La main de Dieu

Par Dave Savard 6:00 AM - 24 septembre 2021
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Récemment, je discutais avec un bon ami à moi qui m’a fait remarquer un phénomène contemporain qui, à mon humble avis, nous fait perdre au fil du temps des repères traditionnellement posés par notre imaginaire collectif.

Je parle de l’effritement de notre foi religieuse, du lien que nous avons avec une image qui, selon nos croyances, guide de manière consciente ou inconsciente nos actions quotidiennes, en particulier envers autrui. « Traite les autres comme tu voudrais être traité » ou « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse » ou encore « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » sont des formulations reflétant une éthique de réciprocité très répandue et qui, ici, fait majoritairement référence à la volonté de Dieu.

Il est important de comprendre que mon but n’est pas d’encourager les gens à conserver ou à retrouver la foi, voire de convertir les non-croyants puisque c’est, bien entendu, un choix personnel de croire ou non en quelque chose de divin. Toutefois, je crois qu’il est possible que le phénomène mentionné mène à l’estompage de nos repères moraux.

Ainsi, assistons-nous à un certain déclin de la moralité collective? Comment distinguer le bien du mal et agir adéquatement si la Règle d’or n’est pas enseignée ou invoquée, entendue et comprise? Cela pourrait devenir très compliqué, non? Que dire de la perte du sentiment d’appartenance à une communauté religieuse? De la perte de la solidarité et de la spiritualité, cette capacité à rester en contact avec son esprit, au profit de l’individualisme et du matérialisme? Il me paraît rassurant d’avoir déjà réponse à quelques questions existentielles plutôt que de vivre dans le doute.

C’est l’interrogation que mon ami et moi avions : où sont, de nos jours, nos repères moraux, ceux nous servant de compas, nous indiquant la bonne direction à prendre lorsque nous sommes confrontés à un dilemme éthique? Dostoïevski, grand écrivain et philosophe russe, a écrit dans Les frères Karamazov : « Si Dieu n’existe pas, tout est permis », il y a de cela plus d’un siècle.

Alors, si nous n’avons plus peur de rien, y compris de la main de Dieu, qu’est-ce qui nous arrête de commettre des gestes immoraux? Bien sûr, il y a la justice, me direz-vous. Mais c’est dans ses angles morts qu’errent les malfaiteurs, d’autant plus qu’elle a ses limites, alors qu’un être omniprésent arrive certainement à peser plus lourdement sur la conscience, selon moi.

Il y a aussi l’empathie, cette capacité de se mettre à la place d’autrui, qui se développe avec les relations humaines. Ces dernières étant de plus en plus numériques, sans compter l’égoïsme grandissant d’une société capitaliste, c’est à se demander si l’être humain en sera capable encore longtemps.

Enfin, la main de Dieu rappelle à l’ordre ceux qui ont la foi et encadre leurs actions. Mais dans le cas contraire, si la tendance se maintient, qu’est-ce qui pourra arrêter l’immoralité? Qu’est-ce qui nous effraiera si ce n’est plus le courroux divin? Est-ce que le fait d’être continuellement exposés au regard de son prochain, notamment sur les réseaux sociaux, suffira à éviter un énième génocide, une troisième guerre mondiale, l’asservissement d’un groupe minoritaire, etc.?

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