Leurre informatique et autres : Bruno Lavoie Santerre a fait 25 victimes

Par Charlotte Paquet 9 mai 2018
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La cour rendra sa décision, le 7 septembre, sur la peine à infliger à Bruno Lavoie Santerre. Photo archives Le Manic

Baie-Comeau – Les représentations sur la peine à infliger à Bruno Lavoie Santerre, un individu accusé principalement de leurre informatique à l’égard de 25 jeunes victimes, se sont tenues mercredi avant-midi au palais de justice de Baie-Comeau. Même si une suggestion commune de quatre ans d’emprisonnement a été formulée par les procureures de la Couronne et de la défense, le juge Michel Dionne a pris les choses en délibéré et rendra sa décision le 7 septembre prochain.

Lavoie Santerre est âgé de 30 ans et réside à Baie-Comeau. Le 20 décembre 2017, il a enregistré des plaidoyers de culpabilité à un total de 26 chefs d’accusation de leurre informatique, mais aussi de possession et de production de pornographie juvénile et de bris d’engagement.

Au départ, explique Me Pascale Gaudette, représentante du Directeur des poursuites criminelles et pénales, l’accusé faisait face à plus de 70 chefs dans différents dossiers. À la suite de regroupements, le nombre de chefs a été réduit et l’homme, représenté par Me Guylaine Trudeau, a admis sa culpabilité.

Les faits reprochés se sont produits entre 2012 et 2014. Pendant cette période, de nombreuses adolescentes âgées de 13 à 17 ans, provenant de la région et d’ailleurs, se sont fait prendre au jeu initié par l’individu derrière son écran d’ordinateur. S’adressant à elle d’abord avec des banalités, son discours empruntait une toute autre voie après quelques échanges. C’est alors qu’il y allait d’un langage très cru et à connotation sexuelle.

Pas une première

Bruno Lavoie Santerre n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice en relation avec des accusations de leurre informatique. Il a été arrêté en 2013, puis 2015. À chaque fois, il a été remis en liberté en s’engageant notamment à garder la paix, à avoir une bonne conduite et à se tenir loin d’Internet.

Finalement, en avril 2016, il a été reconnu coupable pour avoir sévi à l’égard de deux victimes, mais trois en incluant une victime virtuelle qui avait alors permis de le piéger. Il a ensuite tenté de faire renverser le verdict de culpabilité, mais la Cour d’appel l’a débouté, l’obligeant à purger d’emprisonnement d’un an et 327 jours qui a pris fin autour du 8 décembre.

Depuis, il se trouve en détention préventive en lien avec les nouvelles accusations qui, dans les faits, s’inscrivent dans la foulée de celles pour lesquelles il venait de faire du temps. Les longs travaux d’analyse de deux ordinateurs saisis en 2013 et en 2015 par la Sûreté du Québec ont permis de retracer plusieurs autres victimes. Comme le souligne Me Gaudette, les professionnels du service d’expertise informatique ont découvert d’autres conversations et d’autres photos explicites liées à de la possession et de la production de pornographie juvénile.

Le reportage du Manic

L’impact d’un reportage paru dans les pages du journal Le Manic en avril 2016 et partagé sur les réseaux sociaux a été soulevé en cour lors des représentations sur la peine. « Je dois vous dire que votre couverture médiatique a fait en sorte que des jeunes filles ont reconnu l’individu et ont porté plainte », a souligné Me Gaudette.

Au moins cinq victimes ont décidé de sortir de l’ombre. Selon la procureure, les adolescentes qui se retrouvent prises dans un tel engrenage sont souvent honteuses. Plutôt que d’en parler à leurs parents, elles suppriment les conversations et tentent de passer à autre chose.

« Je trouve ça important qu’elles puissent en parler à leurs parents. Le leurre informatique, c’est un crime en plein essor malheureusement », souligne la procureure. « Le message à faire passer, c’est que les jeunes filles ne doivent pas avoir honte. Ce ne sont pas elles qui sont fautives, c’est l’interlocuteur qui n’a pas le droit de faire ça », insiste-elle.

Fait à noter, même si Lavoie Santerre a fait 25 victimes, cinq d’entre elles ont été rencontrées par les enquêteurs de la SQ. Les 20 autres ont été identifiées par les « centaines, voire les milliers de conversations (et photos) analysées », souligne la représentante du DPCP, en faisant référence au contenu des deux ordinateurs.

Retour sur la peine

Fait à noter, en plus de la peine de quatre ans de pénitencier suggérée par la défense et la Couronne, diverses requêtes ont été adressées, notamment celle que l’individu soit déclaré délinquant à surveiller pendant une période de dix ans à la suite de sa libération.

Tout en notant les risque de récidive qu’il représente, Me Gaudette explique avoir également demandé qu’une ordonnance soit émise afin que Bruno Lavoie Santerre ne puisse, lorsqu’il aura purgé sa peine, se trouver dans des endroits fréquentés par des jeunes de moins de 16 ans ou encore occuper un emploi dans lequel il serait en situation d’autorité sur des jeunes. L’ordonnance vise également à l’empêcher d’utiliser Internet, sauf pour les fins d’un emploi, de la recherche d’un emploi ou encore pour communiquer avec ses proches.

Enfin, la Couronne a également réclamé que l’individu soit inscrit au registre des délinquants sexuels à perpétuité.

 

 

 

 

 

 

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