Vers la terre promise de l’énergie verte

Par Raphaël Hovington 6:15 AM - 22 juillet 2022
Temps de lecture :

Voici une esquisse de ce que pourra avoir l’air le site de production d’ammoniac vert projeté par Hy2gen à Baie-Comeau. Image Hy2gen

La course à l’énergie verte est lancée sur la Côte-Nord. Qui de Baie-Comeau ou de Sept-Îles deviendra la « station-service » du Québec en énergie verte?

Plusieurs entreprises attendaient avec impatience que Québec fasse connaître sa stratégie sur l’hydrogène vert et les bioénergies, comme moyen de décarboniser autant les industries que les transports en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Québec l’a dévoilée le 25 mai, mais déjà Hy2gen AG avait pris une longueur d’avance en février en annonçant son intention d’investir près d’un milliard de dollars pour ériger un site de production et de stockage d’ammoniac vert à Baie-Comeau.

Hy2gen compte tirer de l’hydrogène vert de cet ammoniac vert. L’entreprise veut installer son usine dans la zone industrialo-portuaire de Baie-Comeau, un immense territoire de 26,59 kilomètres carrés. Et il faut de l’espace pour aménager de telles installations. Tout comme Baie-Comeau, Sept-Îles ne manque pas d’espace. Là-bas, c’est la TEAL Chimie & Énergie qui a laissé savoir en mai qu’elle compte construire une usine de production d’hydrogène et d’ammoniac verts.

La TEAL Chimie & Énergie a déjà conclu une entente avec la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire pour un terrain à proximité du quai 31 appartenant au Port de Sept-Îles. Elle a aussi convenu d’une entente avec une société internationale de marchandisage et de commerce, TRAMMO, pour exporter les surplus d’hydrogène et d’ammoniac non vendus au Québec. Ce pacte fait partie de sa stratégie de financement, mais elle semble moins avancée de ce côté que l’entreprise Hy2gen.

En effet, Hy2gen, une entreprise basée à Wiesbaden en Allemagne, a pris dès le mois de février une longueur d’avance en obtenant un financement de 200 millions d’euros, soit près de 300 M$, pour l’installation de cinq sites de production sur la planète, dont deux au Canada. Il s’agissait du premier investissement de Hy24, un fonds d’investissement créé en 2021, dans lequel la Caisse de dépôt et de placement du Québec est associée via la société Mirova. Donc, le Québec est impliqué financièrement dans ce projet.

Hy2gen a convenu d’un accord de partenariat avec la Corporation de gestion du port de Baie-Comeau. Comme on le sait, celle-ci s’est associée avec le Port de Rotterdam pour l’élaboration d’un plan de développement de ses infrastructures. Les travaux incluent une analyse de potentiel visant la production et l’utilisation des énergies vertes dans la zone industrialo-portuaire, où se concentrent les industries les plus importantes de Baie-Comeau. La corporation rêve d’être aux premières loges de la transition énergétique.

À Sept-Îles, la TEAL a déposé une offre de partenariat à la Société de développement économique de Uashat mak Mani-utenam. Nous connaissons tous l’importance du lobby autochtone. Est-ce que cela pourrait influencer la décision à venir du gouvernement du Québec? Difficile de répondre à cette question.

Dans la Belle province, il n’existe qu’un seul centre d’innovation, d’industrialisation et d’inclusion en énergies alternatives et métallurgie verte. Et il est situé à Baie-Comeau. Serait-ce un atout supplémentaire pour cette dernière? Lors de son passage chez nous pour annoncer la candidature du maire Yves Montigny comme candidat de la CAQ dans la circonscription de René-Lévesque, le premier ministre a surfé sur les mots. « Je ne veux pas dévoiler des secrets, a-t-il dit à la journaliste, mais disons que l’aluminium vert et tout ce qui est autour de la métallurgie verte, je pense qu’il y a beaucoup d’avenir pour Baie-Comeau là-dedans ».

De son côté, le ministre Jonatan Julien n’a guère été plus précis lors de la même annonce. Il s’est contenté de dire que ce type de projet, en référence aux usines d’hydrogène vert, doit se faire à proximité des endroits où il y a des besoins. « Autant Sept-Îles que Baie-Comeau ont un très fort potentiel », a-t-il mentionné au journaliste de Sept-Îles qui l’interrogeait à ce sujet.

Outre le financement, les procédés de fabrication de l’hydrogène vert dans de telles usines requièrent de grandes réserves d’électricité. La TEAL est en négociation pour un bloc de 550 MW. L’hydrogène vert peut aussi être produit à partir de la biomasse.

À Baie-Comeau, région verte par excellence, nous ne manquons pas de résidus de bois, ni de susciter de nouvelles convoitises, comme en fait foi la récente annonce de l’albertaine Universal Kraft Canada qui veut développer un projet d’hydrogène vert à Baie-Comeau.

Partager cet article