Renaud Gagné vient à la rencontre des membres d’Unifor à Baie-Comeau

Par Charlotte Paquet 7 février 2018
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Directeur québécois du syndicat Unifor, Renaud Gagné invite les travailleurs et la population à signer la pétition réclamant un moratoire sur la mise en place de mesures de protection du caribou forestier. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Le renouvellement des conventions collectives dans l’industrie papetière à l’Est du Manitoba, la pénurie de main-d’œuvre et l’avenir de l’usine locale font partie des sujets abordés par le directeur québécois du syndicat Unifor, Renaud Gagné, lors de son passage à Baie-Comeau mardi.

Depuis 2014, M. Gagné effectue cette tournée qui lui permet de s’imprégner du quotidien de ses membres qui, sur la Côte-Nord, représentent autour de 1 000 travailleurs de Produits forestiers Résolu (papier, scierie et forêt) dans la Manicouagan et de la scierie Arbec à Port-Cartier.

Si le Partenariat Trans-Pacifique ainsi que les droits compensatoires et les mesures antidumping des États-Unis interpellent le directeur d’Unifor au Québec en raison des impacts pour l’industrie forestière, les négociations qui s’en viennent l’occupent déjà passablement depuis l’automne dernier.

Au cours du mois de février, l’entreprise ciblée pour établir le contrat modèle dans l’industrie papetière sera identifiée. « Les délégués vont choisir la compagnie la mieux placée pour être compagnie modèle », souligne M. Gagné. D’une durée de quatre ans, l’actuelle convention collective viendra à échéance le 30 avril.

Pérennité de la papetière

Pour assurer la pérennité de la papetière touchée par le déclin marqué de la demande de papier journal, des investissements seront nécessaires pour mener à une transformation de sa production, rappelle M. Gagné en pensant au carton.

« Est-ce qu’on pourrait produire du carton sur la Côte-Nord, le mettre sur des bateaux et l’expédier », questionne-t-il en notant les besoins énormes découlant du commerce électronique.

M. Gagné reste cependant conscient que pour réussir le virage vers la transformation, des mesures d’aide gouvernementales doivent être mises en place.

Pénurie de main-d’œuvre

Le secteur des pâtes et papiers est aux prises avec une sérieuse pénurie de main-d’œuvre au Québec. Pas moins de 15 000 postes seront à pourvoir d’ici 2021 à la suite de départs à la retraite. À la papetière de Baie-Comeau, c’est 40 % de la main-d’œuvre qui devront être renouvelée dans un horizon de trois ou quatre ans. La pression est énorme et les candidats ne font pas la file à la porte pour être embauchés.

L’instabilité des dernières années dans l’usine à l’origine de la naissance de la ville de Baie-Comeau n’aide pas sa cause, concède M. Gagné. « Quand on crée de l’instabilité, c’est sûr que les gens vont regarder pour être stables. Si j’étais électronicien, je regarderais ailleurs », laisse-t-il tomber.

Le discours alarmant d’avril 2017 de l’ex-grand patron de Produits forestiers Résolu, Richard Garneau, qui laissait planer la fermeture pure et simple de la papetière en raison d’un problème de productivité, a également fait très mal, mais il faut maintenant regarder en avant, insiste pour sa part le président du syndicat des employés d’entretien, Steeve Belzile.

« Mettre ça de côté »

« Ce que Richard Garneau a dit le printemps dernier, il faut mettre ça de côté », précise le syndicaliste. Il rappelle que la situation s’est améliorée depuis, et particulièrement depuis l’entrée en poste en aout 2017 d’un nouveau directeur d’usine et ancien directeur d’entretien à l’usine de PFR à Alma, Jacques Ritchie. « Il a mis l’épaule à la roue où il faut. (…) Il faut envoyer un signal à la région que l’usine va mieux et que la restructuration se poursuit », ajoute-t-il.

Ce dernier admet qu’il manque de main-d’œuvre, principalement du côté de l’entretien. Le recrutement d’électriciens, d’électroniciens et d’employés en instrumentation est particulièrement difficile. À la suite du discours du printemps dernier, de travailleurs plus jeunes ont quitté le bateau pour un emploi chez Hydro-Québec ou encore à l’aluminerie Alcoa.

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