La SQDC, est-ce un besoin?

Par Dave Savard 8:00 PM - 9 avril 2021
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Quelle que soit notre opinion à propos de la Société québécoise du cannabis (SQDC) à Baie-Comeau, elle soulève un problème que vivent bien des gens, surtout nos jeunes, non seulement sur la Côte-Nord, mais partout dans le monde en ce qui concerne la dépendance à certaines drogues qui sont dommageables à la santé.

Mon souhait n’est pas de rouvrir le débat sur la légalisation du cannabis au pays puisque c’est chose faite, mais plutôt de vous présenter le concept d’acrasie. Je suis conscient que ce mot ne vous dit probablement rien, et c’est tout à fait normal. Il s’agit d’un terme utilisé par Platon et Aristote, philosophes de l’Antiquité, qui signifie le fait d’aller à l’encontre de son meilleur jugement par faiblesse de la volonté.

Compris ainsi, comment ce mot s’applique-t-il au défi que vivent certaines personnes avec la dépendance à certaines drogues?

En fait, la plupart des philosophes s’entendent pour dire qu’il y a deux façons de concevoir l’être humain. D’un côté, nous sommes des êtres autonomes et libres, en ce sens que chaque personne vit sa vie selon son propre entendement. C’est ce que nous appelons le libre arbitre, soit la faculté de se déterminer sans autre cause que la volonté, sans aucune influence extérieure.

De l’autre côté, nous sommes des êtres dépendants avec des besoins tels que boire, manger, parler, entretenir des liens affectifs, rechercher un confort matériel, etc… Ces besoins (c.-à-d. nos dépendances) peuvent être fondamentaux ou superficiels, soit d’une influence intrinsèque (comme l’instinct) ou extrinsèque (comme les politiques et les préjugés moraux).

Ici, la question est de savoir comment répondre à nos besoins tout en nous affirmant libres. Autrement dit, comment concilier ces deux réalités qui définissent qui nous sommes sans trop nous y perdre? Est-ce possible de nous affranchir complètement de nos dépendances et quel est le lien avec la SQDC à Baie-Comeau?

La SQDC n’est-elle pas frappée par un fléau qui témoigne de la nature même de l’être humain? C’est pourquoi la démarche des philosophes grecs Platon et Aristote s’applique encore de nos jours au problème de la dépendance. En fait, ne pourrions-nous pas parler de certaines accoutumances chez l’être humain? Accoutumances auxquelles la SQDC cherche à répondre.

Il y a donc un réel questionnement qui s’impose si nous croyons qu’il n’y ait qu’une seule manière de répondre aux dépendances qui orientent notre vie et, plus particulièrement, si nous nous imaginons pouvoir résumer la SQDC comme une mauvaise ou une bonne chose pour la société québécoise.

Quelle que soit notre opinion à ce sujet, il y a des gens qui vivent avec le défi de trouver une manière de répondre à leurs besoins, et cela, de différentes manières (illégales ou légales). Enfin, j’aime l’idée selon laquelle la SQDC à Baie-Comeau offre une manière différente de répondre à des besoins, et cela, même si cette méthode ne fait pas l’unanimité dans la société québécoise de nos jours.

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