Le dépotoir illicite près de Manic-5 est enfin nettoyé

Par Charlotte Paquet 25 octobre 2018
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Voici l’avant et l’après. Près de 341 tonnes de matières résiduelles ont été retirées de l’environnement. Courtoisie MERN

Baie-Comeau – Trois cent mille dollars. Oui, trois cent mille dollars, rien de moins. C’est la somme payée par les contribuables du Québec à même leurs impôts pour le nettoyage de l’imposant dépotoir illicite du lac Paradis, près de Manic-5.

Parce que des villégiateurs et autres utilisateurs du secteur se sont servis illégalement d’un territoire public pour y déposer leurs matières résiduelles au fil des ans, la facture de la remise en état du site a été refilée à l’ensemble de la population.

Le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) a récemment terminé le nettoyage. Exit les vieux électroménagers et les meubles, barils et autres objets de tout acabit. Pas moins de 341 tonnes de matières résiduelles ont été retirées. De ce nombre, 11 tonnes de matériaux ferreux ont été triées et acheminées vers un centre de recyclage.

Maintenant que le grand ménage est fait, les contrevenants du passé sont invités à le respecter. Le MERN rappelle qu’il est interdit de jeter des déchets et autres contaminants sur les terres du domaine de l’État. Les gens qui font fi de la réglementation s’exposent à des amendes variant de 1 000 $ à 10 000 $.

Deux affiches sont bien à la vue sur le site de l’ancien dépotoir clandestin afin de sensibiliser la population à la protection de l’environnement. Leur installation a été faite avec la collaboration de la MRC de Manicouagan.
Mis au fait de l’existence de l’incroyable amoncellement de débris près de Manic-5, le ministère l’a inscrit à son passif environnemental en avril 2016. Il aura donc fallu deux ans et demi avant que le nettoyage soit complété.

Content, mais conscient

S’il en est un qui se réjouit que le dossier soit clos, c’est bien Guillaume Otis, qui avait rendu la situation publique en mai 2016 par l’entremise d’une première vidéo partagée sur Facebook. Il récidivera avec des vidéos à l’été 2017 et l’été 2018.

« C’est vraiment très clean. Ils ont fini pratiquement au râteau à feuilles à ce qu’il paraît. Je suis très content, mais conscient que ça reste fragile », raconte-t-il, en insistant sur le fait que les gens doivent être sensibilisés à l’importance de préserver l’environnement intact.

Le citoyen possède un camp dans le secteur de Manic-5, où il travaille d’ailleurs comme pompier forestier. Il parcourt le territoire tantôt à pied, tantôt par la voie des airs. « J’ai la chance de côtoyer de beaux sites de villégiature. Même s’il ne faut pas généraliser, on peut facilement critiquer, car parfois, dans les environs, ce n’est pas toujours très propre », souligne-t-il.

M. Otis espère maintenant que les gens ne déplaceront pas le problème ailleurs et qu’un autre dépotoir clandestin ne poussera pas dans la nature. Il reconnaît que la sensibilisation de tout un chacun demeure un travail de longue haleine. « Je ne me mets pas la tête dans le sable », souligne-t-il en invitant la population à garder les yeux ouverts pour éviter le pire.

Pour en revenir à sa fameuse vidéo de 2016, il rappelle qu’à ce moment-là, il était au fait de l’existence du dépotoir depuis son embauche par la Société de protection des forêts contre le feu en 2012. Or, un beau jour, un peu sur un coup de tête, il explique être parti avec son téléphone cellulaire pour filmer le site et commenter ce qu’il voyait. « Je me suis alors dit que si personne ne fait rien, on va encore être là à chialer dans 10 ans », raconte-t-il.

Des décennies de déchets

Le citoyen considère qu’il y avait des décennies de déchets amoncelés là-bas. Il dit avoir découvert que le désormais ancien dépotoir du lac Paradis serait situé à l’endroit même où se trouvait, dans les années 60, le dépotoir en tranchées du village du lac Louise. C’était à l’époque des travaux de la construction du barrage Daniel-Johnson et de sa centrale.

« Le dépotoir a été abandonné, mais je pense que les villégiateurs ont pris pour acquis (qu’ils pouvaient y laisser leurs déchets), même si c’était une pratique malsaine », conclut M. Otis.

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