Conseil d’administration du CISSS : Les préposés aux bénéficiaires crient leur détresse

Par Charlotte Paquet 29 novembre 2017
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Jacynthe Leblanc, qui travaille comme préposée au troisième étage du centre d’hébergement Boisvert, a livré un message touchant de sa réalité au quotidien. À sa droite, on aperçoit Gisèle Charette, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN. Photo Le Manic

Jacynthe Leblanc, qui travaille comme préposée au troisième étage du centre d’hébergement Boisvert, a livré un message touchant de sa réalité au quotidien. À sa droite, on aperçoit Gisèle Charette, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Il manque cruellement de préposés aux bénéficiaires au Québec et la Côte-Nord ne fait pas exception. Dans les établissements de santé de la région, leur charge de travail est telle qu’ils peinent à offrir des soins de qualité et n’ont plus de vie. Exténués, certains tombent malades tandis que d’autres changent carrément de métier, creusant encore plus la pénurie de main-d’œuvre.

C’est tout ça et plus encore que les préposés aux bénéficiaires et leurs représentants syndicaux de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS) de la CSN sont allés dire aux administrateurs du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord, réunis en assemblée publique la semaine dernière.

Dans une pétition de 1 400 signatures déposée par la vice-présidente régionale de la FSSS, Gisèle Charrette, des résidents, des parents, des travailleurs et des citoyens en général demandent au CISSS de donner aux préposés la possibilité de fournir de meilleurs services, car ils sont à bout de souffle. « Ça n’arrête pas. En fin de semaine dernière, il y a encore deux filles qu’on a ramassées et qui pleuraient », dit-elle.

Sept lettres touchantes écrites par des préposées ont également été remises au conseil d’administration. Elles y racontent leur quotidien difficile et les effets de la pénurie. Deux de ces lettres ont été lues en public, dont l’une par un représentant syndical et l’autre par son auteure elle-même, Jacynthe Leblanc.

De mal en pis

Il y a un an, le président-directeur général du CISSS, Marc Fortin, promettait au syndicat que les choses allaient changer. Or, la situation s’est détériorée depuis. « On n’a plus personne sur la liste de rappel. Parmi les 12 qui suivent la formation de 750 heures, il y en a qui se demandent si elles vont continuer », déplore Mme Charrette. Selon elle, avec tout ce que leur demande l’employeur au travail, elles ont de la difficulté à concilier les études avec le reste.

Sur les 90 préposés aux bénéficiaires du réseau public dans la Manicouagan et en Haute-Côte-Nord, 20 étaient en arrêt de travail en date du lundi 27 novembre. Déjà qu’à 90, leur nombre est insuffisant pour répondre aux besoins, voilà que la charge de travail les fait tomber comme des mouches.

Comme un malheur ne vient jamais seul, sept préposées, dont certaines comptent jusqu’à 15 et 20 ans d’expérience, quitteront le métier à compter de janvier 2018. Elles ont choisi d’occuper des postes à l’entretien ménager, à la buanderie ou à la cuisine. « Elles sont parties car elles ont vu l’immensité du travail », souligne encore la vice-présidente. Or, les préposées en formation n’auront pas terminé leurs études en janvier.

Les compressions budgétaires ont une part de responsabilité pour la situation dans laquelle se retrouvent les préposés, mais le syndicat croit que c’est surtout la pénurie de main-d’œuvre qui l’explique. Dans le secteur Manicouagan uniquement, une vingtaine de postes seraient à combler, principalement dans les deux centres d’hébergement de soins de longue durée.

Des solutions

Mme Charette a martelé aux administrateurs du CISSS avoir des solutions à suggérer pour renverser la vapeur et ce message semble ne pas être tombé dans l’oreille d’un sourd. À la fin de la semaine dernière, elle recevait un appel de la présidente-directrice générale adjointe, Johanne Savard, pour lui proposer une rencontre dans les premiers jours de décembre.

« Les préoccupations que vous avez rejoint les nôtres. Je vous lève mon chapeau, car vous avez un travail pas facile, ardu, mais essentiel » a d’ailleurs commenté Mme Savard lors de la sortie publique des préposés. Elle a alors indiqué que pour traverser la crise, il faudra sortir des sentiers battus et que c’est ensemble, avec les préposés, qu’elles y parviendront.

Parmi les solutions qui pourraient faire la différence, la porte-parole syndicale s’intéresse notamment à l’expérience acquise par les aidants naturels au fil des années à s’occuper d’un proche aujourd’hui disparu.

Ces personnes ont souvent appris à donner des bains, à faire manger et à répondre aux besoins de base d’une personne âgée. Il resterait à compléter leur formation en établissement.

Mme Charrette pense aussi à une révision des horaires de travail pour passer d’un horaire de sept jours de travail et sept jours de congé, à cinq jours de travail et deux jours de congé.

Elle est d’avis qu’avec le dernier horaire, les préposés seraient plus enclins à accepter de rentrer travailler en temps supplémentaire après leur semaine régulière.

 

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