Un handicap, de la volonté et une carrière rêvée pour Julien Tremblay

Par Charlotte Paquet 6:00 AM - 15 mars 2023
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Atteint de paralysie cérébrale, Julien Tremblay est aux oiseaux derrière le micro de la station de radio CHLC 97,1 à Baie-Comeau.

Si un adage veut qu’à l’impossible nul n’est tenu, un autre dit plutôt que vouloir c’est pouvoir. Cette volonté de réussir, Julien Tremblay l’a et c’est ce qui l’a mené au micro de la station de radio CHLC 97,1 à Baie-Comeau, malgré sa paralysie cérébrale.

Une belle histoire de détermination que celle du jeune homme de 28 ans. Fin 2021, il est devenu le premier finissant atteint de paralysie cérébrale de l’histoire du Collège radio télévision de Québec (CRTQ), qui existe depuis 1989, et le deuxième avec un handicap.

Janvier 2022, il entrait en poste à la radio. Une carrière rêvée commençait pour l’ancien stagiaire d’un jour de 2012 de la défunte activité Un choix pour l’avenir.

« Ça m’a surpris, c’est un détail que j’ignorais. En même temps, c’est cool. Peut-être que ça va paver la voie à d’autres gens de peut-être faire ce métier-là », témoigne le principal concerné au sujet de cette marque qu’il aura laissée au CRTQ. Sans trop vouloir insister là-dessus, il avoue tout de même ressentir une petite fierté.

Ses limitations

Julien Tremblay a beau être affecté par une paralysie cérébrale du côté droit, principalement au niveau de sa main et de sa jambe, il n’en reste pas moins qu’il réussit à fonctionner relativement bien malgré ses limitations.

Son handicap lui apporte aussi un peu de difficulté de concentration, mais là aussi, il a développé des stratégies pour y faire face le plus possible.

Les samedis et dimanches, de 13 h à 18 h, le Baie-Comois anime avec grand bonheur Le beat du week-end. Ses émissions, il les prépare méticuleusement pendant la semaine.

« Pendant la semaine, je recherche ce qui est important ou ce qui peut être pertinent », explique-t-il, en notant que les nouvelles scientifiques à vulgariser, l’actualité culturelle et sportive ainsi que les faits insolites sont ses sujets de prédilection.

« Ce que j’aime de la radio, c’est de jaser avec les gens, de les informer peut-être de quelque chose qu’ils pourraient avoir manqué pendant la semaine », ajoute l’animateur, dont les tâches à la station ratissent plus large que l’animation, notamment avec la mise en ondes des matchs du Drakkar.

Ne jamais lâcher

Depuis son entrée en poste le 17 janvier 2022, le vingtenaire a beaucoup appris sur le métier. « C’est en pratiquant que tu réussis à t’améliorer », souligne celui qui ne voit pas son handicap comme un frein.
« Je suis déterminé à avancer et à cheminer là-dedans, à en apprendre un peu plus tous les jours. »
Julien Tremblay ne l’a pas eu facile. Malgré les embûches qui ont parsemé sa route, il a toujours persévéré.

« Moi, j’ai jamais lâché, j’ai jamais abandonné. Je suis un travaillant à la base. Je me donnais plus que les autres et en bout de ligne, les résultats étaient quand même là. »

Si à une certaine période de sa vie, les commentaires désobligeants à son égard lui ont fait mal, aujourd’hui, il s’organise pour passer par-dessus.

« Tu fais ce que t’aimes, t’es chanceux. Il y en a d’autres peut-être qui aimeraient ça être à ta place. Les gens qui te manquent de respect, on laisse passer ça. »

« J’ai toujours trouvé que j’étais exigeante envers lui, mais d’un autre côté, c’est peut-être ça qui a fait en sorte qu’il est exigeant envers lui aussi », confie Louise Tremblay. On l’aperçoit ici au côté de son fils Julien, son conjoint Normand Tremblay et Stéphan Martel, directeur général de CHLC 97,1.

« Tu vas être capable de tout faire »

Louise et Normand Tremblay ont toujours encouragé leur fils Julien à persévérer et aujourd’hui, ils sont récompensés. « J’ai souvent dit à Julien quand il était jeune « tu vas être capable de tout faire », même si tout était plus difficile pour lui », avoue la maman.

Si le primaire s’est tout de même bien passé, au secondaire, ç’a été une autre paire de manches, selon Mme Tremblay. Mais Julien est passé au travers et a terminé son cinquième secondaire dans les délais.

Il détient aussi un diplôme d’études collégiales en sciences humaines au cégep de Baie-Comeau. De plus, iI a étudié au programme Art et technologie des médias au cégep de Jonquière, qu’il a quitté en cours de route pour s’inscrire au Collège radio télévision de Québec après qu’on lui en ait vanté le contact très personnalisé.

Un très grand prématuré

Louise et Normand Tremblay sont heureux de voir leur fils s’accomplir aujourd’hui, eux qui ont craint le perdre plus d’une fois dans ses premiers mois de vie. « Des photos, on en a pris beaucoup. On voulait garder des souvenirs, car on pensait qu’il allait mourir », laisse tomber la maman.

Elle a accouché à 25 semaines de grossesse. Conséquence d’être un très grand prématuré, Julien est né avec la paralysie cérébrale. Il pesait 900 g à la naissance et son poids a même chuté ensuite à 780 g. Il a passé ses cinq premiers mois de vie à l’hôpital.

Il a porté une orthèse à la jambe droite la nuit de ses six mois à ses 12 ans afin d’étirer son talon d’Achille pour que sa démarche soit plus fluide. Il a marché à deux ans.

La fierté d’une maman

« On ne rate pas une de ses émissions », confie Mme Tremblay. Et comme toute bonne maman, elle y va parfois de ses commentaires. « Oui, malheureusement », s’esclaffe-t-elle, tout en soulignant en faire de moins en moins. Qu’elles soient négatives ou positives, ses critiques se veulent avant tout constructives.

Quand elle remarque une erreur, elle le lui dit. Quand elle voit son amélioration, elle le lui dit aussi. « J’ai toujours trouvé que j’étais exigeante envers lui, mais d’un autre côté, c’est peut-être ça qui a fait en sorte qu’il est exigeant envers lui aussi », conclut la maman.

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