« La pénurie est déjà là » – Nancy Gagnon, coiffeuse propriétaire

Par Charlotte Paquet 16 janvier 2019
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Nancy Gagnon, coiffeuse propriétaire du salon Mistral coiffure, considère que la pénurie est bien présente dans le domaine de la coiffure. Photo Le Manic

Nancy Gagnon, coiffeuse propriétaire du salon Mistral coiffure, considère que la pénurie est bien présente dans le domaine de la coiffure. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Même si le Centre de formation professionnelle et générale de Manicouagan (CFPGM) prévoit une pénurie de main-d’œuvre dans le domaine de la coiffure dans un horizon de cinq à sept ans si rien ne change, pour la propriétaire du salon Mistral coiffure à Baie-Comeau, Nancy Gagnon, « la pénurie est déjà là ».

Lorsqu’elle a acheté le salon dans lequel elle louait une chaise, il y a cinq ans, le manque de coiffeuses ne se faisait pas sentir. « Avant, je ne voyais pas venir qu’on allait manquer de coiffeuses comme ça », avoue celle qui pratique ce métier depuis 34 ans.

Mistral coiffure compte huit chaises en location, dont deux sont inoccupées. « Ça, c’est tel que tel », souligne la femme d’affaires. Ce qui l’inquiète davantage, c’est que deux de ses coiffeuses, l’une dans la cinquantaine et l’autre dans la soixantaine, parlent de retraite. Si elles vont de l’avant, c’est la moitié de ses chaises qui seraient libres. Or, la relève se fait très rare.

Nancy Gagnon a participé aux deux rencontres organisées en octobre et en novembre par le CFPGM au sujet des problèmes de recrutement d’étudiantes en coiffure et de la situation de la main-d’œuvre dans le domaine.

Elle espère une augmentation du nombre d’étudiantes, mais pour le moment, elle ne sait trop comment se positionner par rapport au programme d’apprentissage en milieu de travail qui leur a été présenté, mais qui nécessiterait que les participantes soit à salaire plutôt que travailleuses autonomes.

Rémunération et revers

La propriétaire concède que la rémunération des nouvelles diplômées pourrait être une bonne chose pour renverser la situation, mais le principe a tout de même ses revers. Cela aurait évidemment un coût pour les employeurs, même si le programme prévoit un crédit d’impôt pour eux.

De plus, à leurs débuts dans le métier, les jeunes coiffeuses doivent se monter une clientèle, ce qui ne se fait pas en criant ciseaux.

Nancy Gagnon note aussi que les coiffeuses qui louent leur chaise dans les salons pourraient aussi voir d’un mauvais œil que des clients soient dirigés vers la nouvelle venue à salaire alors qu’elles ont des plages horaires libres dans leur journée. Or, pour les propriétaires des salons, ce serait évidemment plus avantageux de remplir les journées de travail des coiffeuses qu’elles paient.

Ce sont des éléments comme ceux-là qui doivent être pris en compte, selon Nancy Gagnon. Bien consciente que la pénurie de coiffeuses risque de s’aggraver, elle ne ferme cependant la porte à rien. « Si je ne suis pas perdante là-dedans, ça va me faire plaisir d’embaucher des étudiantes ici et de leur donner leur chance », assure-t-elle.

Une jeune coiffeuse

Parmi les six coiffeuses qui louent une chaise au salon Mistral Coiffure, l’une pratique le métier depuis 2015 seulement. Âgée de 26 ans, Marie-Michèle Dupont a aujourd’hui une belle clientèle, mais les débuts ont été ardus, concède-t-elle.

Pendant une certaine période, elle a occupé deux emplois pour arriver financièrement. C’est avec son deuxième emploi qu’elle a pu payer ses premiers ciseaux, séchoir et autres équipements et produits pour travailler.

Client ou non à son horaire, Marie-Michèle Dupont restait au salon la plupart du temps afin d’être prête à faire une coupe de cheveux ou une mise en plis à des clients qui auraient pu se présenter à l’impromptu. « C’est dur pour le moral », précise-t-elle.

La jeune femme affirme qu’il lui a fallu deux ans pour se monter une clientèle. Comme elle voulait vraiment pratiquer le métier de coiffeuse, elle dit avoir persévéré et sa détermination a été payante en fin de compte.

Quand elle a commencé sa formation en coiffure, elle faisait partie d’un groupe de 24 étudiantes. Finalement, six seulement ont gradué. Parmi elles, Marie-Michèle Dupont croit être la seule, ou sinon l’une des deux seules, à travailler dans le domaine.

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