Deux baleines noires près d’Anticosti

Par Émélie Bernier 12:17 PM - 27 juillet 2023 Initiative de journalisme local
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On voit clairement pendouiller une partie de la nageoire caudale de la baleine noire observée au large d’Anticosti. La blessure, si elle n’est pas mortelle, peut sérieusement hypothéquer l’animal. Photo Jacques Gélineau.

Deux baleines noires, une espèce en danger critique d’extinction, ont été observées en plein cœur du détroit de Jacques Cartier dans le secteur ouest de l’Ile d’Anticosti.

C’est Jacques Gélineau et son équipage qui ont fait l’observation le mercredi 26 juillet. « Je participe à un programme conjoint avec la station de recherche de Mingan sur la baleine noires. Nous sommes deux bateaux qui sillonnons des secteurs selon des transects pré établis », explique-t-il.

Les deux animaux semblaient bien portants quoi que l’un des deux baleines ait présenté des blessures importantes. « Le lobe gauche de sa caudale est profondément mutilé et pendouille. On voit aussi des traces d’encordage sur son pédoncule », indique M. Gélineau. La vie de l’animal, à court terme, n’est pas en danger, mais son espérance de vie pourrait pâtir de cette blessure.

Photo Jacques Gélineau.

«Ce qui semble le plus probable à cause des traces de cordage, c’est que l’animal s’est débattu assez fermement et pendant longtemps. Les chairs ont été cisaillées par le cordage. C’est guéri, mais ça la handicape. Les baleines ont besoin d’avoir toute leur superficie de palmage. Et à plus long terme, sa blessure va causer des scléroses au niveau de la colonne vertébrale », indique l’homme qui sillonne la mer depuis plus de quatre décennies.

La capacité de reproduction l’animal, s’il s’agit d’une femelle, pourrait être affecté. « Si c’est un animal qui met au monde des petits et que dans quelques années, sa blessure l’empêche de mener à terme une grossesse par exemple, on ampute le cheptel de quelques individus. Il en reste 328 à ma souvenance. On est dans des horizons très sombres pour cette espèce-là. Quelques bébés, ça fait une différence. »

Lors d’une observation comme celle-ci,  un signalement est fait à la garde-côtière canadienne.

Étant donné les changements de trajets migratoires des baleines noires de l’Atlantique Nord et leur présence accrue dans les eaux du golfe du Saint-Laurent, le gouvernement du Canada a établi des restrictions de vitesse saisonnières à l’intérieur de zones spécifiques. La Garde-côtière canadienne est chargée de les faire respecter.

Le gouvernement du Canada a établi des restrictions de vitesse saisonnières à l’intérieur de zones où les baleines noires peuvent se trouver soit des « zones statiques », des « zones de transport maritime dynamiques », des « zones de gestion saisonnières », une « zone de ralentissement volontaire saisonnier» et une « zone de restriction ».

Si les baleines noires ont été vues en dehors de la zone de permanence de réduction de vitesse (moins de 10 nœuds pour la période comprise entre la mi-avril et la mi-novembre), un avis spécifique doit être émis, un AVNAV. Une carte interactive des AVNAV est d’ailleurs disponible sur le site de la garde côtière (e-navigation.canada.ca/carte-interactive).

Jacques Gélineau veille au grain. « Il y a toujours des délinquants! », soutient celui qui s’inquiète non seulement pour le sort des baleines noires, mais des espèces marines en général. «Dans les faits, les pêcheurs devraient également retirer leurs engins du secteur où les baleines ont été vues, ce que les pêcheurs dénoncent. Ce n’est pas vrai que l’espèce humaine est plus importante que n’importe quelle autre espèce! »

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