COVID-19 : Les défis des producteurs nord-côtiers

Par Johannie Gaudreault 10:55 AM - 14 avril 2020
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Marie-Pierre Fortier, propriétaire d’Herbamiel à Sacré-Cœur.

En lançant le mouvement Mangeons local plus que jamais!, l’Union des producteurs agricoles (UPA) veut conscientiser la population à l’importance de l’agriculture locale. « Il faut maximiser les achats locaux, dans un circuit court », approuve Yves Laurencelle, président de l’UPA de la Côte-Nord.

Selon M. Laurencelle, la pandémie de la COVID-19 créera un revirement dans la façon de consommer des gens. « C’est plate que ça prenne un événement épouvantable comme celui-là pour démontrer à quel point les producteurs locaux sont essentiels pour garnir notre garde-manger », estime-t-il.

Les 127 producteurs agricoles de la Côte-Nord font présentement face à des inquiétudes concernant leur saison 2020. « Le retardement de l’embauche de travailleurs étrangers, la diminution de la production laitière, le vétérinaire de Charlevoix qui ne peut plus traverser pour une urgence la nuit, les fermetures d’usine sont tous des causes de stress en ce moment », déclare Yves Laurencelle.

Toutefois, la majorité des agriculteurs nord-côtiers poursuivent leurs opérations, en instaurant des mesures sanitaires plus strictes.

« Ma boutique physique est fermée, mais je continue de vendre en ligne et les clients peuvent venir ramasser leur commande sur place, sans contact », mentionne Marie-Pierre Fortier, propriétaire d’Herbamiel à Sacré-Cœur.

Quant à sa production, elle n’est pas retardée puisqu’elle travaille seule, mais elle a annulé la venue de bénévoles et stagiaires sur la ferme pour cette année.

« Cet été, j’aurai des modifications à faire pour que ma boutique permette l’entrée de clients et visiteurs tout en respectant la distanciation sociale de deux mètres », soutient l’apicultrice haute-nordcôtière.

Production laitière
Au niveau de la production laitière, la ferme Claude Perron de Sacré-Cœur ne doit pas passer son quota.

« Je n’ai plus de pourcentage en surplus à produire ou de journées additionnelles, comme c’était le cas avant. Donc, les revenus diminuent un peu, mais je ne dois pas jeter de lait pour le moment», affirme le copropriétaire de l’entreprise familiale de cinquième génération, Jason Perron.

La ferme laitière vend sa production à la Fromagerie St-Fidèle qui la transforme en fromage suisse. Leurs produits étant vendus dans les grandes surfaces comme Costco, la demande demeure encore forte, selon M. Perron.

Toutefois, il recevra 20 $ en moins par 100 litres de lait dès le mois prochain en raison de la diminution des ventes aux restaurants, hôtels, écoles, etc.

À la ferme Claude Perron, des mesures ont été mises en place afin de contrer la propagation du coronavirus. « Nous avons installé une affiche Biosécurité à la ferme et nos visiteurs doivent se désinfecter les mains, porter des bottes avec du plastique, entre autres », d’expliquer Jason Perron.

L’hiver, seulement deux employés (Jason et son père) travaillent à la ferme, mais l’été, ils embauchent des étudiants.

Bleuets

’industrie du bleuet ne vit pas d’impact en raison de la pandémie, pour l’instant. « Les usines de congélation sont à pleine capacité dans la région », confirme Daniel Harvey, président de l’Association des producteurs de bleuets de la Côte-Nord. Mais, les producteurs ont d’autres casse-têtes.

« Nous pensons déjà aux moyens de respecter la distanciation sociale dans les champs et à trouver de la main-d’œuvre locale puisque les immigrants ne pourront pas franchir les frontières, atteste M. Harvey. Nous sommes aussi en attente en ce qui concerne la livraison d’engrais, l’accessibilité de la machinerie, l’achat d’équipement spécialisé comme les pollinisateurs. »

Daniel Harvey applaudit l’initiative de l’UPA pour inciter les gens à manger localement.

« Les bleuets du Chili, par exemple, ils doivent être livrés ici par avion et non en bateau. Donc, imaginez l’empreinte environnementale que ça entraîne, alors qu’on en a des frais de chez nous », témoigne-t-il.

L’UPA recommande de manger localement pour découvrir la diversité et la qualité des produits d’ici, s’approvisionner en aliments frais et de qualité, diminuer notre empreinte environnementale et contribuer à « un mouvement incarné par les producteurs et porté par la population ».

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