Érosion des berges – L’homme et ses barrages auraient aussi un impact

Par Steeve Paradis 2 août 2018
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Chez Hydro-Québec, on ne croit pas que les barrages, comme le barrage Daniel-Johnson à Manic-5, aient une influence majeure dans l’érosion des berges. Photo archives Le Manic

Chez Hydro-Québec, on ne croit pas que les barrages, comme le barrage Daniel-Johnson à Manic-5, aient une influence majeure dans l’érosion des berges. Photo archives Le Manic

Pointe-aux-Outardes – L’érosion des berges à Pointe-aux-Outardes n’est pas seulement due à des causes naturelles, croit Jean-Sébastien Fournier, l’un des citoyens directement touchés par l’érosion dans le secteur de la rue Labrie Est. Il estime que l’humain a aussi un rôle à jouer dans ce scénario, lui qui a interrompu le cours naturel des rivières avec ses grands ouvrages hydroélectriques.

À l’automne et au printemps derniers, Hydro-Québec a dû ouvrir les vannes de plusieurs de ses barrages dans la région en raison d’un surplus d’eau dans les réservoirs. M. Fournier a alors constaté un changement draconien, lui qui avait perdu trois mètres de terrain lors de la tempête du 16 novembre 2016.

« Après l’ouverture des barrages, il s’est accumulé quatre pieds de sable sur la plage. On nous dit que c’est (l’érosion) à cause des changements climatiques. Oui, mais il y a aussi des causes humaines », souligne le porte-parole du comité pour des solutions à l’érosion des berges de Pointe-aux-Outardes.

« Comprenez-moi bien. Je ne suis pas contre les barrages, on en a besoin, c’est évident, mais pourquoi ne pourrait-on pas dire que ce facteur est aussi important que les changements climatiques pour expliquer l’érosion? », a-t-il enchaîné.

Jean-Sébastien Fournier a fait valoir que la péninsule Manicouagan s’est formée par l’apport en sédiments provenant des rivières Betsiamites, aux Outardes et Manicouagan. Sans cet apport, la péninsule s’érode peu à peu.

« Le fait est démontré mais pas publicisé, parce que ça met Hydro-Québec dans le bain de l’érosion. Pourtant, à peu près partout où il y a des barrages, la même chose est arrivée », a soutenu M. Fournier qui, ainsi, souhaite dans un monde idéal que la société d’État mette la main dans ses goussets pour aider financièrement à la protection des berges.

Pas un facteur majeur

Du côté d’Hydro-Québec, on indique ne pas avoir d’études récentes par rapport au portrait de l’érosion à Pointe-aux-Outardes, mais selon la porte-parole régionale de la société d’État, Martine Lapierre, « les études précédentes n’ont pas conclu qu’Hydro-Québec était un influenceur majeur dans ce phénomène ».

Mme Lapierre reconnaît que les barrages peuvent être « un facteur d’influence potentiel », signalant toutefois que « l’érosion est présente partout sur la Côte-Nord, même là où il n’y a pas d’installations hydroélectriques ».

D’après la porte-parole, les trois facteurs majeurs de l’érosion sont les vagues, les marées et le régime fluvial, ajoutant par la suite que dans les facteurs humains, outre les barrages, on retrouve aussi le déboisement des berges, la villégiature et la circulation en VTT le long des rives.

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