Rester ou partir?

Par Oumou Bah 6:00 AM - 1 avril 2021
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Depuis la « Co-VIE 19 », si je puis dire, retourner dans sa région natale est un défi pour les Canadiens. À côté de cela, pour les étrangers, rentrer dans son pays d’origine tient du parcours du combattant. Le mot « voyager » n’est plus synonyme de rêverie et d’excitation, mais de doute et d’inquiétude.

Qui aurait deviné qu’un de ces jours, choisir entre rester ou partir aurait été si complexe? Loin de nos familles, seuls dans cette période incertaine, aventurières et aventuriers au Québec et partout dans le monde, on s’est retrouvé ou se retrouve face à ce dilemme.

Un sentiment de regret nous envahit, nous qui ne sommes pas retournés près de nos proches quand c’était encore « si facile ». Quand rien ne nous retenait et qu’aucune barrière n’était érigée devant nous. Sauf l’océan. Océan qui paraît si petit face à ce virus qui n’en finit plus.

L’expression « contre vents et marées » laisse place à « contre tests et procédures » pour rejoindre ceux qu’on aime. Au début, emplis d’optimisme, on repoussait seulement la date de départ, « je viendrai quand ça ira mieux », disions-nous à nos proches, certains que c’était seulement pour une courte période. Parce que tout ne va pas mieux.

La recherche du billet d’avion sans trop d’escales, le covoiturage limité, les tests de dépistage au départs et à l’arrivée, à l’aller comme au retour, le port du masque pendant au moins sept heures en altitude, sans compter les heures dans les aéroports, l’hôtel à 2 000 $ au retour…Peut-être faut-il y aller maintenant ? Avant que ça ne soit pire. Alors je reste ou pars?

Dans ce tourbillon d’interrogations, nos émotions s’entrechoquent. La tristesse de la distance, l’envie de retrouver son chez soi et le manque de nos êtres les plus chers remplissent nos yeux de larmes voilant ainsi l’inéluctable : la menace est un virus qui ne connaît aucune frontière.

Toutes ces mesures en place nous éloignent de nos proches afin de protéger leur santé. Parce que la distance est devenue une manière de témoigner qu’on tient à l’un et l’autre, il faut éviter de voyager autant que possible.

Mais s’il se passait l’inévitable? Un simple coup de téléphone pour faire comprendre qu’un être cher nous a quitté. Pourtant, c’est nous qui l’avons quitté en premier, bagages et courage en main. Dans ces circonstances, on ne pourra s’empêcher d’éprouver regret et culpabilité. On aurait dû faire notre possible pour retrouver notre famille, surtout parce que la menace est un virus qui ne connaît aucune frontière.

Malheureusement, face à une situation si incertaine, nos décisions relèvent d’une partie de poker. Le jeu de notre adversaire, la COVID, n’est guère prévisible. Notre visage, lui, trahit notre inquiétude et notre nostalgie de la vie où le prix du billet, la saison, le décalage horaire n’étaient que futilités.

Le temps passe et personne ne rajeunit. Alors si tu peux, vas-y! Parce qu’on n’a qu’une vie.