Yves Montigny argumente avec aplomb devant la Régie de l’énergie

Par Charlotte Paquet 28 juin 2018
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On aperçoit le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, et le directeur général de GPU.ONE, Vladimir Plessovskikh, qui ont tous deux défendu leur position devant la Régie de l’énergie la semaine dernière. Photo courtoisie

Baie-Comeau – Le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, a défendu avec vigueur et aplomb la légitimité des décisions de son conseil municipal touchant le réseau électrique municipal, mercredi, devant la Régie de l’énergie.

La Ville de Baie-Comeau étant propriétaire de son réseau de distribution (secteur Marquette), l’élu refuse d’être assujetti à l’imposition du tarif dissuasif de 15 cents le kilowattheure (kWh) qu’Hydro-Québec réclame, dans le cadre d’une ordonnance provisoire, pour tous les promoteurs liés à la technologie des chaînes de blocs et de la cryptomonnaie.

« C’est clair pour moi et je vais me battre pour m’assurer que les intérêts des citoyens passent au-dessus des intérêts d’une société d’État », a clamé l’élu après avoir défendu son point de vue lors de l’audience de la Régie de l’énergie, tenue à Montréal pendant deux jours.

M. Montigny s’est présenté là-bas avec la ferme intention de s’assurer que le promoteur GPU.ONE, avec lequel la Ville de Baie-Comeau a signé un contrat de livraison d’électricité en avril dernier, n’ait pas de bâtons dans les roues avec cette demande d’Hydro-Québec.

La municipalité a déjà accepté d’alimenter, à même son réseau électrique, le futur centre d’hébergement de données à la hauteur de près de 5 mégawatts (MW) dans une première phase. Elle compte aussi lui fournir les 10 MW additionnels réclamés par GPU.ONE puisque la capacité de son réseau le lui permet et qu’Hydro-Québec lui a donné le feu vert.

Mais le promoteur, qui possède déjà un centre de données à Mirabel, n’est pas prêt à brasser des affaires à Baie-Comeau à n’importe quel prix. Or, la Ville ne veut pas perdre l’important joueur qui pourrait sonner le départ d’une diversification économique axée sur le secteur de l’électro-intensif et lui permettre d’engranger de nouveaux revenus de taxes et de vente d’électricité. Elle a d’ailleurs déjà franchi des étapes en ce sens.

Les coudées franches

Le maire Montigny a demandé à la Régie de l’énergie de s’assurer que les municipalités propriétaires de leur réseau électrique, qui sont une dizaine, aient les coudées franches en matière de tarif électrique. Selon lui, Hydro-Québec a pris bien du monde par surprise lors de ses représentations devant l’organisme en soulignant ne pas vouloir reconnaître les contrats déjà signés par les municipalités ayant leur propre réseau. « Ça nous a carrément jetés à terre », affirme l’élu.

M. Montigny a bien souligné à la Régie que toutes les démarches effectuées par sa municipalité pour emprunter le chemin de la diversification et augmenter ses revenus reposaient sur un principe bien clair pour lui, soit sa pleine autonomie avec son réseau de distribution.

Or, aujourd’hui, son projet de développement est devenu un projet dissuasif et sa ville, une ville dissuasive, a-t-il lancé devant l’organisme. D’ailleurs, devant les délais et l’incertitude face aux tarifs liés aux projets de la technologie des chaînes de blocs et de la cryptomonnaie, un des promoteurs avec lesquels la Ville discute depuis plusieurs mois vient d’ailleurs de lui demander de fermer son dossier.

« On est convaincus qu’on a juridiction (sur notre réseau) en vertu de la Loi sur la Régie de l’énergie », a martelé le maire Montigny. « On espère de tout cœur qu’ils vont tenir compte de nos spécificités. J’ai l’impression d’avoir été bien entendu et clair », a-t-il ajouté.

Fait à noter, la Régie devra se prononcer ultérieurement sur les tarifs à imposer de façon permanente aux clients du secteur des chaînes de blocs et de la cryptomonnaie.

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