L’aluminium canadien est frappé d’une surtaxe de 10% aux États-Unis

Par Steeve Paradis 31 mai 2018
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Un travailleur a subi des blessures graves lors d'un accident survenu à l'aluminerie Alcoa samedi. La CNESST n'en a été informée que mardi matin. Courtoisie René Méthot

Baie-Comeau – Les États-Unis ont fini par mettre leurs menaces à exécution et imposent, à partir de minuit le 1er juin, des tarifs douaniers de 25 % sur les exportations canadiennes d’acier et de 10 % sur l’aluminium. L’industrie déplore évidemment cette décision tandis que du côté syndical, on reste zen pour l’instant.

Ces tarifs ont également été imposés au Mexique et aux pays membres de l’Union européenne. On se rappellera que l’administration du président Donald Trump avait lié l’exemption canadienne aux tarifs, jusque-là, à d’éventuels progrès dans les renégociations de l’Accord nord-américain de libre-échange. Visiblement, ces progrès ne sont pas du goût du département américain du Commerce.

« La décision de l’administration américaine d’appliquer des tarifs aux partenaires commerciaux essentiels, incluant le Canada, est regrettable et ne remédie pas à la surcapacité chinoise », a commenté la multinationale Alcoa, qui possède une usine à Baie-Comeau mais qui a son siège social chez nos voisins du sud.

L’entreprise demande au gouvernement américain de lever les tarifs imposés « aux partenaires commerciaux équitables et de travailler avec ses alliés pour se concentrer sur la surcapacité chinoise, la cause première des défis de l’industrie de l’aluminium ».

À court terme, le Syndicat national des employés de l’aluminium de Baie-Comeau « n’est pas trop inquiet car il n’y a pas suffisamment d’usines de production d’aluminium aux États-Unis pour répondre à la demande. Ils n’ont pas le choix de prendre leur aluminium au Québec », a lancé son président, Michel Desbiens.

« Mais ce qu’on ne sait pas pour l’instant, c’est comment le marché va réagir demain. S’il est en hausse, les entreprises vont pouvoir compenser (les tarifs douaniers) », a poursuivi M. Desbiens. « C’est sûr que si (le conflit) s’étire, ça peut devenir inquiétant, mais je suis confiant que ça devrait se régler assez rapidement. »

Pour sa part, l’Association de l’aluminium du Canada indique que « les consommateurs et les entreprises qui approvisionnent les consommateurs américains souffriront lorsque les prix augmenteront en raison de ces tarifs, ce qui nuira à la compétitivité de toute l’industrie nord-américaine de l’aluminium ».

Le gouvernement canadien a réagi à cette annonce des États-Unis en imposant à son tour jusqu’à un total de 16,6 G$ canadiens en surtaxes sur certains produits américains. L’Europe a déjà fait savoir depuis longtemps qu’elle répliquerait avec des tarifs douaniers sur des exportations américaines si des droits de douane étaient exigés sur son acier et son aluminium.