La popote roulante roule à un train d’enfer

Par Charlotte Paquet 4:04 PM - 24 mars 2023
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Pour plusieurs aînés seuls, les livreurs du service de la popote roulante seront les seules personnes qu'elles verront dans leur semaine. Photo Pixabay

Le service de popote roulante dans la Manicouagan roule à un train d’enfer. Les demandes explosent littéralement. 

Au cours de la dernière année seulement, le nombre de repas livrés à domicile chaque semaine est passé de 292 à 476, un bond de 83 %. Depuis mai 2020, alors que seulement 155 repas étaient distribués, la hausse se situe à 207 %.

Ce sont les statistiques compilées par Marie-Josée Ouellet, coordonnatrice du service au Centre d’action bénévole de la MRC de Manicouagan. “J’ai des demandes sans arrêt pour de la popote”, laisse tomber celle qui est encore seule pour y voir, faute de financement.

Si le vieillissement de la population explique une partie de la demande plus forte, d’autres éléments entrent dans l’équation, notamment le manque de places en ressources d’hébergement et l’impact de la pandémie sur la perte d’autonomie des aînés. Certains d’entre eux ont perdu l’habitude de sortir pour faire leurs courses et d’autres éprouvent encore de l’anxiété de sortir. 

“Avoir un bon service de popote, c’est certain que ça fait l’affaire de beaucoup de monde”, reconnaît Mme Ouellet. Par contre, avec la hausse du prix des aliments, le traiteur n’a pas eu le choix d’augmenter ses prix et les bénéficiaires, dont certains vivent de la détresse financière, devront mettre un peu plus la main dans leurs poches à compter du 1er avril. Le coût d’un repas passera à 9,75 $, soit 1 $ de plus en un an.

Plus que des repas 

Mme Ouellet insiste sur le fait que le service de popote roulante, c’est bien plus qu’un service de livraison de repas. 

“C’est rendu que dans mon travail, j’ai aussi un grand volet d’intervention auprès des gens. Pendant la pandémie, j’ai reçu beaucoup de détresse et je continue d’en recevoir. J’ai beaucoup de gens de l’extérieur qui me contactent pour leurs parents en région”, raconte la coordonnatrice.

Comme bien des bénéficiaires vivent seuls et n’ont aucun proche dans la Manicouagan, les trois équipes de deux bénévoles à la livraison agissent un peu comme des sentinelles pour s’assurer de leur bien-être. Ce sont souvent les seules visites que les aînés recevront de deux à trois fois par semaine, selon leur secteur.

“Si mes bénévoles voient que ça ne va pas bien pour certaines personnes, ils me lâchent un coup de téléphone, j’ai toujours des numéros à contacter en cas d’urgence. La popote, c’est pas juste des repas, ça englobe tout ça”, fait remarquer Mme Ouellet.

Le service a un urgent besoin de bénévoles afin d’éviter d’épuiser les six personnes qui, avec tout leur bon coeur, donnent de leur temps pour la cause, dont une dame de 80 ans qui dessert la péninsule Manicouagan. L’ajout d’une à deux équipes de deux personnes ferait toute une différence.