Après 62 ans à Baie-Comeau, Guy Richard rentre au bercail

Par Steeve Paradis 6:00 AM - 10 juin 2019
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Malgré ses nombreuses occupations, Guy Richard prenait quand même le temps de profiter de la nature de la Côte-Nord. Photos courtoisie

Baie-Comeau – Après plus de 60 ans à Baie-Comeau, l’appel des racines a été entendu par Guy Richard. L’homme bien connu pour son grand engagement dans plusieurs sphères de la société vient de retourner dans sa région natale du Nouveau-Brunswick, laissant derrière lui de nombreux souvenirs et autant de bons amis.

Natif de Sainte-Anne-de-Kent, un village situé pas trop loin de Shediac, sur la côte est du Nouveau-Brunswick, Guy Richard débarque à Baie-Comeau en 1957, attiré par son sport préféré. « Un ami m’avait référé pour jouer au hockey une saison ici. J’avais enseigné un an à Shediac et j’avais trouvé ça difficile. J’ai sauté sur l’occasion et finalement, ce fut un an qui s’est étiré pas mal », confie l’homme âgé de 82 ans, avec un sourire.

C’est le hockey qui a d’abord fait connaître M. Richard à Baie-Comeau. Ce grand amateur de ce sport, « autant pour le regarder que pour le pratiquer », a joué une bonne quinzaine d’années à un haut niveau dans la région. « Baie-Comeau, c’était la place idéale pour faire du sport, Tout était gratuit, ou à peu près, et il y avait toujours de bons joueurs qui venaient de l’extérieur », a-t-il ajouté.

À son arrivée en 1957, Guy Richard s’est aussi déniché au boulot dans les bureaux de la toute naissante usine de la Canadian British Aluminium (CBA), aujourd’hui propriété d’Alcoa. Les aléas de la vie l’ont cependant rapidement renvoyé dans l’enseignement.

« Rendu à Noël, il manquait de professeurs du côté du secondaire francophone, à l’école Querbes », explique-t-il. « Les commissaires d’école ont approché la CBA pour savoir s’ils me laisseraient enseigner, vu que j’étais diplômé. J’y ai repris goût à l’enseignement et à la fin de l’année, il y avait un manque du côté anglophone catholique. J’y suis allé et j’y suis resté. »

Une carrière de 35 ans

Guy Richard fera ainsi carrière en enseignement, y passant 35 ans de sa vie. Il a enseigné une dizaine d’années avant de passer du côté de la direction. « J’ai fait pas mal le tour de toutes les écoles de la ville », a-t-il lancé. Durant sa carrière, il a notamment travaillé à la fusion des écoles anglophones catholique et protestante, à laquelle a participé la Quebec North Shore Paper, à peu près propriétaire de la municipalité à l’époque. « Ce fut à ma connaissance la première fusion du genre dans la province », a-t-il fait valoir.

Entreprenant maintenant une nouvelle étape de la vie, M. Richard soutient que son départ s’est fait trop vite. « La vente de la maison a été plus rapide que prévue et tout s’est précipité », avoue-t-il avec un pincement au cœur.

S’il pose ce geste, c’est principalement que six des frères et sœurs de M. Richard sont installés à Shediac. « Ça faisait plusieurs fois qu’ils me demandaient pourquoi je ne rentrais pas au bercail. Je me sentais un peu loin ici, la maison (coin Laurier et Mance) était grande et son entretien commençait à me peser. Je voulais quelque chose de plus simple. »

« C’est une autre genre de vie qui m’attend là-bas, plus tranquille, enchaîne-t-il. Je vais voir comment ça va aller, mais je vais sûrement revenir à Baie-Comeau à l’occasion. J’ai de bons amis ici. »

Près de 30 ans en politique municipale

La politique municipale est sûrement l’autre champ d’intérêt, après le hockey et l’éducation, pour lequel le Néo-Brunswickois d’origine est devenu un homme connu à Baie-Comeau. Il a baigné dans ce monde durant 29 ans.

M. Richard a démarré sa vie politique en 1969, dans ce qu’il appelle un accident de parcours. « J’ai été approché par un groupe de professionnels de la Ville, qui voulait quelqu’un d’impliqué dans les loisirs. À cette époque, je jouais au hockey senior », se remémore celui qui a occupé le siège numéro 2 de l’ancienne ville de Baie-Comeau de 1969 à 1982.

« Au début, c’était durant l’ère du maire Henry Leonard. Il y avait des grands projets, comme la construction de l’aréna (qui porte désormais le nom de l’ex-maire) et la démolition du vieux centre BCCA (Baie-Comeau Community Association) au centre-ville. Cette démolition en a fait jaser plusieurs, dont ma femme, qui n’était pas de bonne humeur », se souvient l’ex-conseiller municipal.

« À ce moment-là, Baie-Comeau a roulé pas mal et le sport a pris encore plus d’ampleur. C’était une belle aventure parce qu’on travaillait ensemble dans ce temps-là. Il n’y avait pas d’organisation pour s’opposer ou dénigrer. C’était vraiment plaisant. »

À décoder les paroles de Guy Richard, on peut comprendre que l’autre étape de son engagement politique, celui de l’époque de la fusion entre Baie-Comeau et Hauterive, a été nettement moins facile. Il n’en garde d’ailleurs pas un bon souvenir.

« La fusion, c’est le bout moins intéressant. Ça a été long, difficile, dur sur le système. Ce n’était pas dans ma nature d’embarquer dans de pareilles chicanes et j’ai l’impression que tout ça mis bout à bout, ça démolit un peu son homme », a-t-il conclu.

À la table du conseil de la ville fusionnée, l’homme a complété quatre mandats de quatre ans. Il a été élu en 1982, 1986, 1994 et 1998.

Guy Richard a également été impliqué dans une foule d’organismes. Comme nous n’avons pas la nomenclature complète, signalons qu’il a, entre autres, été président de la Société du port ferroviaire Baie-Comeau-Hauterive (SOPOR). Il a aussi fait partie des membres fondateurs de la corporation Sainte-Amélie…ouverte à la vie.

M. Richard profite d’ailleurs de cette rencontre avec Le Manic pour remercier et saluer tous les gens qu’il a connus et qu’il a appréciés à travers son engagement bénévole, social, sportif, économique, éducationnel et politique. Il aurait bien voulu le faire de vive voix auprès de tout ce monde, mais le cours des choses l’aura bousculé pour ce faire.

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