça très ordinaire, très cavalier comme sortie », a déclaré l’édile en entrevue avec Le Manic. « C’est quasi inacceptable de la part d’une compagnie qui a encore sollicité l’appui de la population il y a deux ans. »

M. Martel a souligné que selon lui, Résolu et le gouvernement du Québec « ont une dette morale » envers Baie-Comeau depuis la vente par la compagnie de sa participation de 60 % dans le barrage McCormick à Hydro-Québec en 2009, au cout de 615 M$.

Avant cette vente, la municipalité percevait une somme annuelle de 1,7 M$ en taxes sur le barrage. Comme Hydro ne paie pas de taxes foncières sur ses équipements de production, ce montant s’est volatilisé.

« Pour la Ville, c’est l’enfer depuis cette vente. Ils (Résolu) sont partis avec les 615 millions et pour nous remercier, on menace de fermer. Je comprends bien que le papier journal est en diminution, mais c’est quand même insultant », d’enchainer le maire.

Investir pour performer

Quant à la productivité de l’usine, qui n’est pas du gout de la compagnie, Claude Martel soutient qu’elle devrait faire une introspection pour en trouver les vraies causes. « L’aluminerie de Baie-Comeau est devenue plus performante après qu’Alcoa ait investi 200 M$. Si on veut vraiment qu’une usine soit performante, il faut investir. Je crois que l’examen de conscience doit se faire de ce côté », lance M. Martel, ajoutant que Richard Garneau « débarque toujours avec l’attitude que tout est dû » à l’entreprise.

Le maire de Baie-Comeau pense aussi que le sort de l’usine de Baie-Comeau ne serait peut-être pas en jeu aujourd’hui si Résolu s’était tournée vers sa conversion dans un type de production, plus porteur d’avenir que le papier journal.

« La première rencontre que j’ai eue comme maire, il y a trois ans et demi, c’était avec M. Garneau. Je lui avais dit que le milieu était prêt à investir dans une reconversion de l’usine, mais il n’avait rien voulu savoir. Ça en dit long sur le style de l’homme qui dirige cette compagnie. »

Pour ce qui est du gouvernement, Claude Martel rappelle qu’il s’était engagé à ce que l’achat du barrage par Hydro-Québec n’aurait pas d’impact négatif pour la région, mais « huit ans plus tard, nous avons été volés du meilleur avantage concurrentiel sur le marché du papier que possédait notre usine ». Maintenant, Québec et Ottawa doivent se parler pour aider Résolu dans cette nouvelle crise du bois d’œuvre, conditionnellement au maintien de la papetière et des trois scieries de la Côte-Nord. « C’est à eux (les gouvernements) de trouver la solution car le problème, ce sont eux qui l’ont créé », a-t-il conclu

La région dans la tourmente

Pour la Chambre de commerce de Manicouagan (CCM), cette annonce place de nouveau la région dans la tourmente, elle qui est déjà touchée par la fermeture de deux importantes PME, Plomberie Octave Roy et BMR.

« Même si des efforts importants sont faits pour diversifier l’économie régionale, la fermeture de la papetière aurait un impact significatif dans la Manicouagan », a lancé le président de l’organisme, Pierre Desgagnés.

La CCM propose de créer une table des partenaires pour la survie de la filière forestière sur la Côte-Nord. « Il est temps de faire preuve d’innovation dans nos façons de faire afin de proposer des solutions créatives aux problèmes actuels », fait valoir le communiqué de l’organisme.

 

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