128 signalements en 2022-2023 : le braconnage toujours d’actualité sur la Côte-Nord

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 7 avril 2023
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Le saumon atlantique est une des espèces les plus braconnées sur la Côte-Nord. Photo : iStock

Cent vingt-huit, c’est le nombre de signalements de braconnage compilés du 1er avril 2022 au 14 mars 2023 sur la Côte-Nord. Même si ça peut paraître élevé, c’est tout de même une diminution de 67 signalements comparativement à l’année précédente. 

Effectivement, selon les données transmises par le relationniste de presse au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), Daniel Labonté, la région avait reçu 195 signalements en 2021-2022.

Les personnes dénoncées pour des actes de braconnage sont aussi en moins grand nombre cette année dans la région. Le ministère a enregistré 264 défendeurs en lien avec 162 dossiers desquels découlent 392 rapports d’infraction.

« Pour 2021-2022, le nombre de défendeurs était de 278 pour 226 dossiers, desquels ont résulté 385 rapports d’infraction. Il faut noter qu’un défendeur peut être poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, ce qui génère autant de rapports d’infraction », rapporte M. Labonté.

Les braconniers présumés ne sont pas tous amenés devant les tribunaux. Sur les 128 signalements obtenus, soit par la centrale SOS Braconnage ou dans les bureaux locaux du ministère, deux se sont soldés avec des poursuites et 26 sont toujours sous enquête.

« En plus des signalements, les agents interceptent directement des braconniers une fois les observations réalisées », ajoute le porte-parole, précisant que le chef ayant été le plus souvent signalé est pour avoir chassé un animal, soit du gros gibier, contrairement à l’article 56 de la loi, avec 10 signalements.

Quant aux espèces animalières les plus ciblées par les braconniers nord-côtiers, on dénombre le saumon atlantique, l’omble de fontaine et l’orignal avec respectivement 119, 103 et 88 signalements ou rapports d’infraction les concernant.

Des amendes plus salées

Depuis l’entrée en vigueur du projet de loi 88 visant la modification de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune le 11 juin 2021, les amendes sont plus salées pour les contrevenants.

« Certains montants qui étaient autrefois de 250 $ sont passés à 500 $, certains qui étaient de 500 $ sont passés à 1 000 $, et certains qui étaient de 1 825 $ sont passés à 2 500 $. Ces montants triplent en cas de récidive », précise Daniel Labonté.

En ce qui concerne les infractions commises à l’égard d’une espèce menacée ou vulnérable, l’amende maximale qui s’établissait à 20 000 $ s’élève maintenant à 60 000 $ dans le cas d’une première infraction, et elle passe de 40 000 $ à 120 000 $ dans le cas d’une récidive.

Un autre ajout au projet de loi qui renforce la sévérité des conséquences pour les braconniers : les séjours en prison. Comme le fait savoir le relationniste, « les articles 165, 167, 171.1 et 171.2 prévoient la possibilité pour le juge de condamner une personne à une peine d’emprisonnement ».

Les actes de braconnage qui surviennent le plus fréquemment sur le territoire nord-côtier sont la possession illégale, le surplus de limite, la pêche avec des engins illégaux, le temps prohibé, les espèces ou sexe (femelle) interdites.

Le braconnage est une des plus grandes menaces sur la biodiversité. Il « a un impact sur la biodiversité et les espèces fauniques. Nous pouvons inclure la baisse d’un cheptel de manière précipité, un taux de naissance diminué, par exemple », explique M. Labonté.

C’est pourquoi le MELCCFP ne baisse pas les bras pour conscientiser la population à ce sujet. « Au cours de la dernière année, plus d’une quarantaine de groupes et près de 600 individus ont été rencontrés dans le cadre d’activités d’éducation et de prévention auxquelles ont participé des agents de protection de la faune », témoigne d’ailleurs le relationniste.

Comment signaler?

Pour signaler un acte de braconnage, les témoins doivent contacter SOS Braconnage – Urgence faune sauvage au 1 800 463-2191.

Chaque plainte ne mène pas forcément à une arrestation puisque « les accusations sont portées avec des preuves complètes, le tout basé sur des faits », rappelle le porte-parole du ministère.

Ce sont les agents de la faune qui s’occupent d’enquêter sur les signalements. Chaque enquête étant différente, il n’existe donc pas de délai type.