Et c’est reparti pour les promesses

Par Réjean Porlier 8:31 AM - 17 septembre 2022
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Le premier ministre du Québec, François Legault.

J’écoutais François Legault encore une fois nous sortir les feux d’artifice et annoncer ses ambitions en matière d’énergie : rien de moins que la construction d’infrastructures dédiées à la production d’énergie équivalent à la moitié de celle d’Hydro-Québec.

Notre premier ministre ne fait jamais dans la modération, il faut que ce soit impressionnant, populaire et malheureusement, parfois populiste : les 500 $ pour tout le monde, alors que la plupart des économistes sont d’avis que ça va à l’encontre de toute logique pour freiner l’inflation, laquelle fait extrêmement mal à la population, les 250 M$ dans le transport aérien sans aucune garantie de résultats significatifs, bien au contraire et maintenant cette annonce de relancer les barrages, faisant rêver aux milliards de retombées. Et tout ça sans ne jamais oublier de faire miroiter de très bons emplois.

Moi ce que j’apprécierais en cette période électorale, c’est qu’on nous explique en quoi tout ça va résulter en la prise en charge des enjeux régionaux que sont le renversement de la tendance démographique à la baisse des dernières années, au désenclavement de la région, à la libre circulation sur le territoire à des coûts raisonnables, à la mise à niveau des infrastructures de loisir pour espérer attirer et retenir les travailleurs et leur famille et offrir à leurs enfants des possibilités d’obtenir leur diplôme ici et fonder leur famille, plutôt que de s’exiler, etc…

J’avoue que ce qui me dérange un peu, c’est de voir mon ex-collègue et maire de Baie-Comeau boire les paroles de son chef et reprendre chacune de ses annonces sans nous expliquer en quoi, de son côté, il a exigé le retour de l’ascenseur et obtenu des garanties pour nos enjeux régionaux.

Si la mise à niveau des centrales dans le comté de René-Lévesque pour augmenter leur capacité viendra avec des retombées économiques indéniables, je suis persuadé qu’elles étaient déjà planifiées par Hydro-Québec. Même si je comprends très bien que les besoins en énergie augmenteront significativement au cours des prochaines années, l’énergie la plus payante demeure et demeurera toujours celle que nous économisons et il reste beaucoup à faire en matière d’économie d’énergie. Que voulez-vous, ça ne frappe pas l’imaginaire comme la construction d’un barrage.

Est-ce que le recours aux centrales privées, pour enrichir quelques amis du parti, refera surface? Je me souviens d’un François Legault qui, il n’y a pas tant d’années, flirtait ouvertement avec l’idée de réduire la taille d’Hydro-Québec, alors vous dire que je ne suis pas inquiet lorsqu’il est question d’augmenter la production…

Pour ce qui est de cette obsession pour la création de bons emplois, même si je suis d’accord avec l’idée que pour partager la richesse, il faille d’abord la créer et que les bons emplois font partie de l’équation, il me semble que notre attention devrait d’abord être porté sur la pénurie de main-d’œuvre. Avec ce focus sur les emplois de grande qualité, se peut-il que nous négligions la toile de fond de nos communautés : tous ces emplois de service, souvent moins bien rémunérés, mais combien essentiels au dynamisme et à la vitalité de nos villes?

Et si on parlait plutôt de qualité de vie pour tous? Il est utopique de penser que dans une société, tout le monde peut avoir accès à un emploi très bien rémunéré, en revanche, il n’y a rien de complexe à travailler sur le milieu de vie, à commencer par l’accès à du logement et du transport à prix abordable ainsi qu’à des loisirs de qualité et en quantité.

Je me souviendrai toujours de cette rencontre où le premier ministre Legault où, après avoir échangé avec nous sur ses ambitions pour notre coin de pays, il prenait acte de cette demande tellement importante pour le milieu, à savoir la construction d’un complexe multisports. Il avait regardé son ministre de région, lui suggérant de s’occuper personnellement du dossier et glissant dans l’échange « si ça prend un décret ! »

Il disait comprendre l’importance que le milieu puisse accompagner tout ce développement projeté par Québec, en se dotant d’outils d’attraction et de rétention. Si les investissements miniers furent au rendez-vous, assurant l’accès aux ressources naturelles, pas un seul dollar n’a suivi pour le multisport.

La morale de cette histoire : les vagues promesses ne remplaceront jamais les engagements fermes et publics alors, assurons-nous lors de cette campagne d’obtenir davantage que de vagues promesses, même si elles viennent de très haut!

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