Âllo! On est là! Les jeunes adultes et la pénurie de main-d’œuvre

Par Mia Dionne 6:00 AM - 20 août 2021
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C’est en pleine saison touristique que l’on remarque que nos commerces ne sont pas toujours disponibles pour nous.

Pour les Baie-Comois, trouver un restaurant le dimanche relève d’une tâche fastidieuse. La tournée magasinage de nos petites boutiques locales est, elle aussi, considérablement écourtée cette journée-là. Les restaurateurs et les propriétaires n’ont d’autre choix que de réduire leurs heures d’ouverture s’ils veulent offrir des jours de repos mérités à leurs employés.

Dans les dernières semaines, nous avons appris que ce sont les adolescents de douze, treize et quatorze ans qui ont sauvé la mise des employeurs pour cette période estivale, car les jeunes de quinze, seize, dix-sept et dix-huit n’ont pas répondu à leurs appels. C’est ainsi qu’on les blâme pour cette crise de main-d’œuvre.

En tant que jeune adulte de dix-huit ans, entendre de partout que nous sommes des lâches sans ambition est insultant, surtout lorsque nous savons que ce n’est majoritairement pas le cas. Je travaille personnellement depuis plus de deux ans. Cet été, je concilie deux emplois à temps partiel pour réaliser un total d’heures de quarante heures par semaine.

Dans mon cercle d’entourage plus ou moins proche, absolument personne ne détient aucun emploi pour la saison estivale ou encore moins qui profite de la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE).

Les jeunes adultes sont sur le marché du travail. Ils ne se trouvent simplement pas aux endroits que vous attendiez.

Évidemment, nous vivons une pénurie de main-d’œuvre. En résultat, de nombreux postes sont à combler et plusieurs employeurs offrent de multiples avantages pour trouver des perles rares. Les élèves finissants du secondaire et les étudiants des cégeps ou des centres de formation professionnelle occupent une place, dans la plupart des cas, sur le marché du travail depuis quelques années déjà.

Alors, ce n’est pas une surprise que ces jeunes aient obtenu des emplois mieux payés et avec de meilleures conditions. À Baie-Comeau, les jeunes adultes travaillent pour la Ville, pour le CISSS de la Côte-Nord, pour nos hôtels, pour nos grandes entreprises telles qu’Alcoa ou Résolu, etc.

D’autre part, à notre âge, nous sommes déjà bien orientés sur nos futurs choix de carrière. Pendant, la saison estivale, plusieurs d’entre nous préfèrent gagner de l’expérience le plus tôt possible et réaliser des stages dans nos domaines d’études. Lorsque tout le monde s’arrache les employés, il va de soi que nous délaissions les emplois de fast-food, d’épiceries, de magasins à grandes ou petites surfaces et de restaurants.

On dit aussi des jeunes qu’ils sont lâches, car ils bénéficient de la PCRE. Bien, c’est peut-être le cas pour quelques-uns d’entre nous, mais je peux comprendre leur vision. Le gouvernement leur offre un montant qui satisfait entièrement leurs dépenses mensuelles.

En plus, ils peuvent profiter pleinement de leur été et se reposer de l’année scolaire qui vient de s’écouler et se préparer pour celle qui arrive, car l’école peut représenter une charge épuisante pour certains. Si on vous offrait un montant d’argent qui comblerait vos besoins financiers, en plus de pouvoir être en vacances, vous le refuseriez?

Les nouvelles générations veulent aussi redéfinir la conception du travail. Lorsque les dépressions liées à l’emploi, l’anxiété de performance et les burnouts prolifèrent beaucoup trop dans notre société, il est normal qu’on tente de redonner une nouvelle perception aux carrières. En fait, les jeunes ne veulent plus vendre des heures de leur existence en échange de quelques dollars, mais désirent plutôt mettre leur vie personnelle au premier plan.

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