Recruter des bénévoles : un défi régional

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 19 avril 2023
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Le Centre de dépannage des Nord-Côtiers compte sur une soixantaine de bénévoles au courant de l’année. Photo : Archives

Au cours des trois dernières années, le nombre de bénévoles a considérablement chuté au Canada. Parallèlement, la demande pour les services des organismes appuyés par des bénévoles ne cesse d’augmenter. Comment les centres d’action bénévole de la région s’en sortent-ils? 

Selon les données transmises par Bénévoles Canada, 65% des organismes ont signalé une pénurie alors que 32% d’entre eux ont enregistré une hausse de la demande pour leurs services.

« L’incidence de ces faits sur le tissu social du pays est significative », affirme Bénévoles Canada qui exhorte un plus grand nombre de Canadiens à reprendre leurs activités bénévoles en cette période de rétablissement social postpandémique. 

Aux Escoumins, le Centre de dépannage des Nord-Côtiers compte sur une soixantaine de bénévoles qui sont surtout actifs lors de la journée de la Guignolée et du souper-bénéfice annuel. L’organisme est aussi composé de huit administrateurs qui sont tous bénévoles. 

Ce nombre n’est toutefois pas suffisant, selon la directrice Nathalie Beaudoin. « Nous aimerions beaucoup avoir des bénévoles le reste de l’année. Nous avons quand même des personnes qui font des travaux communautaires, ce qui nous donne un bon coup de main. Nous avons aussi une place à combler sur notre CA », fait-elle savoir précisant qu’un à deux bénévoles chaque semaine seraient l’idéal. 

La pandémie a joué un rôle dans la pénurie de bénévoles chez l’organisme basé aux Escoumins mais qui couvre toutes les localités du secteur ouest de la Haute-Côte-Nord. « Nos bénévoles réguliers ont cessé avec la pandémie et ne sont pas revenus. Toutefois, pour nos activités ponctuelles, la population est toujours au rendez-vous », précise Mme Beaudoin. 

Les raisons les plus courantes pour le manque d’implication sociale sont la difficulté de trouver du temps et l’inflation. « Les gens doivent travailler deux fois plus pour joindre les deux bouts et les deux parents travaillent », ajoute la directrice dont l’équipe de bénévoles est surtout composée de personnes âgées. 

Manicouagan

Au Centre d’action bénévole de la MRC Manicouagan, 41 bénévoles sont présentement en action pour assurer les services directement reliés à sa mission. L’organisme aimerait en compter 12 supplémentaires pour arriver à répondre à la demande. 

Les bénévoles sont devenus des perles rares pour le CAB situé à Baie-Comeau. Ils sont en diminution d’année en année. « Il y a un manque de main-d’œuvre un peu partout et plusieurs retraités sont retournés au travail. Je crois qu’il y a une méconnaissance des besoins en main-d’œuvre bénévole. Il y a beaucoup d’aînés qui ont perdu l’habitude ou l’intérêt des contacts sociaux », explique pour sa part l’organisation, par courriel. 

Les personnes retraitées sont les plus nombreuses à offrir du temps au CAB, car « ses besoins de main-d’œuvre bénévole sont en semaine de 8 h à 17 h ». Mais, quelques jeunes s’impliquent également. 

La pénurie de bénévoles cause des bris de services pour les bénéficiaires du centre qui a vu augmenter de 207 % la demande pour la popote roulante en trois ans.

« Nous avons donc besoin de plus de livreurs pour ce service. La population étant vieillissante, les besoins en maintien à domicile explosent étant donné le manque de places en résidence intermédiaire, entre autres. Notre service d’accompagnement-transport aux rendez-vous médicaux connaît aussi une hausse des demandes », témoigne l’organisme qui voue une grande importance au bénévolat. 

Sept-Îles

Un appel à l’aide a récemment été lancé par le Centre d’action bénévole Le Virage de Sept-Îles afin de renflouer son nombre de bénévoles. Sans vouloir « démoniser le manque de bénévoles », la directrice Karoline Gilbert se désole de ne pas pouvoir répondre à toutes les demandes de services. 

« Nous en avons des bénévoles, même plusieurs, mais malgré tout il en manque. Je dirais même que mes bénévoles se désolent, se sentent mal de voir la situation. Certains se surchargent de tâches pour aider », laisse-t-elle tomber. 

Les 25-30 citoyens qui s’impliquent pour l’organisme ne peuvent pas offrir suffisamment de temps pour tout faire. « On a de plus en plus de demandes et on manque de ressources humaines. Elles ne peuvent donc pas compenser pour les bénévoles en moins », ajoute Mme Gilbert. 

Toutefois, le nombre de personnes impliquées n’a pas baissé durant la crise pandémique. Pour combler le strict minimum de la demande de services, le CAB septilien nécessite 40 moments de bénévolat par semaine. « Ça demande plusieurs bénévoles », commente Karoline Gilbert. 

La directrice espère donc voir de nouveaux visages au sein de son équipe pour « répondre encore plus aux besoins de la population sans épuiser les ressources que l’on n’a pas ». 

Hommage aux bénévoles 

La Semaine de l’action bénévole, qui se déroule du 16 au 22 avril, sert à rendre hommage aux bénévoles canadiens et au rôle fondamental qu’ils jouent dans la dynamisation du tissu social. 

Cette célébration annuelle est l’occasion de remercier, de reconnaître et de recruter des bénévoles d’un océan à l’autre. Le thème de cette année est Le bénévolat tisse des liens.

Tout au long de cette semaine spéciale, des centres d’action bénévole et des organismes appuyés par des bénévoles de la région organiseront divers événements de reconnaissance.

Sous une bonne étoile

Le Centre d’action bénévole Le Nordest de Forestville est sous une bonne étoile. Il ne vit pas la pénurie de bénévoles comme ses confrères de la région. « Ça va bien de notre côté, s’exclame la directrice générale Marie-Eve Boivin. On roule avec 100 à 125 bénévoles annuellement. »

Ce n’est toutefois pas une raison pour arrêter de prendre des noms. « On est toujours en recrutement. On a toujours de la place pour de nouveaux bénévoles », ajoute Mme Boivin qui aimerait compter plus de jeunes au sein de son équipe. Actuellement, c’est une grande proportion de personnes retraitées qui donne de son temps au Nordest.

« La plupart des bénévoles sont des personnes âgées. Mais on est en mesure de maintenir les services et de suivre la cadence de la demande », se réjouit la directrice. Pour cette dernière, transmettre la passion du bénévolat aux enfants est nécessaire pour assurer une relève dans l’avenir. « Quand les jeunes font des projets de bénévolat et qu’ils voient leurs parents s’investir, ça fait la différence », croit-elle. Le CAB réalise d’ailleurs un projet avec des élèves du primaire. Ce n’est pas le premier ni le dernier. 

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