Rolodune à Pointe-Lebel : le chercheur responsable en tire des leçons positives
En avril 2018, deux tempêtes successives ont eu raison des rolodunes installés l’année précédente sur deux des trois sites du banc d’essai.
L’expérimentation du système Rolodune pour freiner l’érosion des berges a beau avoir pris fin abruptement un an plus tôt que prévu dans le secteur de Pointe-Paradis à Pointe-Lebel, le chercheur Pascal Bernatchez en tire des leçons encourageantes.
Professeur et titulaire de la Chaire de recherche en géoscience côtière à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), M. Bernatchez et son équipe étaient responsables du suivi scientifique de l’expérience lancée en juin 2017 et devant se terminer à la fin de 2020. Le rapport final est attendu dans les prochaines semaines.
« Il y a quand même des leçons à tirer de ce système-là », souligne-t-il, en faisant référence à des améliorations qui pourraient être apportées pour le bonifier.
La façon dont les rolodunes se sont comportées démontre que l’angle pour la jonction des pièces maîtresses du système, soit d’immenses tuyaux similaires à des ponceaux, gagnerait à être modifié.
Même chose pour les ancrages à l’aide de sangles. L’expérience a démontré qu’il fallait modifier les façons de faire afin d’assurer qu’ils tiennent solidement en place.
Un rare banc d’essai
Déployé à l’aide de tuyaux ressemblant à des ponceaux, mais qu’on avait pris bien soin de trouer sur le dessus avant de déposer des sapins devant, soit du côté de l’eau, le système Rolodune aura été un des très rares bancs d’essai pour lutter contre l’érosion des berges.
« Et c’est d’autant plus intéressant que c’est venu de l’approche d’un citoyen », a précisé le chercheur, en faisant référence à l’initiateur de Rolodune et architecte retraité habitant au bout du secteur de Pointe-Paradis, Laurie Gauthier.
« Au Québec, 95 % des ouvrages de protection, ça se résume en de l’enrochement et des murs (de béton) alors qu’il existe une multitude d’autres solutions qui pourraient faire l’objet de bancs d’essai pour tester (selon différentes conditions) », a-t-il indiqué, tout en insistant sur le fait « qu’il y a place à tester des nouvelles mesures d’adaptation en zones côtières ».
Un site a bien fonctionné
Trois sites faisaient partie de l’expérimentation. Dans le cas des deux situés plus à l’est de Pointe-Paradis, où l’érosion était très marquée avec un recul des berges de sept à huit mètres par année de 2013 à 2016, il n’aura fallu qu’un an pour que le système montre ses limites.
M. Bernatchez rappelle cependant que deux événements météo consécutifs survenus en avril 2018 ont eu le dessus sur les rolodunes, déjà gorgés de glace, qui ont été déplacés par la glace côtière.
Par contre, du côté du troisième site situé le plus à l’ouest, donc près du village, le recul de la berge en raison de l’érosion, autour de deux mètres par année de 2013 à 2016, s’est pratiquement stabilisé dès la première année et un rechargement de sable sur la plage a même été observé ensuite. « Dans ces circonstances, on constate qu’un système sur trois a permis de réduire l’érosion côtière. »
Le chercheur en vient à la conclusion que lorsque les valeurs de recul des berges vont de faibles à modérées, « ce système (Rolodune) pourrait être efficace ».
Menacée de disparition
Pascal Bernatchez continue de prédire la disparition pure et simple de la pointe de sable à l’extrémité de Pointe-Paradis. Selon lui, « il n’y a aucun système (de protection) qui serait efficace, car les valeurs de recul sont beaucoup trop élevées », poursuit-il. Il parle d’une perte de 20 mètres de 2016 à 2018.
Le chercheur rappelle qu’historiquement, les courants côtiers transportaient vers Pointe-Paradis le sable provenant de la sortie de la rivière Saint-Athanase à Baie-Saint-Ludger, alors victime d’une érosion accélérée. Or, depuis quelques années, un phénomène inverse se produit. Les sédiments se déplacent dans l’autre direction, ce que tentent de comprendre M. Bernatchez et les membres de son équipe.
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