La fin d’une belle aventure et d’un pari risqué

Par Raphaël Hovington 8:37 AM - 10 Décembre 2021
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De quoi sera fait l’avenir pour le Jardin des glaciers?

La fermeture définitive du Jardin des glaciers marque la fin d’une grande aventure, mais aussi d’un pari risqué, ayant engendré plusieurs controverses dans l’opinion publique, surtout en raison des coûts pharaoniques de l’aventure boréale et, plus particulièrement, de sa station glaciaire implantée dans la nef de l’ancienne église St-Georges.

Loin de moi l’idée de vouloir revenir sur ces pages douloureuses de l’histoire du « fleuron de l’industrie touristique de la Manicouagan », comme on le décrivait à l’époque, mais nous devons tout de même en tirer certaines leçons. Si l’aventure a coûté énormément d’argent aux contribuables de Baie-Comeau, elle aura tout de même permis de sauver une église (1955-2000), à laquelle les résidents de St-Georges étaient très attachés. Nul doute que la Ville de Baie-Comeau saura lui trouver très rapidement une nouvelle vocation, sans doute associée au virage plein air que prendra le Jardin des glaciers.

Si on remonte un peu dans le temps, au milieu des années quatre-vingt-dix, on se souviendra des efforts déployés par Réjean Fournier, Pascal Bernatchez et François Dumont pour faire connaître la richesse du site du futur parc boréal, avec sa baie St-Pancrace et sa vallée des coquillages, comme témoins de la dernière ère de glaciation. Cette brillante idée a été vite récupérée par la création de sentiers et, ultérieurement, d’activités attractives pour le plus grand bonheur des amateurs de plein air de Baie-Comeau.

La Corporation plein air Manicouagan a relevé le défi, avec la création, entre autres, du Centre boréal du Saint-Laurent, le premier parc d’aventure maritime au Québec. Le Jardin des glaciers l’a finalement remplacé, en proposant trois expériences uniques, dont la création d’une station glaciaire à l’église St-Georges visant à positionner Baie-Comeau sur l’échiquier touristique des croisières internationales.

Le prix à payer pour transformer l’édifice et la création d’un spectacle multimédia était faramineux. La Ville de Baie-Comeau a adopté un règlement d’emprunt (9,7 M $) en 2007, qu’elle a modifié trois ans plus tard pour le hausser de deux millions de dollars. Ottawa et Québec ont contribué à la hauteur de 6,5 M $ pour que la station d’exploration glaciaire puisse ouvrir ses portes en juin 2009.

Au regard des déficits à répétition, un journaliste de Radio-Canada a mené une enquête. Il a obtenu plusieurs documents en vertu de la Loi d’accès à l’information, lui permettant de conclure qu’il n’y avait pas eu de dépassement de coûts lors des travaux d’aménagement, contrairement au discours politique du temps, mais que cet emprunt supplémentaire avait servi à éponger la marge de crédit du Jardin des glaciers.

Le patinage politique et le manque de transparence des gestionnaires du Jardin des glaciers ne sont pas étrangers à la fermeture forcée de la station glaciaire en 2013. On se souviendra que le plan d’affaires était basé sur une affluence de 40 000 visiteurs par an, ce qui n’a jamais été atteint, malgré l’implantation d’une escale pour les croisiéristes internationaux à Baie-Comeau.

Tous connaissent la suite. L’expérience des tyroliennes a été abandonnée. Le Jardin des glaciers a été relancé en 2014 sous le leadership du futur maire Yves Montigny. Les statistiques étaient satisfaisantes, mais ce bel élan a été freiné par la pandémie du coronavirus. Puis, l’autre leçon à tirer, c’est que, comme le Centre national des naufrages de Baie-Trinité l’a vécu, le spectacle multimédia est devenu désuet. Il aurait fallu investir 6,8 M $ de dollars pour le réinventer.

La durée de vie de ce genre de spectacle est limitée et conditionnée à l’intérêt des gens. On doit toutefois souligner le dynamisme de l’équipe de relance avec la création du programme AMBASSADEUR, pour associer les résidents à la promotion du Jardin des glaciers. C’est une formule gagnante. Si le Jardin des glaciers a coûté une petite fortune aux contribuables (il m’est difficile d’en estimer le montant), il a cependant joué un rôle positif dans la décision d’investir dans les améliorations à apporter au centre-ville du secteur Marquette.

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