L’érosion est inexorable – La pointe Paradis continue sérieusement de souffrir

Par Steeve Paradis 9 mai 2018
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Les vagues ont totalement arraché le système Rolodune placé au bout de la pointe Paradis. Les tuyaux ont été placés sur le terrain par la municipalité de Pointe-Lebel après les dégâts. Photo courtoisie

Les vagues ont totalement arraché le système Rolodune placé au bout de la pointe Paradis. Les tuyaux ont été placés sur le terrain par la municipalité de Pointe-Lebel après les dégâts. Photo courtoisie

Pointe-Lebel – La nature se fait impitoyable envers le bout de la pointe Paradis, à Pointe-Lebel. Ces dernières semaines, plusieurs mètres de rivage ont été avalés par la mer et le système Rolodune installé sur place n’a rien pu y changer.

« N’importe quel ouvrage installé là n’aurait pas empêché la côte de reculer », lance d’entrée de jeu le titulaire de la chaire de recherche en géoscience côtière de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), Pascal Bernatchez.

« Il y a vraiment eu beaucoup d’événements majeurs successifs ce printemps, des tempêtes avec de très fortes vagues. Au début avril, au bout de la pointe, les vagues ont arraché le couvert de glace et ont emporté le Rolodune qui était là », a indiqué le scientifique.

Ce dernier a expliqué qu’une autre tempête a suivi deux semaines plus tard, complétant le travail de démolition du rivage. « Pourtant, historiquement, c’est rare qu’il y a une forte tempête au printemps », enchaîne-t-il.

En train de disparaître

M. Bernatchez répète ce qu’il a déjà émis publiquement : la pointe Paradis « est carrément en train de disparaître » en raison de l’érosion et le mouvement s’accélère à vitesse grand V.

« Entre 1981 et 1996, la pointe avançait vers la mer à raison de 0,7 mètre en moyenne par année. À la fin des années 90, il y a eu renversement de situation et ça a commencé à reculer de 1 à 1,25 mètre entre 1998 et 2001. De 2001 à 2013, ce taux moyen de recul est passé à 2,5 mètres et entre 2013 et 2016, on observe des mesures extrêmes allant jusqu’à 12 mètres par année », explique le professeur et chercheur.

Ne blâmez pas le Rolodune

Pour Pascal Bernatchez, « il est un peu prématuré » d’affirmer que le système Rolodune n’est pas efficace pour contrer l’érosion, rappelant qu’ils sont installés sur trois sites différents « avec des degrés d’érosion différents ».

Si, sur le site du milieu, les tuyaux du Rolodune ont semblé être enterrés, le système s’est avéré efficace sur le site le plus à l’ouest. « Il s’est même formé des accumulations de sable entre le Rolodune et la côte », assure-t-il.

Le chercheur fait valoir que le Rolodune est un projet-pilote qui s’étire sur quelques années et que l’UQAR analyse présentement l’ensemble des données recueillies pour faire des recommandations. De plus, « l’objectif d’un banc d’essai, c’est justement de voir s’il y a place à l’amélioration ».

Il confie aussi que même si une tentative de contrer l’érosion ne donne pas sur le coup les résultats escomptés, « c’est important de tester de nouvelles solutions. Au Québec présentement, 85 % des ouvrages sont de l’enrochement ou des murs. Il y a pourtant une centaine de types de solutions dans la littérature », conclut Pascal Bernatchez.

Patience

Tout comme le chercheur, le maire de Pointe-Lebel, Normand Morin, recommande la patience et la prudence avant de conclure que le système Rolodune ne fonctionne pas.

« On s’attendait bien à ce que ce site-là (au bout de la pointe Paradis) allait se faire brasser plus que les autres. Les tempêtes frappent à différents angles et à différentes forces d’un endroit à l’autre », met en lumière l’édile.

« Il y a des sites qui vont bien fonctionner, d’autres qui vont moins bien fonctionner. C’est pour ça que c’est un projet-pilote », lance Normand Morin en rappelant au passage que la vaste étude de l’UQAR s’étend sur une période de quatre ans. « On ne peut pas savoir à l’avance si ça va marcher ou pas », lance-t-il en conclusion.

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