“C’est un film qui doit beaucoup à Baie-Comeau” – le réalisateur Bernard Émond

Par Charlotte Paquet 9 mars 2018
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Bernard Émond est à Baie-Comeau pour quelques jours afin de présenter son film ” Pour vivre ici “, tourné en partie chez nous il y a un an., Il s’agit d’un film sublime qui devrait toucher les gens de la Manicouagan au plus profond d’eux-mêmes. Photo Le Manic


Baie-Comeau – « C’est important d’être ici pour présenter mon film, car j’ai une dette à l’égard de la communauté de Baie-Comeau. C’est un film qui doit beaucoup à Baie-Comeau et qui n’aurait pas existé sans Cinoche. »

Celui qui parle ainsi, c’est Bernard Émond, le réalisateur du film Pour vivre ici, qui prend l’affiche vendredi soir au Ciné-Centre. Il restera en salle jusqu’à jeudi prochain.

Bernard Émond, que Le Manic a eu en entrevue vendredi après-midi, sera sur place, ce soir, pour les représentations de 19 h et de 21 h 15, en plus de participer à une causerie après la première. Un vin d’honneur sera aussi servi. Il présentera également son film lors des deux projections de l’après-midi de samedi.

Tourné en partie à Baie-Comeau en février 2017, Pour vivre ici raconte l’histoire de Monique (personnage principal joué par Élise Guilbault), une citoyenne de cette même petite ville de la Côte-Nord qui vient de perdre son mari, victime d’un infarctus alors qu’il se trouvait seul à son camp en hiver. Sa difficile traversée du deuil la conduira à Montréal, où habitent son fils et sa fille, des carriéristes submergés par le travail qui n’en ont que faire ou presque de la douleur de leur mère, mais aussi en Ontario, où elle a vu le jour.

Si le réalisateur considère avoir une dette à l’égard de Baie-Comeau, c’est notamment parce qu’il lui est redevable pour lui avoir tellement facilité les choses lors du tournage de Pour vivre ici. Il pense aussi aux figurants qui ont tous bénévolement accepté de jouer le jeu. Mais plus que tout peut-être, c’est qu’il est complètement fou de la ville.

Et si le film n’avait pas existé sans le Festival du film international de Baie-Comeau, Cinoche, c’est que Bernard Émond est tombé en amour avec la municipalité au fil de ses quelques passages à l’événement, dont une fois à titre de président d’honneur. Il s’est fait plusieurs amis dans la Manicouagan.

Un hommage aux régions

Pour vivre ici est un magnifique film, tant par son scénario et le déferlement d’émotions qu’il suscite que par les sublimes paysages d’hiver qu’il offre. C’est un film qui, selon Émond, rend hommage à la Côte-Nord, mais aussi aux régions en général. « Je suis né à Montréal, j’habite à Montréal, mais j’haïs Montréal », avoue celui qui dit aimer la vie des régions et les gens qui y résident.

Dans l’histoire de Monique, plusieurs Nord-Côtiers d’un certain âge (et des plus jeunes aussi) se reconnaitront par le dénigrement de leur région natale par ses enfants qui ont fait leur vie à Montréal. Ils se retrouveront aussi dans l’expression ” le fleuve me manque “, lancé par cette jeune femme native de Baie-Comeau et dont Monique se rapprochera à Montréal, en l’occurrence l’ancienne amie de coeur de son fils décédé.

Faisant partie de la catégorie des films contemplatifs plutôt que frénétiques, explique le réalisateur, Pour vivre ici est quasi absent des salles des régions, même s’il leur rend hommage à sa façon. « Le problème pour ce genre de film ci, c’est que la distribution est assez difficile en région », dit-il. Le film est présenté dans une douzaine de salles dans les grands centres et la réponse est bonne tant du côté des critiques que de celui des cinéphiles, selon lui.

Que ce soit au Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie ou encore au Saguenay-Lac-Jean, il est fort probable que Pour vivre ici soit projeté pour une seule représentation ou guère plus, et ce, dans le cadre de la programmation d’un ciné-répertoire.

Mais qu’à cela ne tienne, réaliser des films à la Bon Cop, Bad Cop n’intéresse en rien Bernard Émond. « Comme mes films marchent suffisamment en salle, je peux me le permettre », affirme-t-il.

Au visionnement de Pour vivre ici, le réalisateur souhaite que les gens prennent le temps d’être touchés, de décrocher et de retrouver d’une certaine façon le sens de la beauté. « On vit trop vite. On ne prend pas le temps d’être attentifs. La vie est belle et compliquée », avoue celui qui, tout comme le défunt mari de Monique dans son film, possède une “cabane”  qu’il a bâtie de ses mains et qu’il considère être ce qu’il a de plus précieux. « C’est vraiment un shack et c’est vraiment là que je suis le plus heureux », conclut-il.

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