À Baie-Comeau, les patients orphelins n’ont plus accès à des cliniques sans rendez-vous

Baie-Comeau – Il est devenu quasi impossible aux personnes sans médecin de famille d’obtenir une consultation de type sans rendez-vous à Baie-Comeau. Un resserrement des règles en vigueur dans les cliniques médicales depuis quelques mois vient leur compliquer la vie encore plus.

Chaque semaine, des patients orphelins réalisent qu’ils n’ont aucune possibilité de voir un médecin, mis à part un détour par l’urgence et souvent de longues heures d’attente. Même la clinique externe générale de l’hôpital a récemment mis fin à ses consultations sur rendez-vous en raison du départ imminent de l’unique omnipraticien qui avait accepté d’y offrir ses services.

Au groupe de médecine familiale (GMF) de la polyclinique Boréale, le sans rendez-vous est d’abord dédié aux 16 500 patients inscrits, et ce, depuis le début de l’été 2017, explique son porte-parole, le Dr Roger Dubé, qui occupe aussi la fonction de chef du département régional de médecine générale au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord. Selon lui, il peut cependant arriver que des places soient vacantes pour la population en général.

Du côté du groupe de médecine familiale universitaire (GMF-U) de Manicouagan, anciennement connue comme l’Unité de médecine familiale de Manicouagan, seuls les patients inscrits peuvent être vus par un médecin de la clinique de dépannage.

Pour sa part, le Centre de médecine familiale de Baie-Comeau a aussi mis fin en septembre à son offre de deux demi-journées par semaine de sans rendez-vous. Dans les faits, après l’habituelle relâche estivale, le Dr Jean Du Tremblay, qui assurait le service, a décidé de ne pas reprendre le collier afin de passer de quatre à trois journées de bureau par semaine. Six places par semaines sont cependant disponibles en dépannage pour les patients des médecins de la clinique.

Règles ministérielles

Le changement de cap radical dans l’offre de consultations sans rendez-vous à la polyclinique Boréale, le Dr Dubé l’explique par les nouvelles règles du ministère de la Santé et des Services sociaux pour assurer aux GMF l’accès aux subventions nécessaires à leur fonctionnement.

« Il faut avoir un certain nombre de patients inscrits et il faut un taux d’assiduité de consultation de 75 % cette année (2017-2018). Ce taux passera à 80 % l’an prochain. Cela veut dire que nos patients, il faut les voir à la clinique afin qu’ils n’aillent pas ailleurs, comme à l’urgence », indique le médecin

Pour offrir un taux de consultation aussi élevé à ses 16 500 patients inscrits, le GMF a dû faire le choix d’écarter M. et Mme Tout-le-monde de ses cliniques sans rendez-vous, dont le nombre varie de deux à quatre demi-journées par semaine.

« On a été obligés de faire ça pour garder nos subventions et pour garder le GMF. C’est un peu un cercle vicieux », admet le Dr Dubé.

Le médecin reste bien conscient que ce choix a comme conséquence de laisser en plan plusieurs personnes.

Il reconnait aussi n’avoir aucune alternative à leur proposer pour éviter un détour par l’urgence puisque même la clinique externe générale de l’hôpital est fermée actuellement.