Le maire Claude Martel quitte serein la mairie de Baie-Comeau

Par Charlotte Paquet 3 novembre 2017
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Claude Martel a dressé le bilan de ses quatre dernières années à la mairie de Baie-Comeau. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Le maire Claude Martel quitte la politique serein. Son dernier mandat aura été marqué par des finances publiques difficiles et des crises à traverser à Baie-Comeau, mais là, ça se termine pour lui. Il passe le flambeau et compte reprendre sa vie en main.

« Si je ne fais pas un autre mandat, c’est que je veux reprendre ma vie. Je veux arrêter de penser à ça tout le temps et être capable de dormir comme il faut. J’ai dormi une partie de mon mandat sur le divan, car j’étais réveillé à 3 h », souligne-t-il, en dressant le bilan de ses quatre dernières années à la mairie, lui qui avait déjà accompli deux mandats de 1994 à 2002.

« Je ne prends aucun médicament. Je vais me remettre en forme et je vais perdre ma bedaine », ajoute en riant l’homme de 70 ans.

M. Martel n’envisage pas quitter Baie-Comeau, même s’il ne faut jamais dire « Fontaine je ne boirai pas de ton eau », précise-t-il. « Je n’ai pas de mérite, j’étouffe en ville (les grandes villes) », avoue celui qui possède un condo à Québec et un véhicule récréatif installé en permanence en Floride.

Finances publiques

Lors de son entrée en poste en novembre 2013, le maire dit avoir découvert que la situation financière de la Ville était dans un état bien pire que ce qu’on lui avait fait savoir. Cela a rendu son mandat plus difficile qu’il ne l’avait prévu.

D’ailleurs, c’est pour éviter à d’autres d’être confrontés à de mauvaises surprises au lendemain de l’élection municipale du 5 novembre que M. Martel a demandé à son directeur général, François Corriveau, de tenir, en 2017, deux séances d’information publique sur les finances de la Ville à l’intention des futurs candidats.

Le démantèlement des cuves Söderberg à l’aluminerie Alcoa et la fermeture de deux machines à papier à la papetière de Produits forestiers Résolu ont eu un impact à la baisse sur les revenus de taxes provenant de la grande industrie. La fin de la compensation financière accordée à la Ville, à la suite de la perte des revenus de taxes découlant de la décision de Produits forestiers Résolu (à l’époque Abitibi-Bowater) de vendre à Hydro-Québec sa participation de 60 % dans la centrale Mc Cormick, a également fait mal.

« Les finances publiques, ç’a été un gros défi et ce n’est pas fini », assure M. Martel, qui souligne avoir été aussi confronté ces dernières années à la désuétude des équipements municipaux. L’achat de quatre camions incendie, d’une trentaine de véhicules légers, de deux camions à benne et de deux souffleurs ont mis une pression énorme sur le budget, dit-il.

L’aluminium et la forêt

Les premiers mois de son mandat comme maire ont été marqués par la crise de l’aluminium à Baie-Comeau. Alcoa menaçait alors de fermer toutes ses usines au Québec en raison des tarifs d’énergie trop élevés.
Pendant la deuxième année, c’est la crise forestière qui faisait rage à Baie-Comeau et sur la Côte-Nord. Ensuite, poursuit le maire sortant, la disparition de la Conférence régionale des élus est également venue chambouler bien des pratiques.

Non, ça n’a pas été facile, mais il y aura tout de même eu du positif, comme les économies réalisées dans le projet de traitement de l’eau potable, dont le cout est passé de 72 M$ à 60 $. La participation financière de la Ville a ainsi été réduite de 19 M$ à 14 M$.

À la liste des éléments positifs, M. Martel dit aussi retenir le climat de travail « intéressant » parmi les employés municipaux, malgré la morosité des dernières années, les abolitions de postes et les réorganisations nécessaires. Il souligne avoir eu une mauvaise réputation en raison de son exigence au niveau de la performance.

Ce que le maire sortant espère que l’on retiendra de lui, c’est son affection et son attention pour les gens. « Tu ne peux pas faire de la politique si tu n’aimes pas le monde. Ma qualité, ç’a été d’aimer le monde. En 12 ans (incluant deux mandats de 1994 à 2002) je ne me suis jamais fait insulter. Je me fais bien plus mettre la main sur l’épaule pour me féliciter », assure-t-il.

Le défi pour l’avenir

M. Martel est optimiste pour l’avenir de la ville. La venue de la minière Mason Graphite est prometteuse en raison de l’attraction qu’elle exercera sur d’autres joueurs économiques, dit-il. Par ailleurs, « l’aluminerie est solide », selon lui.

Le grand défi, le maire sortant le voit dans l’industrie forestière. Avec l’important déclin du papier journal, l’usine de Baie-Comeau doit coute que coute se transformer. Et même s’il est question d’une entreprise privée, M. Martel affirme que la Ville peut influencer des décisions beaucoup plus qu’on peut le penser.

« Les élus ont un pouvoir et un rôle à jouer dans la transformation de la papetière. Des pressions politiques, ç’a sa place », insiste-t-il en terminant, tout en rappelant le rôle important de l’ancien député de René-Lévesque, Marjolain Dufour, dans les crises de l’aluminium et de la forêt.

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