Les agents de la faune sont aux aguets
Baie-Comeau – L’apparition en grand nombre de bars rayés sur la Côte-Nord, des poissons protégés en vertu de la Loi canadienne sur les espèces menacées, entraine dans son sillage des gestes de braconnage et une présence plus marquée d’agents de protection de la faune pour les démasquer. C’est notamment le cas le long de la rivière Franquelin.
« Effectivement, on m’a spécifié que les agents portaient une attention particulière au dossier du bar rayé, mais je ne peux pas cibler une rivière en particulier », affirme Catherine Thibeault, de la direction régionale Saguenay-Lac-Saint-Jean et Côte-Nord du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).
Si les agents sont aux aguets, c’est en raison de l’abondance de ce beau poisson strié cette année dans la région et de gestes de braconnage qui ont été rapportés au service S.O.S. Braconnage. Il est interdit de capturer cette espèce.
Lors de « prises accidentelles » de bars rayés, l’expression du MFFP, les pêcheurs ont l’obligation de les remettre à l’eau. Or, des gens se laisseraient tenter à les garder pour les déguster. « On a reçu des signalements pour des personnes qui conservaient leurs prises », note Mme Thibeault.
Selon des adeptes de pêche de la rivière Franquelin, les agents ont multiplié les patrouilles ces dernières semaines, vérifiant si les gens détenaient bel et bien un permis de pêche et s’assurant que des bars rayés ne se retrouvaient pas dans leur panier de pêche.
Fait à noter, en zone urbaine à Baie-Comeau, l’apparition de l’espèce dans la rivière Amédée attire également de nombreux pêcheurs.
À documenter
Le phénomène entourant la présence en grand nombre de bars rayés dans les rivières de la Côte-Nord est nouveau en soi en 2017.
« C’est sûr qu’avant cette année, sur la Côte-Nord, les captures, c’était anecdotique. Son importance a à être documenté », admet Mme Thibeault. Elle rappelle que les bars rayés sont disparus des eaux du fleuve Saint-Laurent dans les années 60, avant d’être réintroduits au début des années 2000.
La direction de la gestion de la faune de la Côte-Nord a reçu récemment l’aval de Pêches et Océans Canada pour faire de l’échantillonnage. « On va prendre les otolithes (une partie de l’oreille) et le contenu de leur estomac pour avoir des données sur leur alimentation et leur provenance », poursuit la porte-parole. Cela permettra notamment de confirmer ou d’infirmer l’interaction possible des bars rayés avec les juvéniles des salmonidés, ce qui inquiète des pêcheurs de saumon. « On est conscient de ces inquiétudes-là », admet-elle.
Depuis 2014, le contenu de 709 estomacs de bars rayés ont été analysés par le ministère et aucun saumon n’y a été trouvé. Cette année, à travers le Québec, l’analyse portera sur 400 estomacs de plus. La porte-parole souligne que par le passé, le bar rayé et le saumon ont déjà cohabité sans problème.
Pour sa collecte de données de l’été 2017, le ministère échantillonnera les poissons saisis par les agents de protection de la faune et ceux capturés par la pêche sportive par les techniciens de la faune.
Il est à noter que les pêcheurs sont invités à informer le Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec sur leurs captures accidentelles.
Le MFFP voit d’un bon œil le retour des bars rayés dans les eaux de la Côte-Nord, mais avant de pouvoir les conserver, il faudra du temps. « Ce n’est pas demain la veille qu’on va pouvoir les prélever », précise Mme Thibeault. La Gaspésie est la seule région au Québec où la pêche est actuellement permise.
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