La Manicouagan entre stabilité et renouveau

Par Raphaël Hovington 9:30 AM - 26 novembre 2021
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Les dés sont jetés. La Manicouagan a choisi la stabilité et la continuité lors des élections du 7 novembre dernier en reportant au pouvoir 28 des 58 élus (59 postes à combler) qui sollicitaient un renouvellement de mandat, soit 48,27 % d’entre eux. Le préfet sortant conserve son poste de même que six des huit maires, avec ou sans opposition. Quelque 21 conseillers sur 50 retrouveront leur place à l’hôtel de ville de leur municipalité.

Un vent de changement a-t-il soufflé sur la Manicouagan? Si peu, très peu, mais à l’issue de cette élection et des complémentaires qui suivront, nous retrouverons 31 nouveaux élus autour des diverses tables où se prennent de nombreuses décisions touchant directement la vie des citoyens. Dans trois cas, à Pointe-aux-Outardes, Pointe-Lebel et Baie-Comeau, le conseil sera renouvelé à plus de 50 % de sa composition par rapport au précédent mandat.

C’est donc dire que dans ces municipalités, les maires disposeront d’une plus grande latitude pour déterminer avec les nouveaux venus les priorités des quatre prochaines années de même que les grands enjeux de leur mandat respectif. Dans les autres municipalités, là où les maires ont dû défendre leurs bilans lors de la campagne électorale avant de se voir réinvestis dans leurs fonctions, cela ne veut pas dire qu’ils pourront s’asseoir sur leurs lauriers.

Bien au contraire, la Manicouagan doit se serrer les coudes pour affronter la nouvelle décennie. Et ce sera certainement plus facile pour eux car ils se connaissent bien pour travailler ensemble depuis plusieurs années tant à la MRC de Manicouagan qu’à la Régie de gestion des matières résiduelles de Manicouagan. La MRC a commandé une étude pour analyser le mouvement migratoire dans notre région, qui ne cesse de se dépeupler depuis une vingtaine d’années.

Pourquoi les gens viennent-ils chez nous? Pourquoi quittent-ils? Pourquoi restent-ils? Quand les décideurs connaîtront les réponses à ces questions,  peut-être pourront-ils inverser la tendance qui ne semble pas s’essouffler. Cette question du déclin démographique doit être résolue de façon prioritaire. C’est la question de l’heure, à laquelle le préfet Marcel Furlong a choisi de s’attaquer en sollicitant un renouvellement de mandat.

C’est aussi une préoccupation du maire Yves Montigny qui vient tout juste de rencontrer son homologue de Sept-Îles, Steeve Beaupré, pour établir des ponts de collaboration. Les deux plus importantes villes-centres de la Côte-Nord doivent cesser d’être en compétition pour unir leurs forces à leur bénéfice et celui de l’ensemble de la région, où les défis ne manquent pas.

On pourrait être tenté de croire qu’on aurait pu se passer d’une campagne électorale à la préfecture, mais les résultats du vote, malgré le faible taux de participation, démontrent que les citoyens se préoccupent des questions environnementales. La campagne de Cyrille Boucher portait essentiellement sur ce point et force est de constater qu’il a reçu un bel accueil des citoyens des petites municipalités, principalement de la Péninsule.

Dans cette campagne, où on déplore toujours le faible taux de participation, notamment à Baie-Comeau, un autre acteur vient d’émerger. Transition Manicouagan a interpellé les candidats sur des questions comme l’autonomie alimentaire et l’urgence climatique.

Il y a fort à parier que celles-ci rebondiront autour de la table du conseil, où les membres devraient se pencher sur la suggestion de Michel Beaulieu en vue d’organiser un forum citoyen pour réfléchir à notre avenir, mais en l’étendant à l’ensemble de la collectivité baie-comoise.

La Manicouagan fait cavalière seule face aux grandes tendances nationales observées durant la dernière campagne électorale. Peu de femmes aux postes de conseiller (seulement 22 candidates, mais 13 d’entre elles ont été élues), aucune à un poste de maire (la dernière en liste, Nicole Champagne a été élue à Godbout en 2013), un début de vent de jeunesse, mais, sans chiffres à l’appui, on peut se hasarder à parler d’un équilibre certain entre les candidats d’expérience, surtout à la mairie, et la nouvelle génération qui s’intéresse aux affaires publiques.

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