Prévention du suicide : plus de sentinelles pour les agriculteurs

Par Johannie Gaudreault 9:08 AM - 12 mars 2020
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Le milieu de l’agriculture étant ce qu’il est, il faut des sentinelles pour détecter les signes de détresse chez les travailleurs. Quelque 12 personnes suivront la formation Agir en sentinelle pour la prévention du suicide – déclinaison agricole le 24 mars à Forestville.

Selon un sondage effectué par l’Association canadienne de sécurité agricole auprès de 1 100 agriculteurs, 35 % de ceux-ci répondent aux critères de la dépression alors que 45 % se sont dits stressés, comparativement à 27 % pour la population générale. Aussi, 40 % d’entre eux ont indiqué ne pas être à l’aise de demander l’aide d’un professionnel.

Les facteurs de stress rencontrés sont l’imprévisibilité de la météo (66 %), les charges de travail (60 %), les exigences environnementales (57 %), la diminution des revenus (55 %), la rareté de la main d’œuvre (51 %), l’endettement (49 %) et les bris de machines (45 %).

Pour Gladys Tremblay, directrice générale du Centre de prévention du suicide (CPS) Côte-Nord, il est important de former des sentinelles dans chaque milieu de travail, « mais les agriculteurs plus particulièrement en raison des nombreux stress qu’ils vivent ».

Formation

C’est en 2016 que l’Union des producteurs agricoles (UPA) et l’Association québécoise de prévention du suicide ont mis en place une formation sentinelle adaptée à la clientèle agricole. Celle-ci a été conçue en raison de la méconnaissance des ressources disponibles, du nombre important de personnes ressentant de la détresse psychologique et du manque de soutien provenant de l’entourage.

« La formation permet d’abord de reconnaître les signes de détresse comme les messages verbaux directs et indirects, les indices comportementaux, émotionnels et cognitifs ainsi que les symptômes de dépression (fatigue, perte ou gain de poids, humeur) », explique Mme Tremblay.

En ce qui concerne les messages verbaux, la personne suicidaire peut exprimer directement son envie de mourir par des phrases comme « je veux me tuer » ou « je n’ai plus le goût de vivre ». Elle peut aussi le mentionner indirectement en disant, par exemple, « je pars pour un long voyage » ou « vous allez avoir la paix bientôt ».

Par indices émotionnels, la directrice veut dire « de l’irritabilité, de la tristesse, un désintéressement général ou un changement d’humeur marqué ». Au niveau comportemental, la personne en détresse s’isolera davantage, fera le don d’objets significatifs, consommera plus d’alcool ou de drogue qu’habituellement ou mettra en ordre ses papiers testamentaires, entre autres.

Des mises en situation démontrent des pistes de solution ou des façons de réagir face à la détresse d’un proche. « Les gens n’osent pas toujours poser la question à savoir s’il veut se suicider, mais il faut la poser directement et ne pas passer par quatre chemins. Ensuite, ils doivent référer la personne à un organisme en lien avec la problématique vécue », soutient Gladys Tremblay.

Il est encore possible de s’inscrire à la formation gratuite du 24 mars de 8 h 30 à 16 h 30 au restaurant le Danube bleu à Forestville, qui sera donnée par Catherine Lévesque du CPS Côte-Nord. Pour ce faire, il faut contacter Manon Vial de l’UPA de la Côte-Nord au 418 872-0770, extension 202 ou par courriel à manon.vial@upa.qc.ca.

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