Alliance Forêt Boréale : Comment Pessamit s’insère dans l’équation? 

Par Karianne Nepton-Philippe 12:00 PM - 27 avril 2023 Initiative de journalisme local
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Jérôme Bacon St-Onge. Photo archives

Comment s’assurer que toutes les voix soient entendues sur les enjeux forestiers lors des rencontres amenées par l’Alliance forêt boréale (AFB)? Jérôme Bacon St-Onge, vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit, reste « patient » tout en s’assurant de faire connaître ses perspectives. 

« Les citoyens de la région saisissent maintenant mieux les enjeux autochtones et la démarche écologique de nos démarches de protection. On se fait beaucoup d’alliés, mais il reste encore du travail à faire », remarque celui qui est responsable du secteur territoire et ressource. 

« Malheureusement, ce qu’on voit présentement, ce n’est pas ce qu’on appelle une saine gestion durable et un aménagement à l’image de ce qui devrait être aujourd’hui pour maintenir les emplois », soutient-il. En revanche, selon lui, l’important n’est pas de critiquer qui les écoute ou pas, mais bien « d’éviter la chaise vide ».

Pour M. Bacon St-Onge, tous les véhicules sont importants pour « diffuser au maximum le message de protection de l’habitat naturel du caribou, mais aussi de l’espèce elle-même qui est en déclin dans une situation alarmante ».

Faisant référence à la rencontre tenue récemment à Forestville, il lance : « On voit que c’est la vitalité économique qui est mise de l’avant et que le message est teinté par ça. » Dans ce contexte, le vice-chef ne se sent pas toujours « à la bonne place », mais tient à faire passer son point de vue.

Il refuse toutefois d’embarquer dans le débat entourant le financement de l’AFB par les MRC et le gouvernement. 

L’industrie ou l’environnement?

Le Manic portait attention dans la dernière édition du journal aux différents avis sur l’Alliance forêt boréale. Veut-elle à tout prix protéger les emplois forestiers au détriment de la protection de l’environnement?

« Je pense sincèrement que la forêt est un des outils de lutte aux changements climatiques, le plus performant que le Québec dispose et il faut s’en servir comme il faut », déclare le président de l’AFB, Yanick Baillargeon, s’assurant d’intégrer toutes les parties à la discussion. 

« Les communautés autochtones ont des visions différentes de ce qu’est la protection de la biodiversité en raison de leurs enjeux culturels. C’est pour ça qu’elles doivent être présentes aux rencontres pour amener leurs points », ajoute ce dernier. 

« Ce qu’on remarque souvent, c’est que la vision des forêts diffère beaucoup de la vision des Innus pour la forêt », soulève le vice-chef de Pessamit. « Évidemment, il existe un très grand fossé entre la vision même de l’aménagement forestier versus l’industrie forestière et celui des Innus de Pessamit dans le message que nous diffusons », réitère-t-il en précisant ne pas vouloir nuire à l’économie du Québec.

Le caribou et les aires protégées

« On n’est pas contre le développement économique. On essaie évidemment de mettre en avant-plan le maintien et le rétablissement des populations de caribou forestier sur le Nitassinan, sur les habitats naturels », explique Jérôme Bacon St-Onge en parlant notamment du projet d’aire protégée Pipmuakan, un « lieu sacré pour la culture innue ».

L’élu innu espère une mise sur pied d’un processus de collaboration de nation à nation afin de faire valoir toutes les solutions rétablissant le legs culturel qui unit l’ensemble des citoyens de Pessamit. « Pour nous, c’est évident qu’il y a des mesures intérimaires à prendre en attendant que la stratégie caribou soit mise en œuvre », rappelle celui qui refuse le climat de désordre social, mais bien de discussion et de développement.

Volonté politique 

La balle est maintenant dans le camp des gouvernements. Pour M. Bacon St-Onge, tout est en place pour que les paliers gouvernementaux agissent : « L’heure est à l’action et à la prise de décision pour la protection du territoire. »

« On fait face à une inaction gouvernementale qui est déplorable », renchérit celui qui perçoit une plus grande sensibilité de la part du gouvernement fédéral. 

Le député de René-Lévesque, Yves Montigny, était présent à la rencontre de l’AFB à Forestville et affirme tendre l’oreille à toutes les opinions. Il affirme avoir eu « de belles discussions avec des gens de la communauté de Pessamit qui étaient présents ainsi que les experts, les maires et les préfets. »

« C’est important pour moi de partager sur l’enjeu primordial de la forêt de la Côte-Nord et de l’économie de l’industrie forestière de notre secteur », soutient-il. 

Ce qu’il faut retenir des discussions? Pour le vice-chef de Pessamit, c’est la réconciliation et le développement pour les générations futures. « Il faut y aller de meilleures pratiques pour un aménagement qui sera durable dans la saine gestion des forêts », conclut-il. 

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